Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 8. (Budapest, 1955)
FREL, JIŔI (Praha): Un nouveau portrait de Thucydide
hague, traitée dans un style aux apparences hellénistiques. D'autre part la chronologie haute trouve un appui convaincant : le portrait d'Eschine est littéralement reproduit dans une figure de l'amphore panathénaïque, trouvée dans les fouilles de Kerameikcs. 21 Ce n'est pas seulement une analogie frappante dans le rythme, les proportions, la draperie et aussi la tête, mais bien une reproduction fidèle à quelque détails près (la main droite reste ici cachée dans la draperie dont sort en revanche la gauche) qui garantit en outre l'unité de la statue de Naples et de son chef. L'effigie du rival de Démosthène fut alors exposée à Athènes entre 340 et 330, selon la date que K. Süsserot attribue à ce vase. Si la comparaison des portraits de Thucydide et d'Eschine n'est pas sans intérêt en ce qui concerne la facture artistique et la chronologie, leur conception est très différente. En effet, le sculpteur d'Eschine exprime la psychologie individuelle et la personnalité privée de son modèle détaché des liens de la cité. Cela est significatif de l'époque qui évolue vers un système social nouveau, exprimé par ailleurs dans le portrait d'Alexandre. Pourtant la tradition du civisme se maintient, elle est manifeste jusque dans la psychologie des portraits groupés autour de l'ouvrage de Silanion. Plus idéalisée, elle apparaît aussi dans les oeuvres que l'on peut apparenter à l'activité de Léocharès, comme les statues des trois poètes dramatiques, érigées par Lycurgue. Il semble alors que les deux versions d'Euripide soient à peu près contemporaines, le type Farnèse témoignant du progrès de l'autre tendance. Compte tenu de la nouvelle copie, on doit maintenir l'effigie de Thucydide parmi les portraits apparentés à l'art de Silanion 22 et la dater vers la milieu du IV ème s. Dans l'état actuel de nos connaissances, il ne semble pas prudent de préciser davantage. Il en va de même pour Lysias et pour certaines images des Sept sages, évoqués à cette époque comme champions de la cité. En revanche, on pourrait aller plus loin pour « Sophocle III ». 23 La copie d'Entremont est tellement proche du Platon qu'au premier coup d'oeil l'identification semble s'imposer. 24 Ce n'est pas une maladresse du copiste, mais un argument de poids en faveur de l'attribution à Silanion. D'autre part, il y a peut être quelque réserve à garder à propos de sa Corinne, conservée dans la statuette de Compiègne. 25 Tête et corps sont de matière différente, unis par un tenon de fer ; si on les sépare, on constate que la cavité du corps a été retravaillée. En outre les tresses qui à l'origine descendaient plus bas, sont coupées pour ne pas gêner la jonction. Finalement, l'inscription qui garantirait l'identification, paraît assez inquiétante. La forme des lettres varie et leur exécution est loin du coup de main ferme des lapicides antiques : retouche moderne? 26 JIRÍ FREL (Praha) 21 Cf. Süssorot t, K. : Griechische Plastik des 4. Jahrhunderts (Frankfurt a. M., 1938) p. 86. pl. 8, 2. 22 W i n t c r, F. (Jdl 5, 1890, pp. 181 sqq.) l'attribua directement à Silanion en même temps que Lysias et « Sophocle III ». S c h e f o 1 d (1. 1. p. 206) penche en faveur de cette opinion (la facture cubique rapproche Thucydide et Platon, vus des trois quarts) — que Boehringer n'accepte pas. Picard constate la parenté. 23 Démoorite (?) selon P o u 1 s e n, V. H. : 1. 1. pp. 28 sqq., mais cela reste à prouver. 24 P i c a r d, Ch.: RA 26 (1946) pp. 157 sqq. ; rectification : Manuel III. p. 844. 25 P i c a r d, Ch.: Manuel III. pp. 806 sqq. 26 Déjà W. H e 1 b i g a exprimé ses doutes, cf. B e r n o u 11 i, J. J. : Griechische Iconographie I. (München, 1901) p. 89. 2* 19