Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)
par le poète à Vilmos Kupis, camarade de régiment et ami secourable. Il est à regretter que cette œuvre ait disparu déjà du vivant d'Orlai et que nous manquions de renseignements plus amples à son sujet. N'ayant aucune preuve qu'Orlai eût ambitionné déjà avant 1839 de se consacrer à l'art, nous nous bornons à indiquer sommairement les données biographiques indispensables pour la connaissance de cette période de sa vie. Il est né à Mezöberény, le 22 octobre 1822. Son père, Sámuel, était maître-bottier. Sa mère était Karolin Salkovics, fille de Pál Salkovics, frère de madame Tamás Petrovics, née Zsuzsanna Salkovics, grand-mère paternelle de Sándor Petőfi. Voilà les liens de parenté qui l'unissaient au grand poète. Parmi les huit enfants de Sámuel Petrich, Soma seul a fait des études supérieures. Avant d'aller à Sopron, il a étudié à Mezöberény et à Szarvas 7 . A Sopron, il a fait les classes de poésie et de rhétorique. Parmi ses camarades, mentionnons Sándor Lantay de qui nous venons de parler et Albert Pákh. Tous les trois se passionnaient pour la littérature et l'école de Sopron leur offrait plus d'une occasion pour satisfaire leur curiosité. Albert Pákh est devenu plus tard un rédacteur de journaux très influent qui publiait volontiers les écrits d'Orlai ou ceux qui lui étaient consacrés. C'est justement dans le journal très populaire de Pákh, dans Vasárnapi Újság (Journal du Dimanche) que nous lisons ce qui suit : « Lui et ses camarades ont décidé déjà à Sopron de fonder un cercle littéraire étant donné que la Société Hongroise qui y était très active depuis sa fondation en 1790, ne pouvait les admettre parmi ses membres en raison de leur jeune âge. » 8 Il avait un autre camarade d'école, Károly Salkovics, son cousin, originaire de Mezöberény. Son frère, Péter Salkovics, ingénieur-géomètre les a invités tous les deux, en 1839, à passer les grandes vacances dans sa maison à Ostffyasszonyfa, dans le département de Vas 9 . C'est alors que le futur peintre a fait la connaissance de Sándor Petőfi qui y demeurait dès le mois de mai de l'année, après avoir abandonné ses études à Sehnec. Un poème du jeune Petőfi conserve le souvenir de cette rencontre. Voici sa première strophe : « Ton chant a une harmonie enchanteresse, oh mon ami Pétries et mon cœur s'abandonne aux vagues de la joie, Et j'oublie mes souffrances Aux accents de ta lyre. » C'est en septembre 1839 que les trois amis sont rentrés à Sopron où Orlai et Salkovics ont repris leurs études tandis que Petőfi, faute de ressources, s'est engagé dans un régiment. * C'est en novembre 1840 que Soma Orlai Petrich s'est rendu la première fois à Pápa et il y a fait ses études jusqu'en 1844 au collège de la ville fondé en 1531. Parmi les professeurs de cet établissement pédagogique très célèbre nous trouvons alors Lajos Tarczy 1 ", István Bocsor 11 et Sándor Stettner 12 . On ne peut pas les surestimer, car c'est grâce à leur dévouement que l'école a connu l'âge d'or de son histoire. Orlai étudiait le droit, mais ses préférences allaient aux lettres. Immédiatement après son arrivée à Pápa, une société d'émulation s'est formée au collège. Orlai était parmi les fondateurs. L'année suivante, la Société a obtenu ses statuts et encourageait efficacement l'activité de ses membres 13 . Au printemps 1841, en mars, Petőfi est venu lui aussi à Pápa ; il y est revenu en octobre, la même année, pour un séjour plus long. En automne 1841, Jókai s'est inscrit lui aussi à l'École. Tous les trois prenaient part aux travaux de la Société dont le livre d'or manuscrit a conservé leurs premiers essais littéraires, nouvelles et poésies. Plusieurs de leurs écrits ont été publiés dans l'annuaire Tavasz (Printemps) rédigé en 1845 par Lajos Tarczy, leur excellent professeur. Le séjour des trois jeunes gens a fait le sujet de plusieurs études ; eux-mêmes en ont parlé. Rappelons d'abord ce qu'a écrit Orlai qui avait partagé avec Petőfi sa chambre d'étudiant dans le voisinage immédiat du collège. « C'est là que nous bâtissions nos châteaux d'Espagne, restant éveillés souvent jusqu'à minuit quand, fatigués à entendre répéter par l'un ou l'autre qu'il était temps d'aller nous coucher, nous cédions au charme du sommeil.» 11 Dans une lettre adressée à Orlai le 26 décembre 1846, Petőfi a écrit, entre autres, ce qui suit : « Ecoute, Soma. Si nous avions un jour la vie merveilleuse à laquelle nous rêvions tant de fois? Te rappelles-tu? 1 '' » JNous pouvons supposer que ces lignes évoquent le temps que les deux jeunes gens ont passé ensemble à Pápa. Quant à Jókai, voilà comment il parle de ses années d'études à Pápa : « Chacun d'entre nous avait sa marotte : Orlai rêvait à la poésie, Petőfi au théâtre, moi à la peinture. Orlai écrivait des scènes romanesques sensationnelles, Petőfi les récitait et moi je les illustrais par mes tableaux 16 . » Dans la biographie qu'il a consacrée à Jókai, Kálmán Mikszáth parle lui aussi des années d'études du romancier : « Jókai sympathisait surtout avec Orlai qui avait la même nature douce que lui. Orlai aussi savait peindre et ils se montraient l'un à l'autre leurs dessins et esquisses et parlaient de beaux tableaux dont on pouvait voir plus d'un dans le château des comtes Eszterházy. Orlai écrivait aussi des nouvelles ; elles leur fournissaient un nouveau sujet pour la conversation. Il était le meilleur styliste de la petite compagnie. Deux printemps se sont rencontrés ; leur printemps à eux, leur jeunesse qui réchauffait leurs cœurs ; l'autre qui a apparu au pays après l'hiver qui durait aussi longtemps que des siècles dans le domaine de l'esprit. . . 17 » Rappelons encore une fois les souvenirs d'Orlai : « JNotre hôte le plus assidu, c'était Jókai qui passait chez nous presque autant de temps que chez lui. . . Si Petőfi était content d'une de ses œuvres nouvelles, il la récitait devant