PALOTAY GERTRUD: OSZMÁN-TÖRÖK ELEMEK A MAGYAR HÍMZÉSBEN / Bibliotheca Humanitatis Historica - A Magyar Nemzeti Múzeum művelődéstörténeti kiadványai 6. (Budapest, 1940)
PARTIE HISTORIQUE
- 19 outre d'un «araktssin lissé d'or, pour fémmé». 9 5 Remarquons encore le «pechguir orné, pour enlourer la table». 9 6 Mais en dehors de pareils abus belliqueux, des textiles brodés de la vie qnotidienne turque passaient anssi en possession hongroise d'une maniére plus pacifique. En ce qui concerne les objets passés chez nous par voie diplomatique, ce sont les notes relatives aux achats fails á la Porte par J. Rimay qui sont les plus précieuses. 97 II en ressort qu'il avait acheté plusieurs articles précisément en tenant compte de la ])ossibilité de leur emploi ä la maison. II menlionne par exemple parmi les toileries ornées: «J'ai acheté au prix de 20 osporas une piece de batiste imprimée ä flears couleur roi, pour deux lahliers», et «une piece de fichu de batiste, imprimée ä ftears couleur oeillet, composée de dix pieces, destinée ä des taies d'oreiller . . .», «une futa ä fleurs ä mettre sur une courtepointe», «huit fichus frangés pour couvrir la tété», «3 taies d'oreillers peintes, imprimécs ti fleurs», «dutissu pour chemisette», et aussi «un fichu de batiste bordé d'argent, pour couvrir la téte». Parmi les articles tissés et brodés, achetés par lui, il y a nombre de fichus: «J ai acheté quatre pechguirs multicolores... un pechguir multicolore pour couvrir la table... un fichu frangé, sillonné, broché d'or... un fichu de soie jaune et rouge, avec des raies serrées, sur les deux bouts duquel est tissée une kangicza large de soie de quatre couleurs». En dehors de ces fichus dont les ornements étaient sans doute tissés, nous devons certainement considérer comme brodés ceux dont il écrit ce qui suit: «un fichu cousu de sirma». 9 8 (II mentionne plusieurs fichus de cette sorte, et d'autres cousus de soie.) Celui qu'il désigne comme «un fichu orné de fleurs ci tiges, cousu de soie bleue et de sirma »" aura été brodé de fii de soie et de fit d'or. G'est aussi par l'intermédiaire de seigneurs turcs et de leurs families, vivant ici, que des 9 5 Dans l'usage Iure de nos jours, ce terme désigne une espéce de tissu. 9 6 Le pechguir est une nappe turque, de forme rectangulaire, ornée aux deux bouls étroits de broderies identiques. Les Turcs moins aisés s'en servent aujourd'ui aussi oomme de serviettes ou d'essuiemains de maniére quits en entourent la table ronde et basse, assis ä la turque, its couvrent du pechguir leurs genoux, pour que la graisse et les déchets de nourriture lombants ne salissent pas les vétements. Ainsi, la note ci-dessus se rapporte probablement ä eel emploi «autour de la table» du pechguir. 9 7 V. la note no. 53. 9 8 La «sirma» n'est rien autre que la «srina» vivant encore aujourd'hui dans la langue turque et désignant le fii de mélal employé sur les broderies. C'est par ce terme qu'on distingue ce fii rond du fii de métal aplati au marleau qui est employé également en grandé quantités sur les broderies turques. (Nous sommes redevables de cette information ä Mine Melek Celal.) broderies turques out passé en possession hongroise, surtout en possession de certaines families seigneuriales, qui étaient liés avec des hauts fonctionnaires turcs. Ainsi Ferenc Battliánv et son épouse entretenaient des relations amicales avec plusieurs Turcs et il se procurait par eux lout ce dont leur cour avail besoin — écrit Takáts. 10 0 Des fichus turcs — ornés de lissage ou de broderie — étaient souvent offerts á des Hongrois par des Turcs, comme acte de polilesse. Dans ces temps, cela aura élé une coutume turque générale, et en partié, eile l'est encore aujourd'hui. C'est dans le journal de Constantinople d'Imre Thököly que nous trouvons la note de 1685, suivant laquelle le serdar lui avait offert un fichu brodé. 10 1 Et plus tard il mentionne encore que le mérne... «m'a offert un fichu, dont il fit cadeau ä ma femme ...» Kelemen Mikes, observateur excellent des contacts sociaux turcs mentionne dans ses lettres qu'il est de coutume de faire cadeau a 1 höle, á son déparl, d'un fichu: lors de leur visite chez le kalmakam, la femme de celui-ci envova en guise d'adieux quelques fichus. 102 Combién la donation de pareils fichus était coutumiére, cela ressort d'une note du journal du prince György Rákóczi I e r qui mentionne que parmi les cadeaux recus dupacha de Temesvár (en 1633) il se trouva aussi un fichu usé. A ce propos, le prince remarque d'une maniére méprisante qu'«ils ne se sont pas trop dérangés pour ce cadeau». 10 3 Murát, aga janissaire de Bude, écrit dans une lettre adressée a István Dobó en 1560: «. . . Je vous ai envoyé, Monsieur, un trés beau mahraman de couleur bleue, veuillez l'accepter de grand coenr». 10 4 II y avait encore un moyen particulier de se procurer des couvertures turques, trés populaires cliez nous, a ce qu'il parait: on exigeait des fichus comme rangon, — avec des tapis, des selles et d'autres articles de textile — des prisonniers turcs qui voulai9 9 La designation de «fleurs ä tiges» sert de point d'appui précieux relativement aux motifs des broderies turques de cette époque: cela aura élé une des branches de fleurs adoplée aussi par la broderie hongroise. 100 yon- á oe sujet p. 72. 10 1 Mon. Hung. Hist. Seriptores, vol. 24. p. 264. 10 2 Zágoni Mikes Kelemen törökországi levelei. (Lettres de Turquie de Kelemen Mikes de Zágon.) Publié par F. Toldy. Pest, 1831. vol. 1. p. 10. Lemérne auteur écrit (ibid. vol. II. p. 88.) que lorsque le prince et sa suite rendirenl visite aux épouses des voivodes de Moldavie et de Valachie, «un fichu a élé offert au prince et ... ä chacun de sa suite.» Gelte donnée montre en quelle mesure les peuples vivant sous la domination turque avaient adoplé les formes de la civilisation turque et les biens matériels qui s'y rapporlaient. 10 3 Erdélyi Múzeum, vol. 17. p. 525. 10 4 Takáls-Eckhardt-Szekfü: op. c. p. 10. (Selon les édileurs: mahraman = lichu, mouchoir.)