Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 16. (Budapest 1960)

BOSKOVITS, NICOLAS: Un „Christ de Pitié" bolonais

d'Israël van Meckenem. 3 Son prototype est d'origine byzantine et apparaît dès la seconde moitié du XII e siècle. Il remonte vraisemblablement à un tableau perdu de l'église du Saint Sépulcre de Jérusalem. 4 On note dans les représentations italiennes du Christ de Pitié, déjà à la fin du XIII e siècle, l'effort de traduire dans ses souffrances humaines la figure du Christ régnant après la mort, léguée par les prototypes de Rome et de Jérusalem, et de la placer dans la suite des événements de la Passion, en tant que scène finale et synthèse, selon un ordre historique, en le rattachant à la Vierge et à Saint Jean de la scène de la Crucifixion. Les deux personnages secondaires n'entrent, cependant, jusqu'à la seconde moitié du XIV e siècle, pas en contact direct avec le Christ ; ils n'expriment que par leurs gestes leur appartenance au Christ, que les peintres représentaient parfois dans un cadre à part, comme un tableau dans le tableau. 5 Cette séparation accentuée disparaîtra ensuite graduellement. La Vierge et Saint Jean, sortis de la passivité des pleurants, deviennent des personnages actifs et donnent, comme souteneurs du corps mort, l'explication de l'attitude debout du Christ. D'abord ils saisissent seulement ses mains, puis la mère serre contre soi la tête de son fils avec le geste bien connu par les Descente de Croix, tandis que Saint Jean embrasse la main inanimée du Christ. Avec cela disparaît l'intemporel 3 Bartsch, A.: Le Peintre-graveur. Vienne, 1803 — 1821. VI, p. 251. 11 porte l'inscription: Haec ymago contrefacta est ad instar et similitudinem illius primae yma­ginis pietatis custodite in ecclesia Sancta crucis in urhe romana, quam fecerat depingi sanctissimus Gregorius pontifex magnus propter habitus ac sibi ostensam, desuper visionem. — Un autre copie, datant probablement du XIIL siècle, se trouve aujourd' hui encore à l'église S. Croce. (Voir l'article de Thomas, A. cité dans la note 12). Sur les représentations du Christ de Pitié de type grégorien voir les synthèses suivantes: Mâle, E.: L'art religieux de la fin du moyen âge. Paris, 1922. p. 98 et suiv.; E n d r e s, J. A.: Die Darstellung der Gregoriusmesse im Mittelalter. Zeitschrift für christliche Kunst XXX. 1917. n° s 11 et 12 ; Üstén, G. von der : Der Schmerzensmann. Berlin, 1935. et récemment Borchgrave d'Alton a, J.: La messe de Saint Grégoire. Bulletin des Musées Royaux des Beaux-Arts. Bruxelles, 1959. p. 3 — 34. 4 De l'icone de Jérusalem il n'y a que le revêtement métallique, décoré de petits tableaux en émail, qui subsiste, et qui date vraisemblablement de la seconde moitié du XII e siècle. L'icone ne présentait qu'une petite partie du haut du corps du Christ tandis que les tableautins en émail portaient les figures de la Vierge et de Saint Jean, ainsi que la scène de 1' « Hetimasia » avec la lance et l'éponge, ainsi que la représentation de la croix et du sarcophage. Mersmann, W. dans son ouvrage intitulé : Schmerzens­mann (Düsseldorf, 1952. VII) considère le tableau de l'église S. Croce de Rome, juste­ment pour cette raison, comme un fragment d'une composition primitivement plus grande. Sa motivation cependant ne semble pas assez bien fondée. Cf. encore : Millet, G.: Recherches sur l'iconographie .. . Paris, 1916. p. 483 et suiv. et S c h r a d e, H.: Beitraege zur Erklaerung des Schmerzensmannbidcs. Beitraege zur neuren Litera­turgeschichte. N. F. XVI. 1930. 5 Le Christ de Pitié lié à la Vierge et Saint Jean figure déjà sur le panneau datant des environs de 1300, du Musée Provincial de Torcello (repr.: Burlington Magazine LXXXIX, 1947. p. 210), sur la fresque cavallinesque de l'église S. Giovanni del Toro, de Ravello, datant de quelques années plus tard (repr : L'Arte N. S. II, 1931) et fré­quemment dans la sculpture funéraire, à partir de la seconde décade du XlVe siècle. Dans celle-ci il n'est, en général, question que d'une juxtaposition de trois bustes encadrés à part. Une autre solution s'efforce de conserver à l'intérieur d'une composition plus grande, l'indépendance du tableau de Rome. Dans cette variante le Christ est disposé entre les personnages secondaires, les adorants, dans un cadre à part (ou dans une sorte de niche). On voit ce genre de solution sur un tableau d'origine siennoise de la Galerie d'Arezzo (repr.: Rassegna d'Arte XV, 1915. p. 82) ou sur un petit panneau sorti de l'école des Marches, conservé dans la Galerie du Vatican, et présenté en 1958 à l'expo­sition « Imago Christi » à Bruxelles (repr : Tentoonstelling « Imago Christi » Anvers s. d. fig. 47).

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