Pogány Ö. Gábor - Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1. szám. (MNG Budapest, 1970)

APPENDICE Lettres inédites du jeune Loránd Eötvös à son précepteur, Gusztáv Kelety I. A Monsieur Gusztáv Klette. . . Pest, le 15 novembre — 1861 Cher Monsieur, excusez-moi de ne pas avoir répondu jusqu'ici à votre aimable lettre qui m'a causé une joie incommensurable, mais croyez-le, je suis terriblement occupé, principalement d'études très amusantes. Voyez plutôt l'emploi du temps d'une de mes journées : Nous nous levons tous les jours à cinq heures du matin et pour mon compte je repasse les leçons étudiées la veille. A sept heures et demie je pars pour l'école où je reste jusqu'à onze heures. Alors, trois fois par semaine, j'ai une leçon de dessin, trois fois par semaine également, je vais au manège. A midi, nous déjeunons et de une heure à deux heures je vais faire de l'escrime avec les Lônyay chez le maître d'escrime Keresz­tessy. De deux à quatre heures je me trouve de nouveau à l'école. A quatre heures et demie, nous dînotis ; trois fois par semaine de six à sept j'ai une leçon d'anglais et trois fois également je répète le grec et le latin avec monsieur Vécsey. A sept heures j'apprends mes leçons; à huit heures et demie nous prenons le thé. Je suis libre mardi après-midi ; nos cours se terminent toujours à onze heures, à l'exception du samedi quand ils finissent déjà à dix heures. Mes pro­fesseurs sont les suivants : professeur principal et professeur de hongrois est M. Koczéiny. Le latin est enseigné par Czeh, le grec par Szepessy, la minéralogie et la géométrie sont ensei­gnées par Peck, la physique par Ede Polák, docteur ès sciences, l'histoire par Nachtigall, le cathéchisme par Trautwein. L'allemand n'est pas obligatoire. Mon père qui, aujourd'hui, est parti de bonne heure pour Szenttornya et nous autres aussi, nous nous portons tous bien et votre lettre amusante adressée à mon père et cjue nous avons tous lue, nous a causé un vif plaisir. Papa vous répondra un de ces jours. Je vous prie de me dire dans votre prochaine lettre quelle classe de dessin fréquente M. Greguss et faites-lui part de mes salu­tations. Je viens de recevoir une lettre d'Udvardy qui vous envoie ses salutations. En vous remettant les meilleurs sou­venirs de Papa, de Maman, de mes sœurs, de monsieur Vécsey et de la gouvernante ainsi que de monsieur Strohmaycr, je reste toujours affectionné votre Loránd IL Pest, le 27 dec 1861 Cher M. Klette, Il m'est difficile de vous de vous décrire la joie que j'ai éprouvée en ouvrant votre missive. En entrant dans ma chambre et en allant vers la table, j'ai tout de suite vu votre aimable lettre. Je l'ai prise dans ma main, je l'ai tâtée, je me suis aperçu qu'elle contenait quelque chose de dur; j'ai regardé ce que c'était et j'avais en main mon cher monsieur Klette, le cigare entre deux doigts, dans son attitude habituelle quand il contemplait absorbé quelque tableau. J'ai passé en imagination toute ma soirée avec vous. Je me suis souvenu comme les temps que nous avions passés ensemble étaient heureux. C'est seulement maintenant, privé de cette joie, que je m'en rends compte. Je ne sais ce que je donnerais si nous pouvions encore être ensemble un jour seulement, ne fût-ce que pour étudier. C'est seulement maintenant que je peux apprécier le bonheur d'être avec vous. Croyez-moi que, pensant à vous, les larmes me viennent aux yeux et le soir dans mon lit je pense tellement aux beaux temps passés avec vous que le sommeil passe. Mais assez de regrets et ce qui est une fois passé est bien passé. Maintenant je vais vous écrire brièvement ce que j'ai reçu à Noël : de Papa j'ai reçu un joli manteau hongrois, de Pabló une badine, de l'oncle Dénes une très belle armoire pour mes collections de médailles, etc. Le nouvel an approchant, je vous envoie mes meilleurs voeux et accordez-moi, je vous prie, même si ce n'est que quelques minutes, pour penser à moi. Croyez-moi, même si vous ne m'écrivez cette année que quelques lettres mais affectueuses, c'est mieux pour moi que si vous m'écriviez annuellement des volumes, mais d'une froideur glaciale. Adieu, le Tout-Puissant vous bénisse et pensez quelquefois à votre fidèle disciple Loránd Eötvös 111. Szêcsényi hegy, le 8. juin. 1863 Cher M. Keleti, J'ai le regret de constater que je ne puis commencer mes lettres autrement que par ceci : Le 21 mai j'ai eu le grand plaisir de recevoir votre lettre qui m'a causé une grande joie. Excusez-moi de ne pas y avoir encore répondu jusqu'ici,

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