Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 9. (Budapest, 1956)

OELMACHER, ANNE: La peinture hongroise actuelle (1945—1955). Exposition de la Galeire des Tableaux Hongrois

de surprises, car l'un et l'autre des peintres abstraits, tout comme l'aile postimpres­sionniste des artistes bourgeois progressistes, ont fait leurs premiers pas vers le réalisme avec un effort digne de respect et avec un succès remarquable. Quels furent ces premiers pas? Le point de départ fut le sujet offert par la vie quotidienne ou bien imposé. C'est la vie quotidienne qui a fourni le sujet des héros et des actes du premier plan triennal, tel le tableau de gerne de Béla Bán, intitulé « Le stakhano­viste, camarade Konyi» et le grand panneau d'Aurélien Bernáth, exécuté sur commande, intitulé « Les débuts du mouvement ouvrier». Ces tableaux font preuve d'un tournant décisif dans l'art de tous deux peintres, et si ces tableaux ont des faibles — ils en ont, certes — ceux-ci sont dûs aux difficultés initiales de la recherche de la forme et de l'effort de créer un langage pictural plus clair et une expression plus suggestive. Supprimer toute gratuité et trucs du métier : voilà ce qui fut la tâche centrale. Dans le tableau de Béla Bán il y a encore beaucoup d'inégalités : ses couleurs sont cruees, néanmoins il constitue la base de son art de tendance nou­velle. Au-delà de son sujet inattendu, le tableau d'Aurélien Bernáth dépasse par sa composition et par sa conception plus concrète ses tableaux antérieurs. Dans sa toile intitulée « Cueilleurs de pomme de terre », Etienne Szőnyi augmente encore son lyrisme tendre, or ses couleurs claires exquises sont assombries par un émail huileux. Des nouveaux tableaux d'un éclat plus estompé, mais malgré ça colorés, tels le «Voiturier» (fig. 43) et «Après la pluie», manifestent l'humanisme d'un grand artiste uni avec l'homme et le paysage, trait essentiel de toute son oeuvre. La grande toile d'André Domanovszky, 1'« Ecole de peinture » porte encore les traces du coloris et de la manière d'un artiste abstrait de grand talent. Bien que ses figures soient encore subordonnées à quelques taches de couleurs d'une harmonie charmante et que la peinture des caractères soit encore défectueuse, elle est dans l'attitude, les mouvements et le groupement des figures, déjà moderne et fort intéressante. Retourné de l'Union Soviétique après de longues années d'émigration, Alexandre Ek, connaisseur des tendances de l'art soviétique, a déployé une activité théorique efficace dans l'intérêt du réalisme socialiste, dans la pratique cependant, tout en réagissant vivement aux questions sociales actuelles, il n'a pas toujours atteint à une force suggestive et convaincante. Toutefois, dans sa première composition exécutée dans sa patrie, intitulée « Libération » il a mis en oeuvre assez authenti­quement ce sujet d'un intérêt général. L'art d'Alexandre Ek, en général, prouve de manière éloquente que « toute théorie vaut autant que ce qui en est réalisée dans la pratique ». Il n'a pas encore réussi à réaliser l'art qui dans son contenu est socia­liste et dans sa forme national, même nos meilleurs maîtres ne font que l'appro­cher. C'est André Domanovszky qui procède le plus heureusement sur cette voie. Dans sa grande composition intitulée «Fondeurs du four Martin» (fig. 44) il s'appuie sur les grandes traditions nationales en développant la composition de Munkácsy et de ses disciples, bâtie sur les grandes contrasts de la lumière et de l'ombre, qu'ü accen­tue avec une passion presque romantique. Dans sa fresque de Dunapentele, Doma­novszky arrive déjà à un degré supérieur de la création de types. Le développement de son art peut être suivi d'année en année, pas sur pas, dans chacun de ses tableaux figurant à l'exposition, et il est peut être le seul parmi nos artistes qui est arrivé sans interruption et fidèle à soi-même à de nouveaux résultats importants. Le petit tableau de Jules Hincz, intitulé «Femme accoudée» (fig. 45) est une des plus belles oeu­vres de l'exposition. Peintre abstrait fort apprécié, entre les deux guerres Jules Hincz s'est engagé après la liberation avec un dévouement sincère dans la voie nouvelle. Il a beaucoup erré et s'est souvent égaré, comme la plupart des artistes honnêtes, néanmoins son grand talent l'a aidé à vaincre les obstacles, et, à côté des fresques

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