Szilágyi János György - Kaposy Veronika szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 6. (Budapest, 1954)
KAPOSY, VÉRONIQUE: Contribution a l'iconographie des monuments de l'époque romane en Hongrie
Ce n'est d'ailleurs pas au Moyen Age que les centaures ont été mis pour la première fois en rapport avec la mort. Virgile, dont les oeuvres furent bien connues et beaucoup lues au Moyen Age, mentionne qu'ils habitent aux Enfers, 13 mais ce n'est que dès l'époque romane que le centaure figure comme symbole de la mort. 14 Le centaure du tympan d'Ujudvar porte une marque qui souligne particulièrement son caractère «mortel» : c'est son bonnet pointu. Les spécialistes hongrois ont déjà mentionné les rapports avec la mort des personnages portant le bonnet pointu das les représentations médiévales ; 15 M. Émeric TrencsényiWaldapfel a reconnu dans Thermite portant un capuchon ou un bonnet pointu, figurant sur les représentations de Saint Christophe, la figure de Saint Cucufate, le «martyr occulte». Il a remarqué aussi que l'étymologie des noms de la plupart des déesses de la mort est «caché» ou « cachant». 16 La fuite, la mutité et la pétrification sont les signes mythiques de la mort. Le symbole de l'appartenance au royaume des morts est le casque rendant invisible celui qui le porte. Les divers récits mythologiques viennent eux aussi à l'appui de cette supposition. Le casque permet á Persée d'éviter le regard pétrifiant des Gorgones. Selon Homère, Pallas Athénée se mêle au combat, coiffée du casque d'Hadès. La déesse germanique de la mort, Nehalennia était représentée avec un capuchon, et c'est ainsi qu'on représentait aussi le dieu nain Telesphore. 17 C'est à ces exemples antiques que M. Trencsényi-Waldapfel rattache la figure de Saint Cucufate, apparaissant sur les images de Saint Christophe, où l'on voit, par ailleurs, fréquemment figurer la sirène sortant de l'eau, comme symbole de la tentation. Sur la fresque de Wienhausen datant du XIV e siècle, 1H nous voyons aux pieds de Saint Christophe traversant le fleuve — à côté de la sirène-poisson ailée nageant dans les ondes qui symbolisent la transition entre la vie et la mort •— le centaure et le démon de la mort coiffé d'un bonnet pointu. La sirène et le centaure sont ici évidemment les symboles de la mort, et le caractère mortel du démon mi-homme, mi-poisson, est souligné par son bonnet pointu. La fresque de Wienhausen prouve que le centaure est l'un des symboles de la mort, généralement connu au Moyen Age, et semble justifier en même temps que le capuchon ou le bonnet pointu prêtent sur les représentations médiévales, un caractère mortel à celui le qui porte. Parmi les monuments de la Hongrie du Moyen Age nous connaissons, en dehors du centaure d'Ujudvar, encore un personnage qui porte le bonnet pointu : le démon à la queue de poisson — analogue à celui de Wienhausen 13 Chant VI, vers 286. 14 Sur les représentations de centaures médiévales v. D o e r i n g, O. : Christliche Symbole. Freiburg in Breisgau, 1940. p. 103, 127. M o 1 s d o r f , W. : op. cit. p. 132,242, 243. Sur leurs rapports avec la mort v. K o z á k y, I. : op. cit. p. 203, 204. Bernheime r, "R.: op. cit. p. 143, 144. 16 Waldapfel, I.: Martyr occultus. Lyka Károly Emlékkönyv. (Mélanges Charles Lyka) Budapest, 1944. p. 136-157. 16 La déesse grecque : Kalypso, celles de l'ancienne Islande : Hei et Hulda, etc. Voir. Waldapfel, I.: op. cit. p. 145. — H. Güntert démontre que les divers mots •— principalement dans les langues indo-européennes —• signifiant «cacher, couvrir» adoptent le sens de «causer la mort», tandis que les mots «se cacher, être couvert» signifient «mourir» (Waldapfel, I.: loc. cit.) 17 Telesphore appartenait à l'entourage du guérisseur Asklepios; alors que Hygieia assure la santé, Telesphore est la divinité mortelle qui apporte l'achèvement complet (Waldapfel, I. : op. cit. p. i47). "Waldapfel, I.: op. cit. p. 149, fig. 6.