Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)

la stylisation qui réduit les détails à leur expression la plus simple. L'importance que l'artiste a su donner à la ligne médiane du crâne en forme d'arête, le modelé du visage plat et courbé vers l'intérieur, les contours anguleux des mains aux doigts effilés attestent bien le développement de sa technique. Le creux capricieux constitué par les pieds repliés et les bras tendus en avant est d'une beauté extraordinaire : vu sous tous ses aspects, il met en lumière la grande richesse des effets produits par des silhouettes intérieures. Le Rhesus Erythraeus peut être considéré aussi comme une œuvre de transition qui annonce de nombreux traits carac­téristiques de la composition qui l'a suivi, un groupe à deux figures, de petite dimension, les Jumeaux en pierre de campo bianco, exécuté en 1906. 32 Cette continuité entre les deux statuettes est affirmée surtout par le modelage som­maire des détails à peine indiqués du visage, par la forme de la tête et le caractère de bloc de la composition. Le groupe de sculpture Jumeaux a été acquis par le Musée des Beaux­Arts en 1908 ;i;i et depuis 1958 il représente l'art de Simay à l'exposition permanente de la Galerie Nationale Hon­groise (Fig. 19). Les Jumeaux annonce une nouvelle étape dans le dévelop­pement de la stylisation en vue de simplifier les détails. A l'encontre de l'abstraction spéculative manifeste dans les œuvres antérieures mettant l'accent sur le caractère des détails, cette statue fait voir une nouvelle conception de l'artiste qui — réduisant tout le groupe à un seul bloc monolithique — semble suivre un procédé archaïsant connu dans l'art des peuples primitifs. Les deux corps ne font plus qu'un, le tracé des membres joints divise la sur­face du bloc homogène, l'indication des yeux et de la bouche sur le visage ne rompt presque pas la surface con­clave. Le socle oblong aux angles arrondis et les figures ne font qu'un seul bloc. Le groupe se distingue également par la nouveauté de certaines caractéristiques de l'idée qu'il exprime. Le carac­tère de genre et l'humour des œuvres antérieures ont presque entièrement disparu. L'action, le système har­monieux et riche des attitudes font défaut à ce petit groupe dont les figures nous impressionnent par leur masse, par la solidité et la fermeté de leur existence. L'union des deux figures n'a plus l'intimité de la coquetterie pleine d'affection qui se dégage des œuvres antérieures, ni le con­tact enjoué de deux corps : elle parle d'une coexistence indissoluble et irrévocable, déterminée à l'avance. En même temps, malgré l'économie des détails, l'expression du visage trahit indiscutablement le sentiment d'être livré comme un simple jouet à des forces supérieures que l'on ne saurait jamais connaître ; elle communique le frisson d'une angoises irrationnelle. Ce sentiment qu'il est malaisé de définir dominera, avec plus de force, dans l'expressionnisme des sculptures exécutées après 1910. Le caractère statique des Jumeaux réapparaît sur VOrang­outang, figure de bronze datant également de 1906, 34 et se rapproche déjà sensiblement des procédés de décoration de la plastique architecturale. Cette demi-figure d'une structure architectonique semble sortir organiquement d'un socle large et elle ressemble étrangement aux figures d'ani­maux de garde que nous rencontrons sur des édifices élevés en des temps divers. La production des années 1907 et 1908 comprend deux charmantes statues de bronze de petite dimension. La mère et son fils 35 et Le père et son fils' M reprennent et exposent sur un ton plus enjoué, dans le langage plus délié du bronze, les problèmes soulevés dans les Jumeaux, cette composition à deux figures. La nouveauté de la Mère et son fils consiste dans un mouvement en spirale montant vers le haut grâce à la disposition des parties des corps et qui se termine à la tête penchée en avant dont la masse immobile le con­trebalance. En 1908, Simay a sculpté une statue, conservée actuel­lement à la Galerie Nationale Hongroise, qui a fait date dans son évolution. C'est le Couple de lions, 31 en granit noir de Belgique, une composition monumentale acquise comme les Jumeaux, en 1908 par le Musée National des Beaux-Arts (Fig. 20). Ce groupe qui condense dans une image fixe stupéfiante les forces des deux puissants fauves opposés l'un à l'autre dans le corps à corps, divise la surface encore moins que les Jumeaux et, indiquant à peine par le dessin les membres mobiles des bêtes, il se concentre décidément sur le mode­lage de leur masse d'une structure architectonique et parvient, grâce à ce procédé, à produire un effet drama­tique malgré la simplicité du bloc. Lorsqu'il s'agit d'indiquer les détails tels que les dents, la crinière, les pattes ou les yeux de la lionne, le procédé de l'artiste constitue un contraste violent avec celui qu'il avait employé dans ses œuvres antérieures. Au lieu de simplifier les formes perçues, de mettre en évidence leurs éléments essentiels, Simay recourt à l'emploi d'un système de formules stéréotypées qui deviendra un langage très proche du style ornemental. Ainsi, les dents rappellent un tampon de locomotive, les yeux font penser à des boutons et la forme de la bouche a la régularité d'une pièce détachée faite au tour. Le Couple de lions est le sommet de l'évolution qui a commencé avec les Jumeaux : il est la réalisation parfaite du type de composition monolithique en bloc. Les composi­tions à figures humaines des années qui viennent profite­ront, sous certains rapports, de la leçon que l'artiste aura pu tirer de cette œuvre. Une statue en pierre, Le cavalier, de 19 0 8, 38 reprend, dans le modelage du cheval, la technique employée dans le traitement de la surface du groupe des lions. Une tête de bronze, Béla III, 3 ' 3 marquée de quelques influences nouvelles, se range pourtant, par sa composition ferme, à côté des œuvres antérieures de Simay. Une œuvre de valeur, La chasseuse, exécutée en 1910,

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