Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 9. (Budapest, 1956)
GARAS, CLAIRE: Le retable du Calvaire de Memling
dessin qui a été mis en rapport déjà antérieurement avec les tableaux de Budapest et de Lübeck. Sur ce dessin, qui provient de la collection Beckerath, on voit le bon et le mauvais larron crucifiés. Le dessin du larron senestre ressemble à celui de Budapest, or, les menus détails (par exemple, la manière dont la corde est nouée sur le bras de la croix, etc.) sont identiques avec les détails correspondants du tableau de Haarlem. Par contre dans le cas du larron dextre la différence entre le dessin de Berlin et le tableau de Haarlem est plus grande (type du visage, perizonium) alors que la concordance entre le dessin et le panneau de Budapest est plus étroite et plus précise. Tout ceci nous autorise à établir que les tableaux de Budapest et de Haarlem, de même que le dessin de Berlin ont été exécutés d'après le même modèle. Etant donné que les trois oeuvres, identiques en ce qu'elles ont d'essentiel, présentent des traits propres à Memling — traits que l'on peut nettement discerner — nous devons supposer que le modèle même était lui aussi une oeuvre de Memling. C'est un triptyque de Memling, entretemps disparu, que le maître du panneau de Budapest avait copié, maître proche de Memling, travaillant sans doute dans son atelier, mais bien plus faible que le grand peintre flamand. C'est le même oeuvre de Memling que Gérard David avait copié et finalement c'est un fragment de tableau que conserve le dessin de Berlin, exécuté également au XV e siècle. Dans le retable de Lübeck c'est Memling lui-même qui a utilisé et librement modifié sa propre composition exécutée antérieurement. Cette hypothèse explique tant les contradictions que les cohérences, et en partant de celle-là nous sommes en mesure de résoudre les problèmes relatifs aux Calvaires de Lübeck et de Budapest. Les conclusions tirées de la comparaison et de l'analyse des retables de la Passion de Haarlem, de Budapest et de Lübeck servent par ailleurs aussi à enrichir nos connaissances de l'art de Memling et de Gérard David. Nombreuses copies que ce dernier avait faites d'après des oeuvres d'époques antérieures nous sont connues. David a copié les tableaux du Maître de Flémalle, de Rogier van der Weyden et de Hugo van der Goes, ainsi que ceux du maître inconnu provenant probablement du nord des Pays-Bas qui peignit l'original du Calvaire de Saint Florian — Lugano, etc. 8 Néanmoins le triptyque de Haarlem est la première réplique d'une oeuvre intégrale de Memling que David avait faite : on n'a jusqu'ici démontre dans ses tableaux que des emprunts de détails et des répétitions de motifs. 9 La concordance entre le dessin de Berlin et la réplique de Budapest atteste qu'il s'est tenu fidèlement au modèle. Quant au volet senestre, il nous faut supposer que c'est un autre retable, également de Memling qui lui servit de modèle. 10 A savoir, sur nique ainsi que son cadre inférieur attestent qu'il n'a pas été conçu comme esquisse, ni étude, mais qu'il a été exécuté d'après un tableau achevé. 8 Copie d'après le Christ en Croix de Vienne, de Rogier van der Weyden, Munich, Madrid, collection Kocherthaler. Copie d'après l'Adoration des Mages, tableau perdu de Hugo van der Goes, Munich, et une copie d'après le Calvaire d'un peintre néerlandais inconnu, Lugano, collection Thyssen-Bornemissza, etc. Fricdländer: op. cit. VI. p. 103. Garas, K. : Some problems of early dutch and flemish painting. Acta Históriáé Artium, I. (1954) 237 — 262. 9 Frise décorative figurant des fruits avec putti, dans le Jugement de Bruges, d'après Memling. etc. Friedländer: op. cit. VI. p. 103. 10 L'Adoration du Christ accuse une parenté, particulièrement avec les oeuvres de jeunesse de Memling. Une identité de concordance frappante peut être observée par exemple avec le triptyque, reconstitué par Huhn de Loo, dont le volet représentant l'Adoration des Mages est conservé au Prado de Madrid, et celui figurant la Présentation de Jésus, à la Galerie Czernin de Vienne f H u 1 i n d e L o o, G. : Hans Memling in Rogier van der Weydens studio. Burl. Mag. 1928. 160). On peut démontrer que ce triptyque remonte au retable de Columha de Rogier van der Weyden. C'est à celui-ci que Memling emprunte la figure de Saint Joseph aux pantoufles de bois. Le Saint Joseph figurant sur le volet de Haarlem témoigne sans aucun doute de l'origine Weydenienne et Memlinghienne.