A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 3. szám. (MNG Budapest, 1980)
panneau. Cette hypothèse est appuyée aussi par la proche parenté qui existe entre un dessin de l'artiste de Colmar, conservé au Musée des Offices (Florence), La Vierge en prière (Fig. 11) et la Vierge du panneau de Hontszentantal (Fig. 12). 19 Dans la figure de la Vierge de la Nativité le Maître MS a conçu, de toute évidence, un idéal dans le style de Schongauer et non pas dans celui de Dürer. Le visage, la bouche, les mains de la Vierge renvoient manifestement au dessin conservé à Florence ou à un autre modèle lui ressemblant beaucoup. Tous les changements que le peintre a effectués dans la représentation de la scène sur le panneau de Hontszentantal, ont été faits, en majeure partie, sous l'inspiration d'autres gravures et dessins du maître de Colmar. Le bœuf rappelle le même motif de la composition B. 5 ; l'âne est identique à celui des compositions B. 5 et B. 7. Quant au visage levé en haut du berger agenouillé, vêtu de cagoule, les gravures de Schongauer nous l'ont déjà rendu familier. 2 0 La main droite de saint Joseph évoque la main gauche, en image réfléchie, de La Vierge folle de Schongauer L. 86 21 (Fig. 28, 29). Et si nous mentionnons le fond de paysage dans le style de Dürer, il ne nous reste plus rien dans ce panneau que nous puissions rapprocher de l'art du grand Nurembergeois. Mme Edit P. Bálás a remarqué que chez le Maître MS le crâne fortement allongé en arrière de saint Joseph fait foi de la connaissance de certains personnages des tableaux de Mantegna. 22 En effet, la tête du saint paraît être une variante conçue dans le style gothique de quelque figure semblable du grand maître italien. Elle ressemble beaucoup à celle, mais présentée en image réfléchie, du grand prêtre de La Circoncision de Jésus (Offices, Florence). Mais la forme de la tête de saint Joseph tout en rappelant la manière de Mantegna, est enrichie de quelques traits de caractère qui permettent de supposer l'influence de Schongauer et aussi de Dürer. La position d'un berger agenouillé au fond du tableau a son modèle également dans l'art italien. C'est probablement une composition antique transmise soit par une gravure, soit par un dessin provenant d'Italie. Notre peintre a dû rencontrer les variantes de cette figure dans les œuvres de Mantegna et de ses disciples. Il se peut que le modèle original fut une œuvre disparue de Mantegna dont Dürer eût pu profiter en composant la Mort d'Orphée (Kunsthalle, Hambourg) 23 ou bien c'était la gravure « El mato » (Hind 2) de Zoan Andrea : / 'Homme nu agenouillé, tenant une couronne de laurier à la main (Fig. 17). Dans le tableau, la figure pareille à celle de la gravure apparaît vêtue en berger et représentée en image réfléchie (Fig. 18). Plus surprenant est encore le groupe de l'Enfant Jésus et des enfants lequel, de toute apparence, s'éloigne le plus des modèles offerts par l'art des pays nordiques. Nous ne rencontrons un tel Enfant Jésus ni dans les Pays-Bas, ni dans les pays allemands dans la première décennie du siècle. 24 L'Enfant y est représenté sous la figure d'un bambino dodu. On le voit de profil et de côté, bénissant, ce qui est étrange, sa mère qui l'adore. On comprend vite qu'il ne remonte pas, repensé dans le goût d'un style excellemment gothique, à quelque Nativité. Son architype apparaît pour la première fois dans les dessins de Léonard de Vinci (La Madone et l'Enfant et d'autres études. Windsor, n° 12 276, recto, surtout dans la figure du jeune saint Jean-Baptiste, à droite ; vers 1478—80) 2 5 et réapparaît à plusieurs reprises dans les compositions La Madone et l'Enfant Jésus des artistes travaillant dans l'entourage de Léonard de Vinci. 26 C'est par son profil que l'Enfant Jésus du tableau de Hontszentantal suit le plus exactement l'architype conçu par Léonard de Vinci (Fig. 13). Son corps un peu rondelet et la pose très caractéristique de ses jambes — la jambe gauche repliée sous la jambe droite en l'air montre la plante du pied - sont représentés de la même manière dans les peintures au même sujet des artistes appartenant à l'entourage de Léonard. 27 Leurs œuvres dérivent de la même conception originale que l'Enfant Jésus du panneau de Hontszentantal. Le Maître MS dut connaître un dessin fait soit par le grand maître, soit par un de ses disciples. En tout cas, nous ne sommes pas à même de le préciser ni de l'attribuer, ce qui ne nous interdit pas d'affirmer avec certitude que dans l'atelier du Maître MS se trouvait au moins un dessin fixant les formes et les poses de l'Enfant et que ce dessin provenait certainement d'Italie. Il va de soi que notre peintre ne put mettre à côté de l'Enfant-Jésus représenté tel qu'il avait été conçu par Léonard des anges du style de Schongauer. On est donc surpris de voir que dans un tableau les types d'anges qui le peuplent remontent à des modèles aussi divers qu'ici. Les anges flottant en haut du tableau dérivent, pour la plupart, de ceux du peintre-graveur de Colmar; les anges agenouillés en bas sont les répliques des angelots italiens. 2 8 Leur modèle direct fut trouvé dans une gravure : Le destin de la langue méchante de Nicoletto da Modena (Hind 33, Fig. 16). 29 Les deux putti face à face au milieu de la gravure ont inspiré le peintre dans la représentation du visage des deux angelots à genoux au premier plan du tableau ; la tête de l'angelot agenouillé un peu en arrière imite, en image réfléchie, la tête du putto à droite dans la gravure. Les bras, les mains des anges remontent à des modèles empruntés par l'auteur de la gravure à Mantegna et à Léonard. Le Maître MS les a adaptés au style du gothique tardif. 9. Martin Schongauer : La Nativité, dessin Martin Schongauer: Jézus születése, rajz