Pogány Ö. Gábor - Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1. szám. (MNG Budapest, 1970)
János Garay. La composition et la technique d'une très grande simplicité du tableau n'excluent pas cette parenté. Les couleurs, mer verte aux vagues à crête blanche, petites figures rouges et blanches, sont les mêmes que sur les autres tableaux du même genre. Les petits marins aux mouvements incertains, balancés par la mer, se tiennent cette fois aussi, à l'intérieur de la barque. Cependant, les accessoires simples, les éléments effacés du milieu autoriseraient peut-être à considérer ce tableau non pas comme une copie mais comme une œuvre originale. Une autre tempête de la série, Nuit sur la mer en fureur (Fig. 26.) appelée aussi Naufrage pose un double problème. La mer d'un vert glacé, le ciel gris sombre, les nuages argentés, le clair de lune au milieu, à gauche la masse d'un rocher surmonté d'un grand arbre feuillu courbé par le vent, la scène d'un naufrage au pied de la tour recouverte de verdure, en somme les détails et l'impression d'ensemble témoignent de l'inspiration de Vernet. Nous possédons une variante de cette composition dans la collection Blaskovich à Tápiószele ayant appartenu au legs de Pyrker 39 . Cette toile présente le ciel rougi par un éclair et nous offre encore, au même endroit et dans la même position, le grand bateau qui figure sur le tableau de Vernet conservé à Bâle. On serait tenté de supposer que Kisfaludy ait peint deux variantes du même sujet, l'une avec le clair de lune argenté (tableau de Budapest) et l'autre avec l'éclair rougeoyant (tableau de Tápiószele). Cependant, on remarque aussitôt que le tableau de Tápiószele est, même dans son état actuel, sans être nettoyé une œuvre mieux réussie que l'autre. L'eau et le rocher y ont un caractère plus matériel, les gestes de marins sont des gestes humains, vivants et non pas ceux de poupées maladroites comme sur le tableau de Kisfaludy. Dans ces pages nous nous bornons à constater qu'il ne s'agit pas ici de deux variantes d'un même sujet. En réalité, nous avons trouvé le modèle de la composition de Kisfaludy dans ce tableau de Tápiószele, œuvre probablement d'un disciple de Vernet ou copie de l'œuvre du maître français que nous devons certainement à un artiste autrement doué et mieux formé que notre Kisfaludy. En constatant cela, nous n'excluons pas l'hypothèse, non verifiable avant que le tableau ne soit rafraîchi, d'avoir trouvé dans le tableau de la collection Blaskovich une œuvre originale de Vernet. (Fig. 27.) A côté du groupe de vues et scènes maritimes, comprenant des copies et des variantes d'œuvres de Loutherbourg, de Wutky et de Vernet et aussi des compositions utilisant certains détails et éléments caractéristiques empruntés à ces maîtres, nous possédons un autre groupe de tableaux de Kisfaludy qui, moins étroitement unis que les précédents, mettent à profit les éléments et les motifs trouvés dans la peinture romantique, héritière de la peinture baroque. Ces tableaux peuvent être rapprochés les uns des autres par l'analogie de quelques détails, par la manière de traiter le ciel et les nuages et, surtout, par la tendance à exploiter la lumière du feu, de l'incendie comme source lumineuse. Deux des tempêtes sur terre, Orage nocturne et Incendie d'un village pendant une nuit de clair de lune (Galerie Nationale Hongroise) appartiennent à ce groupe 25. Károly Kisfaludy (1788-1830) : Mer en furie avec un petit corsaire Kisfaludy Károly (1788—1830): Viharos tenger kis kalózhajóval