Radocsay Dénes - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 11. (Budapest, 1957)
KOVÁCS, EVE: Les tableaux de Corot en Hongrie
A cette datation relativement tardive s'opposent la conception classiciste d'un caractère graphique, les contours prononcés, qui le rapprochent aux premières vues d'Italie, ainsi que la facture molle mais plastique, particulièrement dans l'arrière plan du tableau. L'identification du paysage représenté permettrait de trancher la question, identification que nous tenterons de faire avec l'aide du groupe des bâtiments visibles dans l'arrière plan. Des trois voyages que Corot fit en Italie, les deux premiers peuvent être suivis pas à pas, non seulement d'après les tableaux qu'il y peignit, mais aussi d'après ses lettres et ses notes. Le second voyage (en 1834) ne représente aucun intérêt de notre point de vue, car séjournant à Florence, à Gênes et à Venise, ce sont exclusivement des vues de villes qui marquent son itinéraire. Durant son premier voyage (entre 1825 et 1828) il travaillait pour la plupart à Rome, surtout dans les environs de la ville, aux bords du lac pittoresque d'Albano, où il retourna — dans les régions d'Ariccia, de Castellanea et de Nemi — en 1843 pour un court séjour lors de son dernier voyage en Italie. Ce sont ces paysages dont on reconnaît les motifs sur le tableau de notre musée. Dans l'arrière plan des tableaux peints aux environs de Rome on voit souvent apparaître ici et là un édifice à coupole, entre autres, bien entendu, la coupole dominante de l'église Saint Pierre. Corot préférait cependant l'église d'Ariccia, chef d'œuvre de Bernini, dont la coupole et les clochers aux proportions exquises furent les sujets préférés de ses peintures et dessins. Bernini a construit encore une autre église à coupole centrale à Castelgandolfo, près de Rome, l'église San Tommaso de Villanova, celle qui à notre avis est visible, en même temps que le château surmonté d'une tour de la résidence d'été du pape, dans l'arrière plan du « Souvenir d'Italie». Le tableau représenterait donc les environs de Castelgandolfo, avec à l'avant-scène les bords du lac d'Albano. 2 Cette supposition se trouve confirmée par un paysage peint entre 1865 et 1868, intitulé « Souvenir de Castelgandolfo » et conservé au Louvre, toile qui avec ses arbres immenses aux feuillages transparents et avec le jeune berger assis au pied d'un arbre et jouant de la flûte, représente la peinture de paysage tardive du maître. Dans l'arrière plan du tableau on voit, comme en contre partie et quelque peu étendu, le groupe de bâtiments aux contours caractéristiques, composé d'une église à coupole et d'un château surmonté d'une tour (Robaut 1265). Le paysage représenté est donc un coin situé dans les montagnes d'Albano où Corot a beaucoup travaillé surtout durant son premier séjour en Italie. C'est à cette date, à 1826 et 1827, que situent le tableau — en dehors de la facture et des particularités du style — la peinture fort concrète du volume du groupe de bâtiments, la représentation unie des feuillages, telle une ombre obscure, ainsi que le petit personnage au bonnet rouge péchant dans le lac, scène qui se répète presque entièrement dans le « Pêcheur d'écrevisses » peint au bord du lac Nemi à cette même époque (Robaut 165). C'est en 1915, un an avant l'autre, que le Musée a acquis, également par voie d'achat, le «Souvenir de Coubron» (fig. 51), peint en 1872 et faisant partie originairement de la collection de Dutilleux, ami de Corot. 3 Avec ses têtes d'arbres, tels des voiles, avec sa spatialité aérée et avec ses menues figures se fondant intime- Je tiens à remercier ici M. Alessandro Alessandrini (Rome) ami fidèle de la Hongrie, pour m'avoir aidée à identifier l'endroit. 3 Souvenir de Coubron ; huile sur toile, 46 X 55 cm. N° de l'inv. 362 B. —R o b a u t n° 2094. Acheté à la Maison Bernheim J. et C ie également par Alexis Petrovics. - Les maîtres étrangers, etc . . . N° du cat. 20.