Radocsay Dénes - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 11. (Budapest, 1957)
FENYŐ, IVAN: Deux tableaux inconnus de Francesco Maffei
sonnages, la figure du Christ dont les mouvements ressemblent à ceux d'une marionnette, domine dans son style tintorettesque la représentation dans tous deux tableaux. (Le tableau de Budapest évoque le Christ du Tintoret visible sur la « Flagellation du Christ » du Musée de Vienne). Aussi l'éclairage est-il identique : le larron apparaissant dans un éclair dans l'obscurité derrière le Christ. Le tableau de Budapest s'apparente toutefois à cette composition imitant Maganza non seulement par les mouvements des personnages, mais il évoque par les gestes, les mains (!), le flottement des doigts écartés, et non en dernier lieu par les couleurs, l'art de Maffei. A gauche, la mère assise au premier plan et soutenant son enfant est apparentée aux types féminins de Maffei, telle par exemple la femme assise au bas de l'escalier, la tête penchée sur la main droite, de la «Présentation au temple» de l'église Sta Maria délia Rotonda de Rovigo. 11 L'enfant se tenant près de sa mère est le pendant de celui qui se tient au premier plan du « Miracle de Saint Martin » de l'église Sta Maria délie Grazie de Brescia. 12 Le garçon debout sous l'escalier et tenant un chien — ce petit animal, sorte de griffon, se répète dans plusieurs tableaux de Maffei — sert d'un motif de mouvement bassanesque pour augmenter et rendre sensible la profondeur de la scène, comme le berger non moins bassanesque du beau tableau de l'église Sta Maria del Castello de Carpenedolo (Brescia), représentant l'«Adoration des bergers.» 13 On voit un garçon au geste analogue à celui de Budapest, à droite, au plan central de la grande toile représentant le «Miracle de Saint Antoine» de l'église S. Francesco de Brescia. 14 Les couleurs éclatantes et vigoureuses témoignent elles aussi de la main de Maffei. Le corps du Christ est encadré du rouge enflammé du sang. A droite, le bleu de la blouse du jeune homme aux mains tendus, regardant vers le haut dans une attitude violente, et le rouge d'un feu profond, sont les couleurs dominantes. Le manteau rejeté par dessus l'épaule de l'homme corpulent, coiffé d'un turban rayé, est d'un rouge ardent. Le pittoresque du personnage est augmenté par le vert lumineux de son costume. Derrière lui le personnage tendant ses bras vers le ciel est, par son costume rayé multicolore et par le type de son visage et ses gestes, particulièrement caractéristique de Maffei. (Ce geste se répète dans l'arrière plan du «Saint Martin» déjà mentionné de l'église Sta Maria délie Grazie de Brescia). Les rouges vifs, les jaunes tirant sur le blanc, les verts olives et les roses chauds brillent dans la foule comme des étincelles. Les rubans rouges dans les cheveux de la femme assise par terre et tenant son enfant dans ses bras, brisent la couleur morne, ombragée du premier plan. Dans l'arrière plan un rayon de lumière nocturne et mystérieux éclaire les édifices, les couleurs allant du jaune pâle au bleu grisâtre baignant d'un ton homogène le tableau. 15 On voit un effet d'éclairage analogue dans l'arrière plan d'un tableau du Musée Correr de Venise, variante baroque du plus célèbre tableau de Paris Bordone, « Le pêcheur remet la bague au Doge », conservé à la Galerie de l'Académie de Venise. La copie a figuré auparavant sous le nom de Francesco Guardi et c'est Albert 11 Ivanoff, N. : op. cit. fig. XXIII. — Le maître à peint ce tableau sous l'inspiration du tableau inoubliable du Tintoret, conservé à l'église Madonna dell'Orto. 12 Ivanoff, N. : op. cit. fig. XXXI. rts Ivanoff, N. : op. cit. fig. XXXIII. 14 Ivanoff, N. : op. cit. fig. XXVI. 15 Le tableau est couvert d'une vieille couche de vernis sale et brunâtre ; il est à supposer qu'après le nettoyage les couleurs ressortiront encore plus profondes et vives.