Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)
LES ANNEES DE MATURATION DE L'ART DU PEINTRE SOMA OR LAI PETRICH Le cent-cinquantième anniversaire en 1973 de la naissance du poète Petőfi, le cent-vingtième anniversaire en 1969 de sa mort et, entre ces deux dates, le cent-cinquantième anniversaire en 1972 de la naissance du peintre Soma Orlai Petrich ont de nouveau attiré l'attention des chercheurs sur l'activité et l'œuvre de ce dernier. Nous disons « de nouveau », parce que la Galerie Nationale Hongroise avait déjà organisé en 1969 une exposition commemorative à Pápa où le peintre avait fait ses études 1 et que la revue Művészet (Art) avait publié deux essais consacrés à son œuvre 2 . L'exposition de Pápa avait réuni sinon la totalité au moins une partie considérable des créations du peintre : portraits, tableaux historiques, scènes de genre, illustrations à l'huile ou à l'eau-forte d'ouvrages littéraires. C'est cette exposition qui a donné l'idée de présenter, à l'occasion d'un des anniversaires dont nous venons de parler plus haut, l'œuvre d'Orlai Petrich dans son ensemble au public de la capitale aussi. Etablir un parallèle entre Petőfi et Orlai n'a rien de forcé. Le poète et le peintre étaient cousins germains, ont fait ensemble leurs études au collège de Pápa où Orlai partageait de bon cœur avec Petőfi sa modeste chambre d'étudiant. Au cours de leur vie, ils se sont plusieurs fois rencontrés. Et, ce qui importe le plus, Orlai appartenait par l'esprit et par le cœur à cette génération dont Petőfi était l'un des chefs spirituels. C'est pour cette raison que nous lions les deux noms et nous nous attachons à raviver le souvenir du peintre au moment où les historiens littéraires s'emploient déjà à préparer dans tout le pays des fêtes solennelles pour célébrer l'anniversaire de la naissance du grand poète hongrois. Après ce préambule, disons que Soma Orlai Petrich a été le précurseur de la peinture historique en Hongrie et que son activité a encouragé sous plus d'un rapport le grand processus de transformation au cours duquel nos peintres se détournant de la conception froide ou plutôt médiocre du classicisme et du bidermeyer, ont découvert un monde plus complexe, celui de la peinture historique riche en idées de valeur universelle et en moyens efficaces. Nous insistons sur le fait qu'il était un artiste précurseur, un de ceux qui avaient été précédés, comme lui, non pas d'artistes de talent d'une force suggestive, mais de petits maîtres honnêtes qui voulaient apporter du nouveau, renouveler l'art, sans en avoir le don. Par conséquent, leurs recherches n'ont pas abouti comme ils l'avaient désiré, elles sont restées imparfaites. Tout en estimant le rôle qu'un Bálint Kiss par exemple avait pu jouer dans l'évolution de la peinture hongroise du siècle dernier, nous sommes obligés de constater que ce peintre valait plus par l'exemple qu'il donnait que par les moyens d'expression dont il disposait. Son exemple devait encourager Orlai dans la poursuite de ses propres projets ambitieux sans qu'il pût trouver dans les œuvres de son prédécesseur le modèle d'un langage pictural qui, perfectionné, lui eût permis de vaincre les difficultés de l'expression. Ceux qui passent pour des modèles dans l'évolution de la peinture historique hongroise comme Viktor Madarász, Bertalan Székely ont apparu plus tard alors que le rôle de précurseur d'Orlai et de ses compagnons avait déjà fait sentir ses effets. C'est l'activité d'Orlai et de ses compagnons qui avait révélé la première — bien que dans une conception précoce et primitive — les grandes possibilités dont disposait la peinture historique pour éveiller dans une communauté le sentiment de la solidarité, la conscience nationale et avait mis en relief le fait que l'époque attendait de ses artistes la découverte des moyens de l'expression qui permettent aux idées sublimes du temps de prendre corps. Le caractère que prenait l'œuvre d'Orlai a été déterminé par les circonstances de sa première formation artistique. Celle-ci a eu lieu en effet dans un milieu allemand. Ses thèmes trop riches en éléments littéraires ne doivent rien à l'art français qui se distinguait par la passion de l'ordonnance des éléments, la richesse du coloris, le mouvement et la composition concise faisant ressortir les valeurs picturales des détails aussi ; ils ont subi l'influence de l'esprit du romantisme allemand ou, pour mieux dire, de la peinture historique allemande dramatique seulement par les idées exprimées, autrement narrative et très respectueuse des normes académiques. Tout ce qui vient d'être dit, nous paraissait nécessaire à l'analyse des principes aussi bien qu'à l'étude monographique de l'œuvre d'Orlai. Nul doute que le jeune artiste débutant dans sa carrière était déjà influencé comme il le sera dans les années de l'épanouissement de son art jusqu'à la fin de sa vie par les aspirations idéales que nous venons exposer assez sommairement. En même temps, son expression sera toujours marquée par sa conception primitive de la forme. Celle-ci reflétait, comme nous l'avons déjà mentionné, l'influence de l'académisme allemand qui n'a pourtant pas empêché son art de s'approfondir, son coloris de s'enrichir, son sens