Antall József szerk.: Orvostörténeti közlemények 117-120. (Budapest, 1987)
TANULMÁNYOK - Le Calloc'h, Bemard: Orvos volt-e Körösi Csoma Sándor? (francia nyelven)
William Griffith, chirurgien au service du gouvernement de Madras, était déjà à l'époque un savant réputé, malgré sa jeunesse, et il était, de plus, une connaissance de Csoma. S'il s'était rendu à son chevet, c'est précisément parce qu'ils se connaissaient. Ils s'étaient rencontrés pour la première fois à Calcutta lorsqu'il avait été question de la mission d'exploration du Bhoutan confiée au capitaine Robert Boileau Pemberton, à l'automne 1837. Csoma, qui venait tout juste de rentrer d'un séjour de vingt mois à Titaliah, avait été sollicité pour accompagner cette expédition qui devait se rendre à Punakha et traverser le Bhoutan d'un bout à l'autre. Seul Européen à connaître le tibétain, il aurait été très utile comme interprête, pour mener des négociations avec le Dobét le Dharmaradjah. Mais l'affaire ne s'était pas faite. Csoma avait refusé de faire partie d'une expédition dont le caractère politique était évident. Griffith accompagna l'expédition comme médecin. Dans le récit qu'il en a laissé, il se plaint à plusieurs reprises de la difficulté éprouvée par Pemberton du fait de l'absence d'un tibétisant à ses côtés. Ce médecin-explorateur était aussi et surtout un remarquable botaniste. Il a réalisé une oeuvre scientifique de première grandeur, malgré sa mort prématurée à l'âge de trente-cinq ans. Entre le 24 septembre 1832, date de son arrivée à Madras, et le 9 février 1845, date de sa mort à Malacca, il a collecté plus de neuf mille plantes différentes en les endroits les plus divers de l'Inde et de l'Afghanistan. Horace Hayman Wilson, qui joua un rôle si important dans la vie de Csoma de Kőrös comme secrétaire de la Société asiatique du Bengale (il l'était depuis le 2 avril 1811 et le restera jusqu'au début de janvier 1833) était lui aussi un médecin. Il avait fait ses études à l'hôpital Saint Thomas de Londres de 1804 à 1808, date à laquelle il avait été nommé assistant-chirurgien dans le service de santé de la Compagnie des Indes Orientales. Très vite il bifurqua, il est vrai, vers d'autres activités puisque, d'une part, il reçut la charge de directeur des essais à la Monnaie de l'Inde en raison de ses connaissances en chimie des métaux, et que, d'autre part,il entreprit une carrière de sanscritiste qui en fit le meilleur spécialiste de son temps. Dès 1819, il publie son grand dictionnaire sanscrit-anglais, le premier du genre et de cette importance. La seconde édition, considérablement élargie et complétée, qui parut en 1831, fut jusqu'au début du XX-ème siècle le livre de référence obligé de tous les indianistes d'Europe. Lorsqu'il se rembarqua pour l'Angleterre en 1833, ce ne fut pas pour prendre sa retraite ni pour motifs de santé, mais pour aller occuper à Oxford la première chaire de sanscrit créée à son intention par un généreux mécène, le colonel Boden. On serait en droit de penser que la médecine, qui avait été la raison de son voyage en Inde, cessa bientôt de l'intéresser. Ce serait une erreur. Doué d'une prodigieuse capacité de travail et d'une santé à toute épreuve, il ne cessa de déployer sous le climat débilitant et pénible de Calcutta une activité qui faisait l'admiration de ses contemporains. Il tint à continuer à exercer son art pendant tout le temps qu'il fut en Inde, se rendant plusieurs fois par semaine à l'hôpital et donnant des consultations, comme s'il n'avait eu que cela à faire. Bien que ses rapports avec Alexandre Csoma n'aient pas été très cordiaux — il trouvait le Hongrois fantasque, secret, inattendu — on peut croire que les deux hommes ont souvent parlé de médecine, et de médecine tibétaine en particulier, puisque c'est alors que Wilson était encore à Calcutta que Csoma entreprit de traduire l'abrégé du Rgyud-bzi que Sangye Phuntsog lui avait préparé. Wilson aurait pu y trouver matière à reflexion et à comparaison avec l'état de la médecine anglaise telle qu'il la pratiquait lui-même, mais il ne publia jamais de commentaire sur ce sujet. La présence de tous ces médecins dans la vie d'Alexandre Csoma de Kőrös est, bien entendu, le fait des circonstances et non le résultat d'un choix délibéré. Elle ne saurait à elle seule expliquer pourquoi le voyageur hongrois fut pris lui-même pour un médecin; mais elle a certainement contribué à renforcer une opinion depuis longtemps établie chez nombre d'auteurs étrangers, en leur faisant croire que, s'il s'était trouvé si souvent en le compagnie des médecins, c'est parce qu'il l'était lui-même.