Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. – Doroghyné Fehér Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 2. szám. (MNG Budapest, 1974)

Ces paroles arriéres prouvent d'une manière irréfutable que dans la première moitié du XIX e siècle la situation défavorable des arts contraignait toujours nos artistes d'émigrer. D'autres artistes qui avaient vu du monde et mené une vie aventureuse, tels qu' Ágoston Schöfft (Schœfft), Miklós Liebe, ont été attirés en Russie par leur nostalgie de l'exotisme oriental. Les circonstances dans lesquelles ils étaient partis, ne sont pas encore suffisamment éclair­cies. Pour la plupart, ils sont partis pour satisfaire à une invitation : János Rombauer avait été invité par le comte Ilinski 1 ", Ferenc Liszt avait fait la connaissance de la tsarine à Ems 11 . Certains Hongrois ont pu se rendre enRus­sie sur la recommandation de savants hongrois au service du tsar : János Orlay (Orlov) était médecin à la cour à partir de 1801 et là il a organisé l'immigration de plu­sieurs savants hongrois 12 . D'après les documents récem­ment publiés, il n'était pas étranger au départ pour la Rus­sie de Rombauer et de Czausig 1:t . Nous connaissons aussi l'exemple d'un artiste, Mihály Mankovits qui, sans être invité ni recommandé, s'est décidé à se rendre à tout prix en Russie pour en connaître les curiosités 14 . Ce ne sont pas les artistes les mieux doués qui allaient en Russie dans la première moitié du XIX e siècle. Károly Marko père s'est établi en Italie, Károly Brocky en Angle­i. Sándor Kozina (1801—1873) : Autoportrait, 1829 Kozina Sándor (1801—1873) : Önarckép, 1829 terre. La différence du niveau des arts ne suffit pas à ex­pliquer ce choix. La Russie était alors moins connue, l'opinion que certains journaux et personnes faisaient répandre sur elle inspirait plutôt de la méfiance. Pourtant, par rapport à l'époque précédente, un nombre plus élevé d'artistes hongrois s'y sont rendus. Cette émigration d'artistes hongrois en Russie a été motivée, outre les dif­férences que nous venons de rappeler, par la réputation de la cour tsariste d'être fabuleusement riche 15 et surtout par l'existence de meilleures possibilités de satisfaire les mêmes besoins apparus dans les deux pays au cours de révolution sociale. L'artiste hongrois le plus doué parmi ceux qui, dans la première moitié du siècle dernier, œuvraient en Russie, c'était János Rombauer (Johann ou Jan, 1782-1849). Il avait été amené à Saint-Pétersbourg en 1806 par le comte Ilinski. Vite, il a conquis le public de la capitale, est devenu très popidaire dans les milieux aristocratiques. Les familles distinguées lui commandaient des portraits (les Khvostov, Pechtchourov, Ratkov, Litrinov, Gouriov, Branitzki. Orlov, Dienissov, et d'autres), mais il n'a jamais eu de rap­ports directs avec la cour. Le portrait du tsar Alexandre I er sur plaque de cuivre, il l'a peint en 1818 d'après une mi­niature d'Isabey. (Cette œuvre se trouve dans la collection de la Galerie Nationale Hongroise.) (Fig. 1) Il a travaillé à Saint-Pétersbourg jusqu'en 1824, produisant des œuvres qui ont atteint mais ne dépassaient pas le niveau moyen de l'époque. Son œuvre le mieux venue c'est un autopor­trait peint en 1821 et figurant aujourd'hui parmi les tableaux de l'exposition permanente de la Galerie Nationale Hongroise (Fig. 2). Son flou et sa manière de répartir les lumières l'apparentent aux portraits de Kiprenski. La plupart des œuvres de Rombauer sont conservées dans les musées de l'Union Soviétique 1(! ; plusieurs ne sont connues que grâce à des eaux-fortes faites d'après elles. L'activité des maîtres du burin de l'eau-forte s'est inten­sifiée en même temps que la littérature prenait de l'essor. L'un de nos meilleurs graveurs sur cuivre, Sámuel Czetter (ou Tzetter, né en 1765, mort vers 1819) est parti lui aussi pour la Russie le 26 juillet 1807, puisque les presses univer­sitaires de Pest n'avaient pu lui assurer un plein emploi. La revue hongroise Tudományos Gyűjtemény (Répertoire scientifique) nous apprend qu'il y est entré au service de l'État et acquis, par son travail, de la gloire pour lui­même et pour sa patrie. Il a travaillé à Saint-Pétersbourg jusqu'à sa mort. Il a gravé des portraits, des vues d'après le modèle, des illustrations, en particulier pour des ouvrages scientifiques. (Hortus Mosquensis, Museum Demidov). C'est lui qui a gravé sur cuivre le portrait peint par Wagner (Fig. 3) de J. W. Hässler, chef d'orchestre et compositeur. Il n'est pas interdit de penser que notre pastelliste József Frigyes Wagner était également allé en Russie comme une note que nous lisons dans la correspondance de l'écrivain Kazinczy semble le confirmer. A notre grand

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