Király Erzsébet - Jávor Anna szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1997-2001, Művészettörténeti tanulmányok Sinkó Katalin köszöntésére (MNG Budapest, 2002)

TANULMÁNYOK / STUDIES - FÖLDI Eszter: Georges Rodenbach és Rippl-Rónai. A Les Vierges története

ESZTER FÖLDI Georges Rodenbach et Rippl-Rónai L'HISTOIRE DES VIERGES Le livre de bibliophilie intitulé Les Vierges, paru en 1895 à Paris est un des chefs d'oeuvres de l'époque de Paris de József Rippl-Rónai (1861-1927). Il contient ses quatres litographies en couleur et le court conte du poète belge Georges Rodenbach (1855-1898). L'éditeur a été le célèbre collectionneur et marchand d'art, Siegfried Bing. Avec Les Vierges a paru un autre livre, intitulé Les Tombeaux. Ici le conteur était le même Rodenbach tandis que les images (trois xylographies en noir et blanc) étaient gravées par un artiste écossais, ami intime de Rippl-Rónai: James Pitcairn-Knowles. Les lithographies Les Vierges ont été objets de nombreuses analyses. Ainsi dans mon analyse je me concentre surtout sur l'auteur des contes, Georges Rodenbach, et j'essaie de relever les liens supposés de ces deux artistes. Georges Rodenbach, poète belge d'expression française, est né en Belgique, il commence à s'occuper de la littérature après des études judiciaires. Pendant son premier séjour à Paris en 1878, Rodenbach fait la connaissance de Paul Verlaine et de Stéphane Mallarmé, et il se lie surtout avec le poète parnassien, François Coppée. Ces deux tendances littéraires, le Parnasse et le symbolisme deviennent déterminants dans sa poésie. Rodenbach s'installe définitivement à Paris en 1888 et acquiert relations et réputation parmi l'élite culturelle. Il est reçu dans les salons littéraires, chez Edmond de Goncourt, ami et admirateur. Dès 1889, il publie des romans et des recueils de poèmes. La carrière de Georges Rodenbach s'est interrompue subitement, avec sa mort précoce survenue Noël 1898. Son plus grand succès a été le roman Bruges-la-Morte. Bruges symbolise pour le poète la gloire perdue d'auparavant de la Flandre, la vie lente et monotone des petites villes de province. Le roman a relancé dans la mode cette ville impressionnante que Rippl-Rónai a également visité l'été de 1901, après être retourné en Hongrie. József Rippl-Rónai est arrivé à Paris un an avant Rodenbach, en mars 1887. À partir de 1894, Rippl-Rónai devient connu dans l'élite symboliste. En 1894 il expose au Salon des Champs­de-Mars son tableau intitulé Ma Grand-mère avec lequel il remporte grand succès. C'est grâce à son succès qu'il est devenu membre du groupe Nabi, surnommé "le Nabi hongrois" et qu'il fait la connaissance de Siegfried Bing. Selon ses Mémoires publié en 1911 à Budapest, il fréquentait dés lors les cercles symbolistes. Les livres Les Vierges et Les Tombeaux ont été créés d'une façon exceptionnelle: à partir de l'idée de Rippl-Rónai et de Knowles, d'abord les estampes, tandis qu'à la commission de Bing, Rodenbach a écrit les textes ultérieurement. Les estampes ne sont pas ainsi des illustrations du texte, mais au contraire, ce sont les textes qui les "illustrent". Bien que Rippl-Rónai ne mentionne pas le nom de Georges Rodenbach dans ses Mémoires, cela n'exclue pas leur relation, qui paraît d'autant plus possible, qu'ils fréquentaient les mêmes cercles artistiques. Il est en même temps peu probable que la connaissance personnelle ait entraîné la commission de Rodenbach par Bing. Peut-être Bing qui s'intéressait à l'art du livre voulait éditer quelque chose d'extraordinaire, d'inhabituel, et il a trouvé des partenaires pour ses aspirations dans ces artistes en vogue. Son choix peut être encore expliqué par le caractère de la peinture de Rippl-Rónai de cette époque: ses sujets constants, les portraits des femmes pâles, des femmes travaillant en silence, des intérieurs solitaires évoquent la poésie de Georges Rodenbach. Le destin des femmes, les étapes symboliques de leur vie a été un des sujets chéris des Nabis. Ils ont commencé à exécuter des tableaux et des séries de panneaux où des femmes sont représentées dans des scènes symboliques dès le début des années 1890. Sur les quatres litographies des Vierges aparaîssent des jeunes filles se promenant, assis, lisant sous des pommiers. Vu qu'il n'y a pas de relations directes entre les scènes, il est difficile de trouver un programme artistique conséquent dans la série. L'inconséquence et le manque du fil conducteur des compositions sont concevables dans le conte de Georges Rodenbach. Il est difficile de faire un rapport entre les parties du textes avec les images, quand-même, c'est le texte qui les explique: elles montrent le chemin abstrait parcouru de la jeune fille à travers son mariage, jusqu'à sa vieillesse. Le conte des Vierges bien qu'écrit à une commission et qu'il n'occupe pas une place importante dans l'oeuvre de Rodenbach est bien caractéristique à la poésie de l'artiste belge dont quelques motifs constants y apparaissent. Pour finir, j'ai examiné l'influence supposée que Rodenbach a pu exercée sur l'oeuvre de Rippl-Rónai. Après le retour de Rippl en Hongrie, il s'installe dans sa ville natale, à Kaposvár, qui ressemble aux "villes mortes" de Rodenbach. A partir de son retour à Kaposvár en 1901, il vivra jusqu'en 1908 dans la petite maison de sa famille sur la rue principale. Cette maison habitée de sa famille deviendra thème constant de sa peinture entre 1901 et 1908. En cette période dite "période d'intérieurs" Rippl prend pour objet le procédé lent de la vie de province, la vie de tous les jours à Kaposvár, les activités habituelles de la famille Rippl, les parents, les voisins etc. Cette attitude de s'absorber dans la vie intime, l'observation attentive des objets, des meubles, des détails, est semblant à la poésie de Rodenbach, sans devenir aussi mélancolique et morne. En examinant les titres des tableaux de la "période d'intérieurs" dans les catalogues, quelques-uns évoquent le monde de Rodenbach. Outre la ressemblance thématique, un autre lien se révèle entre la poésie de Rodenbach et la peinture de Rippl-Rónai. Chez tous les deux artistes, les mêmes motifs reviennent, toujours représentés d'un autre aspect, avec un peu de changements. Les motifs constants des deux artistes créent un monde poétique, et un monde pictural qui se ressemblent dans certains aspects.

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