Radocsay Dénes - Gerevich Lászlóné szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 15. (Budapest 1959)
P. A.: Un volume de la bibliotheque de Quevedo
d'images des « Sueîios » avait inspiré les peintres et artistes graphiques presque aussi fortement que le roman de Cervantes. Il suffit d'indiquer la série de dessins, conservée à Munich, comprenant soixante-et-une pièces, de Leonaert Bramer, 4 les seize eaux-fortes de Casper Luyken 5 et les six eaux-fortes de Jean Lepautre. 6 Les lignes présentes se proposent d'attirer l'attention sur l'intérêt que cet esprit large et agité portait aux problèmes des arts plastiques. Cet intérêt est, à notre connaissance, ignorée par l'histoire de la littérature. Dans la série des écrivains d'art de la Renaissance tardive italienne une place distinguée revient à Giovanni Battista Armenini de Faenza, auteur de « De veri precetti délia pittura», paru en 1587. Non que l'auteur s'efforcerait d'approfondir dans cet ouvrage les problèmes de la théorie de l'art, ou bien de publier des données historiques introuvables ailleurs, mais il y note des faits intéressants sur le travail créateur et les procédés techniques des grands maîtres du Cinquecento et lègue à la postérité quelques propos, paraissant authentiques, des divers artistes, de Michelange par exemple. 7 Il aime agrémenter ses récits d'anecdotes caractéristiques de ces artistes. Ses opinions, ses conseils et directives destinés aux peintres relèvent pour la plupart de personnalités de premier plan de l'art romain, de Raphaël, Michelange, Sebastiano del Piombo et Jules Romain. Etre ainsi en contact continuel avec la pratique d'atelier est pour le lecteur toujours particulièrement intéressant et passionnant. Somme toute, l'estime avec laquelle il est de coutume de mentionner ce porte-parole littéraire de l'art du maniérisme, est parfaitement motivée. 8 L'un des rares exemplaires de l'édition princeps de « De veri precetti délia pittura» est conservé dans la bibliothèque du Musée des Beaux-Arts de Budapest. Ce volume est d'autant plus précieux qu'il porte sur la page de titre une signature remarquable, écrite avec des caractères nets : « Don Francisco de Quevedo-Villegas » (fig. 10). Il n'est point douteux que cet « ex libris » est dû à la main de l'ancien propriétaire. C'est probablement lors de son séjour en Italie, donc dans les années 1610. que l'écrivain espagnol avait acquis l'ouvrage d'Armenini qu'il emporta en retournant dans sa patrie. Quevedo avait rassemblé une bibliothèque comprenant environ cinq-mille volumes ; malheureusement les listes de ces bibliothèques privées ne subsistent guère. Qu'il avait, cependant, lu cet ouvrage notable, est indubitable pour deux raisons. Premièrement il fut un véritable possédé de la lecture; il emportait même à ses voyages des douzaines de livres de petit format pour les avoir dans la voiture toujours à portée de main. 9 Et dans l'un des sonnets il se moque des « hipócritas, y vanos, y ignorantes » qui n'achètent des livres rien que pour décorer leur demeures et ne les lisent jamais. 10 Deuxièmement : il fit sur la marge de la page 219 du livre en question, des notes sur un passage relatif à l'Espagne. Armenini y écrit qu'il rencontra à Gênes le sculpteur Cristoforo d'Argenta qui s'y embarqua pour l'Espagne ; peu de temps avant c'est de ce même port que repartirent dans leur patrie deux artistes espagnols, Francisco Ruviale et Gaspar Bezerra, desquels 4 W i c h m a n n, H.: Leonaert Bramer. Leipzig, 1923. p. 192—194. 5 Van Eeghen—van der Kellen 2328 — 2343. 6 Le Blanc 32 — 37. 7 S t e i n m a n n, E. — W i 11 k o w c r, R. : Michelangelo-Bibliographie. Leipzig, 1927. p. 12, 13. »Schlosser, J. : Die Kunstliteratur. Wien, 1924. p. 340 — 342. 9 Voir l'introduction biographique de Fernandez —G u err a y Orbe, A. dans l'édition des oeuvres en prose de Quevedo. Biblioteca de Autores Espaiïoles XXIII. Madrid, 1876. p. LXXX. 10 Voir l'édition de ses poèmes, citée dans la note 1. p. XIV, 143 (n° 437).