Radocsay Dénes - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 11. (Budapest, 1957)
DROBNÁ, ZOROSLAVA (Prague): Les huit miniatures tcheques de Budapest
Les concordances vont jusqu'au dessin ornemental en filigrane du fond, et jusqu'aux tiges en spirales portant de grandes fleurs, motif que l'on rencontre, par exemple, dans la Bible de Boskovice (Bibl. Universitaire d'Olomouc, Sign. III. 3.). Il en est de même de l'ornement géométrique du fond, accompagné souvent de fleurs stylisées, comme on le rencontre dans la miniature représentant saint Benoît et que l'on retrouve très souvent, en différentes variantes et plus ou moins stylisé, dans les miniatures de Bohême, et cela même dans les années ultérieures du développement de l'enluminure tchèque (cf. la Bible de Boskovice, le manuscrit de Krumlov au Musée National de Prague, sign. III. B. 10, le Missel de la Bibliothèque Nationale de Vienne, n° 1850). 32 D'autres (E. Hoffmann. A. Matêjcek) 33 ont déjà souligné à juste titre les tendances au réalisme qui se manifestent dans ces miniatures — il s'agit naturellement d'un réalisme dans le sens médiéval, qui comporte une part de stylisation et de représentation schématique (comme on le voit dans les feuilles des arbres, les architectures). La composition d'une des miniatures de Budapest, l'Entrée du Christ à Jérusalem est reproduite, quelque dix ans plus tard, dans le manuscrit de Krumlov (contenant un Miroir de la rédemption humaine et d'autres textes), mais sous une forme beaucoup plus rude. L'attitude, le type et les gestes des trois personnages principaux — Jésus sur l'âne et les deux apôtres — rappellent les trois figures correspondantes de la miniature de Budapest. Cette ressemblence ne s'explique que si l'on admet l'existence d'iconographies très connues et répandues ou, directement, l'existence d'un livre de modèles commun qu'on a utilisé encore dix ans après l'exécution de la miniature de Budapest — en effet, par ailleurs, les différences dans le style et dans la qualité artistique des deux compositions sonttrès grandes (fig. 19). 34 Pour terminer, nous mentionnerons en passant les manuscrits de Bohême à enluminures qui se rapprochent le plus de notre Antiphonaire et dans le groupe desquels il convient de ranger les miniatures de Budapest en même temps que l'Antiphonaire de Sedlec. C'est le groupe du « beau style » de Bohême ; la série de ces manuscrits s'ouvre par un des manuscrits à enluminures les plus remarquables du début du XV e siècle, par la Bible d'Anvers, de l'année 1402. Suit le Martyrologe de l'ancienne bibliothèque de Dietrichstein de Mikulov (Nikolsburg), daté du début du XV e siècle. On mentionnera ensuite les œuvres de Laurinus de Klatovy, exécutées vers 1409 (les figures de ses miniatures sont très différentes de celles de Budapest et de Sedlec ; cependant, le style et les formes de ses lettres initiales rappellent de très près celles que l'on trouve dans nos miniatures) ; viennent ensuite quelques missels exécutés vers 1410 avec de merveilleuses images illustrant le canon de la mes82 La Bible de Boskovice (la partie illustrée) a été éditée dans Documenta Bohemia artis phototypica : Miniatury ceské bible zvané Boskovská z let 1420 —1430 v Studinji knihovnë v Olomouci sign. III/3, Praha, 1944. — Dans la dissertation manuscrite de Plank a, M. : Iluminovaná bible Boskovská. Olomouc 1952, on retrouve toutes les indications bibliographiques concernant la littérature antérieure. (A mon avis, la date assignée à la Bible est trop tardive ; cependant, je n'ai pas l'intention de m'étendre ici sur cette question.) — Pour le Manuscrit de Krumlov, cf. le catalogue de l'exposition Ceská a moravská knizní maiba XI—XVI. století. Praha, 1955. N° 114, pl. 11. — En ce qui concerne le Missel de la Bibliothèque nationale de Vienne, cf. K 1 e t z 1, O. : Studien zur böhmischen Buchmalerei. Marburger Jahrbuch für Kunstwissenschaft. VII. 1933. P. 50, pl. 8. 33 Hoffmann, E.: op. cit. p. 66. - Matêjcek, A,: Sedlecky antifonár, p. 218. 34 Hoffmann, E. : op. cit. p. 68, pl. 10. L'auteur connaît cette miniature; elle l'a confirmée dans sa conviction selon laquelle les miniatures de Budapest sont originaires de Bohême.