Pogány Ö. Gábor - Csengeryné Nagy Zsuzsa dr. szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Évkönyve 1. szám. (MNG Budapest, 1970)
<J1. Lajos Vajda (1908-1941) : Nature morte aux assiettes au-dessus des maisons. 1936 Vajda Lajos (1908—1941): Tányéros csendélet házak felett 1936 ont un caractère immuable, les symboles ne sont pas dus au hasard, ils ne sont pas éphémères : l'artiste les crée à tout jamais et y condense tout son être. Par exemple, sa Nature morte aux assiettes au-dessus des maisons (Fig. 91.) ne se borne pas à représenter la beauté de la paix d'un certain après-midi dans une petite ville, mais de plus, elle semble s'y attacher comme à la dernière possibilité de vivre cette vie intime; de; tous les jours. Vajda saisit ce qu'il sait voué à la mort. Il essaie malgré tout de s'opposer à l'inévitable, de sauver au moins par le dessin ce qui est encore une réalité, n'étant en somme qu'un rêve existant encore, mais qui sera bientôt le passé. C'est ainsi que le concret devient symbole, le symbole condensé en quelques éléments d'une manière de vivre imaginée. Le plus souvent, les dessins de Vajda sont très complexes, leurs éléments s'enchevêtrent les uns dans les autres, tandis que les motifs à leur naissance sont simples comme la racine d'un mot, leur existence va de soi et n'exige aucune explication. La sensibilité de sa vision permet à Vajda de découvrir les formes qui conviennent à sa nature lyrique réagissant en premier lieu à l'ambiance des objets. Ce sont principalement les rues, celles de Szentendre qui l'attirent particulièrement. « Nous avions avec Komis l'habitude de flâner après le coucher du soleil dans les rues tortueuses de la ville où tout était silencieux et calme. Les maisons étaient étroitement serrées les unes contre les autres ; on n'apercevait que des silhouettes et le ciel vert émeraude parsemé de petits diamants. En marchant dans les ruelles étroites, une source de lumière invisible projetait une ombre mystique sur un pan de mur en face : nous étions à la fois étonnés et émerveillés et nous avions un sentiment qu'on ne peut rendre que visuellement : nous avions l'impression de vivre dans un pays de fées où tout est possible. On pouvait voir des chambres désuètes qui semblaient dormir et dans lesquelles des ombres mystérieuses se déplaçaient. Tout cela ressemblait aux tableaux de Chagall. » (Lettre du 18 août 1936.) Cependant, ce ejue Szentendre offrait à sa vision n'apparaît pas dans une atmosphère de rêves romantiques. La raison, la discipline intérieure et instinctive du peintre qui ne dévoile pas directement ses émotions les plus intimes leur donnent une consistance solide. Ainsi, la composition, l'ensemble du tableau ou du dessin sont indéniablement rationnels, tandis que les éléments, malgré leur caractère simple et quotidien, sont lyriques. Ses sujets évoquent avant tout Szentendre et sa région, surtout les églises serbes de la ville. Vajda n'était pas Serbe et il n'était non plus religieux ; ses impressions avaient un autre sens pour lui que pour les fidèles et les membres de la minorité serbe. Vajda n'avait pas reçu en héritage ces symboles, il ne les avait pas peut-être connus, mais simplement entrevus quand il était enfant pour les découvrir finalement, après son séjour à Paris et un peu sous l'influence de Chagall. Les symboles des rites juifs ont été transmis à Chagall de père en fils, il les avait déjà dans le sang quand il les fit revivre dans sa peinture. Par contre, Vajda a sciemment