Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 9. (Budapest, 1956)

RADOCSAY, DENIS: La «Crucifixion», Sväty Ondrej nad Váhom

proportion entre le premier plan et le fond, le rapport des figures avec les éléments de paysage, la disposition de l'action dans l'espace et la distance entre les personnages et le plan frontal. Malgré les grandes différences de qualité, il est évident que le maître de Sv. Ondrej s'est efforcé de modeler le corps du Christ de la même manière que le maître du tableau de Dresde. A côté des particularités analogues, brièvement énumérées et ne se rapportant qu'aux traits essentiels, les divergeances entre les deux compositions sont elles aussi frappantes : elles se manifestent dans les motifs les plus insignifiants, tels la différence de l'angle formé par les barres de la croix, qui sur l'un est de charpenterie et sur l'autre non, le drapé du perizonium, dessiné sur l'un avec plus de verve et sur l'autre d'un dessin maladroit (c'est ici qu'il con­vient de mentionner le bras droit trop court, quasi un moignon, du Christ de Sv. Ondrej), la disposition différente de la végétation et le dessin des montagnes dans l'arrière-plan. Une différence peut être observée aussi dans la structure des groupes de gauche. Le groupe des personnages du tableau de Dresde s'inscrit dans un rec­tangle dont l'angle droit est constitué par le cadre, tandis que le groupe de Liptó­szentandrás forme un isocèle. L'arrangement de ce groupe ne peut être comparé à celui du tableau de Dresde, et bien qu'il ne corresponde pas exactement au groupe de gauche de la gravure sur cuivre de Dürer de même sujet et datée de 1508 (fig. 21), il s'approche des principes de composition de celle-ci. La comparaison entre ces trois oeuvres, celles de Dresde, de Liptószentandrás et la gravure de 1508, prouve que le modèle emprunté par notre peintre provient de l'école de Dürer. Les différences structurales nous mènent cependant encore plus loin : le Crucifixion de Sv. Ondrej n'est pas une réplique fidèle du tableau de Dresde, ni de la gravure de Dürer, sa composition est toutefois inimaginable sans ces deux. Il est peu probable que l'imagination du peintre hongrois d'un talent modeste, aurait été captivée — pendant son itineration à travers l'Allemagne — justement par le panneau de Dresde, et que, après avoir fait une esquisse de la com­position, il aurait, retourné en Hongrie, créé son oeuvre, en adoptant le groupe de gauche, librement reconçu, de la Crucifixion de 1508. Il est bien plus vraisemblable que notre maître n'a jamais dépassé les frontières de son pays, et que c'est une gra­vure qui lui a servi de modèle dont tous les éléments essentiels étaient identiques avec ceux du tableau. L'auteur de la gravure peut être retrouvé avec le plus de probabilité dans l'en­tourage immédiat de Dürer. Citons encore qu'on avait essayé de faire entrer aussi les sept tableaux de Dresde dans l'oeuvre de Dürer. Bien qu'une analyse du style plus récente et plus évoluée permette de voir nettement les différences entre les oeuvres sorties de la main de Dürer, 3 Tietze, en tenant compte surtout des éléments du style, situe la série plutôt éloigné d'un pas de Dürer que plus près, 4 mais ne nie pas leur corrélation. Beenken rapelle que le peintre de la série de Dresde avait utilisé assez librement et indépendemment les motifs de Dürer, rappelant en outre que dans l'oeuvre gravée de Dürer il y a, entre la série de Saint Jérôme, gravures 3 Katalog der Königlichen Gemäldegalerie zu Dresden. Dresden-Berlin, 1912. p. 186 —187 ; Katalog der Staatlichen Gemäldegalerie zu Dresden. Dresden-Berlin, 1920. p. 194 — 195. ; Albrecht Dürer Ausstellung im Germanischen Museum. Nuremberg, 1928. p. 83, 84. Je tiens à remercier ici M. Mayer-Meintschel qui a eu l'obligeance de m'informer sur les publications relatives à cette série. 4 Tietze, H. — Tietze-Conrat, E. : Kritisches Verzeichnis der Werke Albrecht Dürers. I. Augsbourg, 1928. p. 350 ; Citons que le dessin du Musée de Bayonne qui accuse une parenté toute proche avec le panneau de la Crucifixion de la série, — bien qu'il soit considéré par Tietze et Conrat comme un ouvrage d'atelier — est men­tionné par Winkler parmi les oeuvres sorties de la main du maître. Winkler, F. : Die Zeichnungen Albrecht Dürers. I. Berlin, 1936. p. 113 — 114.

Next

/
Thumbnails
Contents