Antall József szerk.: Orvostörténeti közlemények 117-120. (Budapest, 1987)
TANULMÁNYOK - Le Calloc'h, Bemard: Orvos volt-e Körösi Csoma Sándor? (francia nyelven)
plutôt que vers la Mongolie. Or, on sait par le rapport d'avril 1842 du docteur Archibald Campbell, surintendant de la station de Dardjiling, que jusqu'à la veille de sa mort il crut à l'ascendance hunnique des Magyars et à la possibilité d'en retrouver le berceau au coeur même du continent asiatique. Ce n'est donc pas Blumenbach qui lui a mis en tête l'idée d'une éventuelle parenté avec les Ouigours, même si l'autorité et le prestige du grand médecin allemand ont pu jouer un certain rôle en renforçant Csoma dans sa conviction. De toute manière, restreindre l'enseignement que le jeune Sicule a reçu de Blumenbach à cette hypothétique parenté ouigoure est tout à fait abusif. Ce n'est pas pour s'entendre dire, au hasard d'un exposé magistral, que les Ouigours pouvaient être les parents des Hongrois — chose dont il était informé de longue date — qu'il fréquentait les cours de l'illustre professeur de Göttingen. En revanche, ce qui paraîtrait plus logique, c'est de se poser la question suivante: pourquoi Csoma n'a-t-il jamais envisagé d'apprendre, au moins un peu, la langue chinoise, alors qu'il savait pouvoir trouver dans les annales de l'empire du Milieu des références précises non seulement aux Ouigours, mais aussi aux Hiong-Nou, ancêtres possibles des Huns? Au lieu d'apprendre l'arabe, que n'a-t-il entrepris d'apprendre le chinois, qui de toute manière était la langue officielle dans ces régions de Mongolie et du Turkestan oriental, où il espérait retrouver la trace des Huns et apprendre à connaître les Ouigours! A lire les différents biographes du savant voyageur, on a l'impression que jamais encore la question n'a été posée de cette manière. Pourtant, il était évident que si les ancêtres des Hongrois avaient jadis vécu dans les limites de la Chine, l'apprentissage de la langue de ce pays s'imposerait tôt ou tard à lui. Il y a une autre question qui, elle non plus, n'a pas jusqu'ici trouvé sa réponse. Pourquoi cet élève en théologie suit-il des cours de médecine et de sciences naturelles? Qu'il s'intéresse à l'Orient, passe encore, puisqu'il veut y aller. Mais pourquoi la médecine? On a tout lieu de penser que c'est pour au moins trois raisons: — d'une part, pour satisfaire une curiosité intellectuelle toujours en éveil, — d'autre part, parce qu'il estimait sans doute que des connaissances médicales lui seraient utiles pendant le voyage qu'il voulait faire jusqu'aux sources du peuple hongrois, — enfin, parce qu'il entendait pouvoir, le cas échéant, se soigner lui même, tant pendant son voyage que lors de ses séjours en Asie. Le fait qu'il ait eu toujours dans ses bagages une trousse médicale parait le confirmer, quoique le contenu de celle qui fut ouverte après sa mort à Dardjiling ait été particulièrement décevant: il ne s'y trouvait qu'un peu de racine de rhubarbe! H reste que, au lieu de perdre son temps à étudier la médecine et les sciences de la nature, il aurait fait oeuvre plus utile à lui-même en étudiant, par exemple, le chinois. Mais c'est là une de ces nombreuses bizarreries dont est pleine la biographie de Csoma. El est certain qu'il n'avait rien à faire chez Blumenbach en tant que futur pasteur aussi bien qu'en tant que candidat à la découverte du berceau supposé des Hongrois. À cela il faut encore ajouter que Blumenbach n'enseignait pas la médecine pratique, la clinique médicale, mais la physiologie et l'anatomie comparées. Toujours est-il que c'est sa présence aux cours de Blumenbach qui explique pourquoi il a été considéré comme ayant fait des études de médecine par un grand nombre d'auteurs français, anglais et allemands. On savait qu'il était allé à Göttingen. On savait qu'il y avait passé plus de deux années. On savait qu'il avait été l'élève de Blumenbach. On savait que celui-ci enseignait la médecine. Il n'en fallait pas plus pour en conclure qu'il était revenu d'Allemagne avec un doctorat en médecine, alors que, dans la réalité, il n'avait même pas soutenu de thèse de doctorat en théologie.