Radocsay Dénes - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 13.(Budapest, 1958)

GERSZI, THÉRESE: Contributions a l'art des peintres allemands de cour de Rodolphe II.

résolus d'une manière analogue. C'est le même contraste qui s'exprime dans toutes deux compositions entre la douce figure du Christ, rayonnant d'une beauté harmo­nieuse, et les corps des larrons convulsés par la souffrance Dans le tableau du Tintoret toute la surface est remplie des personnages enlacés dans le premier plan. Par contre sur le bord droit du dessin de Hans von Aachen on ne voit que la figure pathétique de l'apôtre Jean, du larron et d'un cavalier galopant, 14 tandis que sur le tableau de Prague, la vue s'ouvre derrière Jean sur un paysage aride. Hans von Aachen a réussi par ce mode de composition, par le contraste entre les parties presque entièrement vides et les parties combles, de rendre la composition plus dramatique et plus saisissante que le tableau de jeunesse du Tintoret. Sans doute, les tableaux tardifs du Tintoret conservés à la Scuola di San Rocco (« Le portement de Croix », « Le frappement du rocher», « La multiplication des pains compositions magistrales et bien plus concentrées, ont-ils dû fortement agir sur Aachen lors de son séjour à Venise. Le groupement artis­tique des personnages et le contraste de la lumière et de l'ombre ont permis d'augmen­ter non seulement l'effet décoratif, mais aussi l'expression et le pittoresque de ces tableaux d'un rythme vigoureux, divisés parfois presque en plans géométriques. C'est cette manière concentrée, appliquant des contrastes robustes, qui carac­térise l'autre dessin de Budapest, représentant la « Cueillette de la Manne » (fig. 12). 16 Bien que les particularités du style du dessin soient fort caractéristiques de l'art de Hans von Aachen, les traits grossiers et par endroits incertains ne per­mettent pas de le considérer comme une œuvre sortie de la main de l'artiste. La supposition selon laquelle le dessin serait une copie d'un tableau de jeunesse de Hans von Aachen, également perdu, paraît plus satisfaisante. 17 La composition et les types sont là aussi fortement inspirés par le « Frappement du rocher » (Scuola di San Rocco) du Tintoret, avec lequel notre dessin accuse une parenté marquée par le contraste vigoureux entre le groupe entassé au premier plan et les figures mou­vementées éparses dans l'arrière-plan, contraste augmenté par les fortes lumières et ombres. C'est ce tableau qui a dû servir de modèle à Hans von Aachen, tant par sa composition que par la solution de la figure de Moïse, personnage principal de la scène, Le rôle important que celui-ci joue dans la composition par son allure et ses gestes pleins de verve et de rythme est le même que dans notre dessin : là aussi il relie le groupe, disposé dans l'ombre au premier-plan, avec les person­nages de l'arrière-plan robustement éclairé. Quelques motifs, tels par exemple, le groupe entassé sous la tente, ou la figure tenant le plat dans son bras tendu, res­semblent aux détails de la « Cueillette de la Manne », autre tableau du Tintoret conservé dans la Scuola di San Rocco. Les motifs et les solutions structurales, empruntées à des chefs-d'œuvre étran­gers, sont très fréquents dans plusieurs œuvres de jeunesse connues d' Aachen. Aussi les originaux des dessins de la « Crucifixion et de la « Cueillette de la manne », proviennent-ils, comme il est à supposer, de la première période de l'activité du maître, lorsque ses impressions d'Italie étaient encore très vivantes. 14 On voit une figure de cavalier analogue sur le tableau du Tintoret exécuté pour l'église des Augustins de Munich. Berekén, F.. v. d. : op. cit. 116. fig. 207. 15 Berekén, E. v. d. : op. cit., fig. 241, 246, 266. 16 de l'inv. 20. D'après Hans von Aachen : « La cueillette de la Manne». Lavis de bistre, 282 x 432 mm. Coll. Esterházy (E. 26. 5. Spranger) — (Il figure dans le catalogue manuscrit d'Edith Hoffmann comme une dessin de Hans von Aachen). 17 Hans von Aachen eut des élèves déjà pendant son séjour en Italie et à Munich. Peltzer, R. A. : Der Hofmaler Hans von Aachen, seine Schule und seine Zeit. Jahr­buch der Kunsthistorischen Sammlungen . . . XXX, Vienne, 1912. p. 95.

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