Antall József szerk.: Orvostörténeti közlemények 125-132. (Budapest, 1989-1990)

TANULMÁNYOK - ESSAYS - Le Calloc'h, Bernard: Alexandre Csoma de Kőrös n'est pas mort du paludisme

Toutes les conditions étaient réunies pour qu'il prît les fièvres: absence de la plus élémentaire hygiène, saleté omniprésente, eaux polluées, fondrièes, terres non drainées, chaleurs excessives, myriades d'insectes, grand risque d'adultération des aliments, présence permanente de vermines, promiscuité avec des sujets contaminés. Rien ne permet pourtant d'assurer qu'il fut alors atteint de paludisme. S'il ne l'a pas contracté pendant un séjour de deux ans dans d'aussi mauvaises conditions, pourquoi vouloir à tout prix tenir pour certain qu'il l'aurait contracté en une traversée d'à peine deux jours qui eut lieu pendant la saison hivernale? Certes, on pourrait sans doute objecter que Titaliah avait un climat relativement sain en dépit de sa proximité d'avec le Terai. Mais on sait que ce n'était pas le cas par un certain nombre d'exemples précis, comme par exemple celui du rév. Friedrich-Christian-Gotthelf Schrocter, principal auteur du „diction­naire de Serampour". mort du paludisme, attrapé à cet endroit, à l'âge de trente-quaüe ans \ 12) Alexandre Csoma de Kőrös avait pratiquement autant de chances de devenir paludéen à Calcutta, où il vécut au total près de neuf ans, d'avril 1831 à décembre 1835, puis de decembere 1837 à février 1842. Cette ville, située dans l'immense delta du Gange, au milieu d'une zone basse et marécageuse où la moindre colline fait figure de montagne, est aujourd nui encore redoutée des Européens en raison de l'insalubrité de son climat. L'atmosphère très chaude et humide qui y règne sans cesse fait pulluler les insectes, pourrir les boiseries, moisir les vêtements, rouiller le fer, tomber les livres en poussière. Elle corrompt les eaux et la nourriture. A cette époque, malgré les efforts des Anglais, elle est d'une grande saleté, pleine d'ordures et d'immondices; l'Hougli est un égout. Les maladies y sont nombreuses et trés souvent mortelles les épidémies de peste et de choléra n'y sont pas rares; la lèpre, la variole, la tuberculose, la siphylis, la filar ­iose, la typhoïde, la dysenterie y font des ravages. C'est assez dire combien il était relativement dan­gereux de vivre à Calcutta; aussi dangereux, en tout cas, que de franchir le Terai en une trentaine d'heures de marche. Victor Jacquemont, qui trouve la ville „sale et laide", résume fort bien la situation quand il écrit: „La grande affaire de la vie dans l'Inde, ce n'est pas de s'amuser, c'est de vivre" '°. Nombreux sont ceux que Csoma de Kőrös y a connus qui un beau jour ont été contraints de regagner l'Europe, après avoh été victimes des Fièvres et du caractère très débilitant du climat qui règne toute l'année, ou presque, au Bengale. Souvent, ce départ s'est fait au terme d'un séjour plutôt court, comme dans le cas du pasteur Salomon-César Malan. resté à Calcutta moins de trois ans. Souvent aussi, quand ils partent pour des deux plus cléments, c'est déjà trop tard, et ils meurent en route comme William Yates, ou peu de temps après leur arrivée, comme James Prinsep. 13) Dès l'époque qui avait suivi la guerre, agio-népalaise, terminée le 4 mars 1816. à la suite du ral­liement à l'alliance anglaise du radjah du Sikkim et de la signature d'un traité d'amitié, le 10 février 1817 à Titaliah, la contruction d'une roule avait été entreprise de cette ville à Siligouri, puis au delà, à la fois pour des motifs de stratégie et pour des raisons de pénétration économique. Or, cette route traversait le Terai de part en part, puisque Titaliah se trouve au Sud et Siligouri au Nord de cette zone. Après que le gouvernement de l'Inde ait obtenu la rétrocession de Dardjiling (1835) et décidé d'en faire une station climatique (1838), les travaux furent poursuivis jusqu'à la nouvelle ville, de manière à permettre aux villégiateurs de s'y rendre commodément. C'est bien pourquoi les deux pages entières que Cholnoky consacre à décrue le bivouac imaginaire de Csoma dans la jungle sont parfaitement irréalistes. Elles sont même surprenantes de la part d'un géographe aussi averti ". Le Terai n'était pas malsain au point qu'on en mourait à tout coup quand on le traversait, surtout si, au lieu de s'aventurer dans d'impénétrables marais, on suivait simplement une piste qui. dès cette époque, avait été macadamisée et 9 Voir Bernard Le Calloc'h. .JRcvtte de la Bibliothèque Nationale", hiver 1988. article cité en note (5). 1: Victor Jacquemont, Lettre à Joseph Cordier, adressée de Delhi le 26 janvier 1832. 11 Cholnoky Jenő „Körösi Csoma Sándor", Athenaeum Budapest 1940, pages 239 et 240.

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