Pogány Ö. Gábor - Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1. szám. (MNG Budapest, 1970)

cinq ans après la gravure de Kisfaludy est une simple réplique de celle-ci mais dans le style du genre hongrois à la mode du XIX e siècle que le graveur sut lui donner par quelques modifications apportées au caractère des personnages et aux costumes et à la présentation des gueux dans un intérieur. Les deux œuvres nous renvoyent indéniablement à une même gravure, faite évidemment d'après une peinture hollandaise. Nous devons écarter l'hypothèse d'un remaniement par Kaiser de la gravure de Kisfaludy, puisque la lithographie se distingue par une perspective sûre tandis que celle de l'œuvre de Kisfaludy est plus qu'incertaine. Les deux autres gravures sur cuivre de moindre im­portance nous amènent dans le domaine du paysage, genre qui convenait mieux, dès le début, à la personnalité de Kisfaludy et dans lequel son habileté de copiste lui per­mettait de faire des œuvres agréables malgré le manque d'études sur le vif. Leur composition est dégagée, ils ne présentent aucune affinité réelle avec les sépias plus ori­ginales que nous avons fait connaître plus haut. Bien qu'il soit impossible de retrouver avec certitude, sur la base d'affinités de style, les modèles de ces eaux-fortes, elles ne peuvent pourtant pas être considérées comme œuvres originales. Elles nous offrent cependant l'occasion d'appré­cier chez Kisfaludy une connaissance plus ferme du dessin qui l'a aidé à sortir du dilettantisme. Dans toutes les études sur Kisfaludy, on retrouve la donnée biographique selon laquelle le poète-peintre installé à Pest, aurait gagné sa vie pendant plusieurs années en brossant de petits paysages. D'après un renseignement que nous devons à Ferenc Toldy, il aurait fait jusqu'en 1822 des dessins paints en noir ou des couleurs d'aquarelle 22 . Ces tableaux peints avec une routine remarquable auraient été vendus par le logeur de peintre, un brave homme, si, toutefois, ils trouvaient des acquéreurs. Ce logeur a ins­piré le romancier Jókai à dessiner la noble figure de mon­sieur Tseresnyés qui, dans le roman Eppur si muove, animé des intentions les plus nobles, recherchait à domicile des clients pour le peintre-écrivain Kálmán Jenői, son sous­locataire dans un modeste appartement de la rue Magyar. En 1963, quand les organisateurs de l'exposition des œuvres de Kisfaludy se sont adressés au public pour solliciter son aide, il a été découvert un lavis de petit format teinté avec des couleurs d'aquarelle 23 . Nous avons retrouvé l'ori­ginal de cette œuvre bien venue : Pêcheurs sur les rives du Tibre près de Soracte. (Fig. IL, 12.) C'est une gravure de Jan Both, un des membres de la famille Both que nous avons déjà mentionnée en recherchant le modèle de la Compagnie de gueux. Kisfaludy avait apporté quelques changements à la composition originale en donnant plus d'importance au paysage aux dépens des figures ; il ne copiait donc pas servilement son modèle. La routine qu'il avait déjà acquise lui permettait de rendre sensibles l'air du paysage et la perspective. Cette œuvre seule suffit à nous persuader que les tableaux de Kisfaludy avaient pu facilement trouver acquéreurs parmi les bourgeois de Pest puisque ceux-ci n'étaient pas encore gâtés par des œuvres originales hongroises. En tout cas, Kisfaludy dut à ses études classicisantes à l'Académie de Vienne qu'il fut plus tard attiré par un représentant du paysage hollandais au XVIII e siècle qui avait fait ses études en Italie et avait subi l'influence du paysage héroïeo-idyllique de Claude Lorrain. 9. Károly Kisfaludy (1788-1830) : Chapelle sur le bord d'un ruisseau Kisfaludy Károly (1788—1830): Kápolna a patak partján

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