A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 3. szám. (MNG Budapest, 1980)
de ce groupe quelques réminiscences d'un modèle trouvé dans l'œuvre de Mantegna? L'Adoration des Mages (Musée des Offices, Florence) de celui-ci présente des détails analogues et les motifs qui leur correspondent dans le tableau conservé à Lille pourraient passer pour des adaptations en style gothique. La manière de représenter l'attitude du vieillard à barbe qui, coiffé d'un bonnet, se tient derrière le balustre et celle du noir apparaissant à côté de lui, a été inspirée, en dernière analyse, par le fond d'une gravure sur bois de Dürer : La Cuisson à l'Huile chaude de saint Jean l'Évangéliste (B. 61). Le fond et les détails de ce fond du panneau conservé à Lille constituent une architecture idéale, telle qu'un artiste des pays du Nord s'imagine ou représente l'architecture des pays du Sud. La fontaine de bronze ornée d'une figure, les candélabres également en bronze, les maisons aux toits plats et les balustres style Renaissance témoignent de l'intention d'italianiser du peintre, mais il est évident que cette partie du panneau ne se rapporte à aucun lieu donné tout comme les personnages qui n'évoquent aucune personne réelle. Seul le roi peint en portrait fait exception à ce point de vue : en plus de la signature, c'est lui qui révèle quelque chose du peintre, de sa personnalité. LES TABLEAUX QUE NOUS VENONS D'ANALYSER ET LES GRA VURES DU MAÎTRE MZ L'étude des rapports que ces panneaux peuvent encore avoir nous oblige à suivre deux voies. Étant donné que le peintre travaillait très souvent d'après modèles, la connaissance de ceux-ci permet de confronter son œuvre avec l'œuvre ou les modèles d'un contemporain qui fut le plus proche de lui. C'est la première voie. La deuxième nous conduira à la comparaison des, deux œuvres par l'analyse de leurs composants stylistiques et spirituels et de leur structure. J'ai déjà essayé de rapprocher le panneau le plus ancien que nous connaissions dans l'œuvre du Maître MS (Déposition de Croix, datant probablement de 1500 et conservé au Musée National de Varsovie) d'une des plus anciennes gravures du Maître MZ (la Décollation de saint Jean Baptiste, vraisemblablement de la même année que la Déposition, L. 5). 47 Mes recherches ont prouvé que le peintre et le graveur avaient puisé à la même source : ils avaient trouvé leurs modèles dans les œuvres de Rogier van der Weyden, Schongauer, Dürer et aussi dans celle d'artistes italiens : Mantegna, Zoan Andrea, Marcantonio Raimondi et ceux de l'entourage de Léonard : Nicoletto da Modena et Jacopo de'Barbari. Une nouvelle comparaison des panneaux avec les gravures m'a amené à découvrir les mêmes modèles. Le graveur Maître MZ, tout comme le peintre, Maître MS, connaissait l'art de Mantegna. Il s'est servi d'un modèle trouvé chez lui pour dessiner la tête de la femme de sa gravure Idolâtrie de Salomon (L. 1); en représentant le père jouant le rôle du bourreau dans le Martyre de sainte Barbe (L. 7), il s'inspirait d'un des dieux marins en lutte de Mantegna (Hind 6) et pour le jeune homme du Couple s'embrassant dans un intérieur (L. 16) de la figure d'un soldat flagellant le Christ (Hind 8 et 8/a). 4 8 On trouve des détails empruntés à Zoan Andrea, respectivement à Léonard dans une gravure du Maître MZ représentant saint Georges (L 4). Le dragon y est dessiné en style gothique. Il remonte à une composition de Léonard (Une série de dessins représentant la lutte du dragon avec le lion, au Palais des Offices de Florence et à Francfort) 49 qui fut reproduite et rendue populaire par Zoan Andrea (Hind 7), Lucantonio degli Uberti (Hind 4) et un disciple de Léonard (Hind 5). Plus que les rapports que nous venons de mentionner, il importe pour nous, à cause de son caractère révélateur, la préférence du Maître MZ pour les premières gravures de Nicoletto da Modena. Il nous semble qu'il les avait acquises de bonne heure et il en a bien profité. Le Maître MZ, considéré comme l'un des plus indépendants et des plus anciens disciples du grand maître nurembergeois, en exécutant sa gravure Saint Sébastien (L. 6) ne s'est pas laissé influencer par le Saint Sébastien de Dürer (B, 56) qu'il devait pourtant connaître, mais il s'est inspiré d'une variante de goût italien de cette œuvre. La tête que l'on y voit fait penser au Pérugin bien que l'auteur de la feuille fût Nicoletto da Modena (Hind 37). 50 Le Maître MZ lui a emprunté une autre tête aussi, conçue dans la manière de Mantegna. La tête du juge du camp, une des figures équestres de Y Émulation des fils du roi (L. 21) est un emprunt fait également à une gravure de Nicoletto, au Vulcain forge l'aile de Cupidon (Hind 2) ou plutôt elle est une variante du modèle y trouvé. 51 Serait-ce un fait du hasard que quelques années plus tard, dans son panneau provenant de Hontszentantal, puis dans celui conservé à Lille, le peintre Maître MS peignit, lui aussi, des têtes qu'il avait connues par les gravures de Nicoletto ? Chose remarquable, la tête de Vulcain qui nous a été rendue familière par le Vulcain forge l'aile de Cupidon (Hind 2), nous la reconnaissons sous les traits de Stephaton aussi dans le Calvaire du Maître MS (Musée Chrétien, Esztergom). Exception faite de la figure du vieux roi mort de YÉmulation des fils du roi (L. 21), Saint Sébastien est l'unique nu masculin (L. 6) exécuté par le Maître MZ. Cet artiste qui concevait des personnages drapés et se montrait d'une extrême adresse en les représentant créa