Pogány Ö. Gábor - Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1. szám. (MNG Budapest, 1970)

68. Károly Telepy (1829-1906) : La Chartreuse de Rome. 1859 Telepy Károly (1829—1906): A Karthausiak kolostora Rómában. 1859 en est presque entièrement occupé par trois arbres géants dont les cimes se découpent majestueusement sur le ciel bleu entre de légers nuages blancs chassés par le vent. Dans le fond, les arcades en d;;mi-eercle de la Chartreuse semblent se rapetisser à côté des arbres géants à la tête verte s'élevant tout droit dans le ciel. Cette composition si fraîche et si artistique de la toute première manière de Telepy nous rappelle les premiers paysages italiens de Corot 11 . L'attachement du peintre au passé historique est l'expression de sa conception romantique 12 . Par réaction au classicisme, cette conception surgit partout en Europe; et la peinture ainsi conçue s'adresse en premier lieu aux sentiments qu'elle exprime et suscite dans tous les domaines, dans le genre aussi bien que dans la composition his­torique ou le paysage. Les peintres se tournent de pré­férence vers la nature, source de la force primitive. Leur attitude s'explique d'une part par leur désir de découvrir, de connaître la nature, d'autre part par une évasion de la réalité sociale sans aucune issue. L'ancêtre, précurseur de cette tendance, fut un écrivain, J. J. Rousseau. Un autre trait romantique qui apparaît en même temps, c'est la reconnaissance de la lutte et des changements perpé­tuels se produisant dans la nature. Aucun essai n'est encore fait pour transformer la nature à laquelle l'homme, spec­tateur sans défense, est toujours asservi. A partir de 1859, Telepy travaille en Hongrie; où il est rentré avec Antal Lige;ti lors de l'ouverture des hostilités entre l'Italie et l'Empire autrichien. Ils se mettent à enganiser, pour remplacer l'ancienne Société d'art, une nou­velle société artistique. Quand en 1861 la Société des Beaux-Arts commence ses activités, au début Telepy y travaille; en qualité de secrétaire, puis comme conserva­teur pendant quaranteans, servant avec enthousiasme et dévoûment les intérêts de l'art hongrois. Il est probable que sa désignation à ces fonctions successives ne soit pas due seulement au rôle prédominant qu'il a joué dans la vie artistique de son pays, mais encore aux nombreux voyages qu'il a faits à l'étranger et aussi à la valeur ar­tistique de ses tableaux qui ont gagné l't;stime du public. Telepy continuait son art aussi en Hongrie et en 1860 il a envoyé un tableau, Les ruines du château de Diósgyőr à l'e;xposition organisée par les soinsde la Société des Be;aux­Arts. (Fig. 69.) Ce tableau fut la première d'une série de compositions qui, par la représentation de châteaux et de ruines historicmes, contribua à renforcer l'esprit na­tional 13 , la construction de ce tableau conserve encore quelque chose de théâtral, certains de ses éléments sont empruntés à Marko, ainsi, au premier plan, à droite et à gauche, un arbre haut dans les airs et un buisson ; au milieu, des figures de petite taille et dans le fond le motif principal, le; château avec ses hautes tours en ruines. En même temps nous pouvons observer quelques modifi­cations apportées à la manière du maître. Le paysage idéal de celui-ci est remplacé par un paysage concret, un paysage hongrois, et les personnages mythologiques par des figures quotidiennes. La représentation sur la rive d'un groupe de figures en costumes folkloriques correspond déjà à la conception romantique. La peinture de la vie populaire 1 , l'intérêt naissant pour le peuple relèvent des tendances des poètes et artistes romantiques, c'est ainsi que ceux ci expriment leurs sentiments patriotiques. De même que Madarász, Székely, Than qui évoquent les événements du passé de la nation et dont les héros incitent, par leur eîxe'mple, à la résistance 1 ou à la révolte, le jeune peintre aussi présente, inspiré par son patriotisme, les scènes des hauts faits historiques 14 . Ce trait typiquement roman­tique se retrouve dans l'œuvre d'autres paysagistes du même esprit, comme Antal Ligeti, Gusztáv Keleti, Sándor Brodszky 15 . Pendant les années difficiles de la création d'une pein­ture nationale, les artistes s'adonnaient nécessairement à des activités multiples et diverses, non seulement dans le but de faire reconnaître le droit de l'art à l'existence, mais

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