Takács Imre – Buzási Enikő – Jávor Anna – Mikó Árpád szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve, Művészettörténeti tanulmányok Mojzer Miklós hatvanadik születésnapjára (MNG Budapest, 1991)
SZCZEPKOWSKA-NALIWAJEK, Kinga: Ou sont les trésors d'antan?
Le reliquaire le plus vénéré et le plus fameux était une statue de sainte Barbe. Elle pesait plus de cinquante kilogrammes et devait être portée en procession par quatre hommes. Le reliquaire a été donné par le roi polonais Casimir Jagellón en 1457 à l'église Notre-Dame de Gdarîsk et provenait de la chapelle du grand château des chevaliers teutoniques de Malbork. De cette chapelle provenait aussi une grande croix en argent avec la relique de la Vraie Croix. Chacune des nombreuses chapelles de l'église NotreDame de Gdarîsk, qui appartenaient à différentes familles et confréries, avaient leurs propres vases liturgiques et ornamenta ecclesiae quit n'étaient pas mentionnés dans l'inventaire général. Par exemple, la Confrérie de SaintGeorges possédait deux statues-reliquaires: celle de son patron, saint Georges, qui pesait huit cent vingt grammes d'argent, et celle de la Vierge Marie, qui pesait cinq cent quarante grammes. En 1524, craignant les luttes iconoclastes des protestants, la Confrérie de Saint-Georges les a cachées dans les coffres-forts de l'Hôtel de Ville. Deux ans plus tard, en 1526, ces statues-reliquaires ont retrouvé leur emplacement d'origine à l'église. 1 Un demi-siècle plus tard, en 1577, un conflit et peu après une guerre éclatèrent entre le patriciat de la ville de Gdarîsk et le roi polonais Etienne Báthory. Le conseil municipal décida de faire fondre les trésors de toutes les églises de la ville. On réquisitionna, dans l'église NotreDame seule, des objets en argent d'un poids total de presque trois cents kilogrammes, ainsi que toutes les vases liturgiques en or. Mais, dans des crises de ce genre, on laissait toujours à l'église des objets nécessaires pour célébrer la messe, et quand August Hinz a publié, en 1870, le premier livre sur le trésor de l'église, 14 il dénombrait encore cinq calices gothiques en argent, datant du XV e s. 1 Il en existait aussi un sixième, qui fut vendu en 1823 par le conseil de l'église à la loge maçonnique de la Prusse pour la modique somme de 80 écus. 16 Ce calice est le seul conservé - au Musée national de Varsovie -, les autres ont été détruits ou perdus en janvier 1945. Il est, avec celui qui porte le chronogramme 1426, 17 un excellent exemple de la maîtrise des orfèvres de Gdarîsk dans le deuxième quart du XV e s. Tous deux sont les très rares exemples - à vrai dire je n'en connais pas d'autres - de calices-reliquaires. Dans le nœud en chapelle ajourée du calice du Musée de Varsovie, on a monté un cylindre en cristal de roche où l'on voit les reliques des Vierges, sainte Catherine, sainte Barbe, sainte Agnès, sainte Elisabeth et aussi saint Georges et saint Maurice. Sur le pied, on a exposé la relique de la Vraie Croix et celle de saint Sébastien, entourées d'images gravées des saints intercesseurs - médiateurs du donateur, Andreas Kunisch. Les autres objets du trésor qui n'ont pas été fondus ne représentaient pas une très grande valeur matérielle. Sont conservés encore: deux ciboires, un ostensoir sans son cylindre, une navette, 18 une croix de la fin du XVI e s., tous en cuivre doré et trois reliquaires dont un coffret en ivoire. En dehors de ces œuvres, nous connaissons aussi un reliquaire en forme de reliure en argent, offert à l'église en 1480 par la Confrérie religieuse de Notre-Dame. Il a été détruit, hélas, en 1945, seul les objets en cuivre doré ont survécu à la deuxième guerre mondiale et se trouvent au Musée national de Gdarîsk. Un autre reliquaire, se trouvant aujourd'hui dans une petite église de campagne dans les environs de Gdarîsk, a pu être commandé, selon toute hypothèse, par la Confrérie des Marchands pour leur propre chapelle à l'église NotreDame de Gdarîsk. 20 Cette petite statuette, faite en 1514, présente sainte Barbe debout sur un socle où l'on voit six figures de saints en ronde-bosse: saint Paul, saint Georges, saint Léonard, saint Reinhold, saint Sigismond, saint Stanislaus ou saint Adalbert. Le choix des saints patrons laisse supposer la provenance de l'œuvre, puisque c'est un ensemble tout à fait exceptionnel dans l'art de cette région. Nous voyons saint Reinhold qui était le saint protecteur de la Confrérie des Marchands et à qui leur chapelle a été dédiée, un évêque - Adalbert ou Stanislas -, un des principaux patrons du royaume polonais, saint Sigismond - le patron du roi, Sigismond le Vieux. A cette époque, l'église Notre-Dame de Gdarîsk se trouvait sous le patronnage personnel du roi de la Pologne, aussi pouvons-nous reconnaître ici un geste diplomatique des marchands de Gdarîsk qui voulaient s'assurer de la sorte la bienveillance du suzerain. Ce reliquaire a dû être offert, vendu ou volé avant 1577; il est petit (44 cm environ) et facile à emporter. On ne retrouve sa trace qu'en 1932 dans l'inventaire de l'église de Piaseczno où il se trouve aujourd'hui. Son style l'attache étroitement à la sculpture de Gdarîsk de cette époque. D'autres grands trésors, à côté de celui de l'église NotreDame de Gdarîsk, appartenaient aux grandes villes de la région, comme Torurî ou Elblqg. Les églises de cette dernière ville, au XV e s., possédaient plus de deux cent cinquante objets liturgiques en argent, entre autres une soixantaine de calices de messe, dix-sept monstrances, soixante-treize croix et dix-huit statues-reliquaires en ar21 gent doré. Jusqu'à la deuxième guerre mondiale, ne se sont conservés que quatorze objets de ce trésor d'églises de la ville d'Elbla.g. Aujourd'hui il n'en reste que quatre, tous dispersés. 22 Dans les grandes églises ne demeure en fait aucune œuvre d'orfèvrerie gothique des anciens trésors du Moyen-Age, qui heureusement ont été davantage préservés dans les églises de villages de cette région autrefois si riche.