A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 3. szám. (MNG Budapest, 1980)

45. Mihály Munkácsy : Étude pour le projet « B » 46. Mihály Munkácsy : Étude pour le projet « B » Munkácsy Mihály: Tanulmány a ,,B" tervhez Munkácsy Mihály : Tanulmány a „B" tervhez hors (ciel) dans l'intérieur (cage de l'escalier) — passent à travers la rampe circulaire au bord inférieur du tableau, et, bien que les indications architecturales soient assez imprécises, tout cela contribue à donner l'illusion de la réalité. Sur l'esquisse 20/10 (Fig. 43), on est en présence d'une condensation et d'un élargissement considérables des conceptions spatiales. On y remarque de nombreuses différences : l'ouverture ronde et simple du tondo, qui jusqu'ici était plate, a maintenant de la profondeur, des dimensions, c'est ainsi qu'elle est devenue une balustrade, une rampe circulaire ; les trois «spectateurs» , qui jouent un rôle intermédiaire entre l'espace réel de la cage de l'escalier et l'espace du ciel, visible par l'ouverture, sont riches d'effet, placés près de cette rampe ; à la place de la rigoureuse vue de dessous (circulaire), on trouve une représentation incomparablement plus vivante, mieux adaptée au visiteur qui monte, avec une ligne d'horizon rehaussée au maximum ; le rétrécissement final que ré­clame la forme carrée exigée (regardons les lignes Lsécan­tes en haut et en bas de l'esquisse) arrive à opérer la con­centration nécessaire à la réalisation intentionnelle de l'illusion. Une pensée analogue apparaît sur l'esquisse 20/14 qui, à la place de la forme ronde, présente une forme architecturale carrée, donc une sorte de balus­trade projetée telle qu'elle se trouve dans le prolonge­ment du caisson carré — avec des figures difficilement identifiables et, à titre d'essai, sur l'un des côtés une rangée de colonnes dessinée en perspective raccourcis­sante. C'est seulement sur un point — nous-est-il permis de dire — que les projets de Munkácsy s'accordent avec ceux de ses prédécesseurs : le lieu de l'action est le ciel ; ainsi le veut depuis longtemps la tradition. 58 Dans le prochain projet, appartenant au deuxième groupe, Munkácsy change le théâtre de l'action. A la place des nuages, on voit un véritable sol, un terrain à pente douce descendant, remontant, inégal mais solide, avec des ar­bres touffus étendant loin leurs branches. Le peintre est donc redescendu sur terre et la signification de ce change­ment est évidente. Le fait qu'après s'être éloigné de la mythologie traditionnelle, Munkácsy ait pris le paysage comme nouveau cadre, est un signe indéniable de son attitude de refus vis-à-vis du thème proposé au début. Ceci nous remet immédiatement en mémoire la pre­mière réponse qu'il envoya à Hasenauer le 13 juillet 1886 (Colpach), dans laquelle il demande qu'il soit possible de choisir librement le sujet. Ce changement de cadre est dicté par d'autres idées, d'autres actions, d'autres person­nes, qui représentent la façon de sentir, de penser, de voir, propres à son temps, comme contenu adéquat et comme formulation valable. Bien que le paysage soit très sommairement tracé, l'essentiel de sa conception « héroique » est évident ; ces esquisses, où la vaste voûte céleste est animée d'une vie mystérieuse et intense par le grand nombre de ces génies qui y flottent ou y volent, sont en soi une preuve infaillible de ce que la « réalité » cherchée du contenu ne peut encore, pour ainsi dire, s'affirmer, qu'en tant que but lointain situé derrière des rideaux idéalisateurs.

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