Arany János - Győrei Zsolt (szerk.): Le trille du rossignol (Budapest, 2019)

II - „Tel bois pourri, la flamme” - Je renonce au luth

Je renonce au luth Je renonce au luth. Mais la paix! Que l’on n’escompte plus nul chant de moi. Je suis devenu quelqu’un d’autre, Le cœur sec, rude écorce en mal d’émoi. Feu ne le chauffe, point vivant, Mais l’éclaire, tel bois pourri, la flamme. Où as-tu fui, feuille morte au vent, Ô jeunesse de mon âme! À mes yeux, d’autres cieux brillaient, La terre revêtait d’enchanteurs atours, À l’entour, mille oiseaux trillaient, Quand ces lèvres entonnaient chants d’amour. J’admirais d’un cœur plus fervent Des splendeurs de Nature, l’infinie manne. Où as-tu fui, feuille morte au vent, O jeunesse de mon âme! Point lors ne les chantais si seul, Mais les clamais dans l’ardeur des tournois; Amis, esthètes, suivaient de l’œil, Extasiés, le jeu, au luth, de mes doigts; - Plus que jamais vivants, les gens Communiaient, fougueux, à la même flamme. Où as-tu fui, feuille morte au vent, Ô jeunesse de mon âme! Nous chantions les espoirs futurs, Et les blessures passées, déplorions; Triomphe et gloire auréolaient, Dans nos hymnes, la patrie, la nation: Nos chants, beaux rameaux verdoyants, S’entrelaçaient en une même trame. Où as-tu fui, feuille morte au vent, Ô jeunesse de mon âme!

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