dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)

rencontré la première fois Berény à Berlin. . . Par amitié j'ai accepté de lui donner un traitement qui devait durer deux ans environ. Je ne crois pas que ce traitement ait eu une influence profonde sur sa carrière de peintre. Son séjour à Berlin était pour Berény un temp d'essai. Il s'ana­lysait. Il s'intéressait en premier lieu à la psychanalyse qu'il considérait non seulement comme une thérapie pour lui-même mais aussi comme une science, comme un moyen de comprendre les créations de l'art. Dans cette période il peignait très peu et s'efforçait de trouver son expression propre. Je me rappelle le grand intérêt qu'il portait alors à la musique la goûtant alors plus que la peinture. Il fré­quentait surtout ses compatriotes. . . Mes rapports étroits avec Berény constituent pour moi un des précieux souve­nirs de ma vie. Un certain temps, avant et même après le traitement, je le voyais chaque jour. C'était vin homme inté­ressant, séduisant qui n'avait aucune animosité contre qui que ce soit. Il avait un esprit chercheur, mais à cette épo­que, il était morose.» 78 C'est à Ernő Kállai que nous devons la première étude intelligente sur les problèmes de style dans l'art de Berény à l'époque de son séjour à Berlin. 79 Il constate une lassitude et une résignation dans cette période et les explique par les traumatismes dus aux révolutions. Il est vrai que «la com­position relâchée. . . la facture inégale du portrait de Bartok» . . . lui a déjà fait conclure à une regression regret­table par rapport aux accents virils de la plastique et de la perspective de ses oeuvres antérieures. Seule son affiche révolutionnaire lui a fait retrouver le dynamisme de l'ar­tiste caractéristique de sa manière de composer à l'époque où il avait peint la Nature morte à la cruche. Par contre, tout ce qui a suivi l'affiche paraissait à Kállai comme un signe de décadence. Pour justifier son jugement, il recourt à l'analyse du tableau Femme couchée (Fig. 17) dont il con­state qu'il «ne rappelle l'ancien Berény que par une seule ligne, par un contour dessiné dans un élan emporté. Mais la vigueur de cette ligne détonne d'une manière choquante dans l'ensemble sciemment mal exécuté du tableau.» Avec ses oeuvres peintes à Berlin, Berény se rapproche sensible­ment de la manière de Rippl-Rónai, écrit Kállai et il y ajoute: «Au-delà des différences constituées d'une part par la rondeur harmonieuse de la composition et d'autre part par les obliquités dissonantes rappelant Matisse, Rippl­Rónai et Berény, dans sa nouvelle manière, se sont adaptés avec la passivité innée de la contemplation à l'atmosphère neutre d'un coloris dégradé et d'une peinture sans perspec­tive.» En somme, ce que Kállai regrette, c'est l'abandon d'un modelage plastique. Dix ans après Kállai, István Genthon fait également res­sortir «le sentiment d'incertitude et de lassitude du peintre, allant jusqu'au silence». 80 Par contre, Imre Oltványi Ar­tinger découvre dans les mêmes oeuvres faites à Berlin plutôt «le désir de s'approprier des connaissances techni­ques, la recherche des possibilités passionnantes de la com­position moderne». 81 Ces appréciations méritent d'être retenues car la plupart des tableaux exécutés à Berlin sont restés inconnus et nous avons peu d'espoir de les retrouver. Pour nous en faire une idée, nous devons recourir aux jugements de ceux qui les ont connus. Pourtant nous ne pouvons pas passer sous silence une contradiction flagrante entre les jugements aux­quels nous venons de nods référer. A notre avis, ce sont Kállai et Genthon qui comprennent le mieux les oeuvres de cette époque. Kállai peut parler d'elles presque en témoin de leur naissance. Oltványi s'est, par contre, occupé d'elles au moment où la manière de Berény se rapprochait déjà de celle des peintres de la Colonie d'Artistes de Nagybánya, ainsi il était tout naturellement porté à rechercher dans la période antérieure les mêmes éléments déjà modérés. Au printemps 1926, Berény obtint l'autorisation du Mi­nistère de l'Intérieur de rentrer à Budapest 82 et après les dures années de l'émigration, dans l'ambiance du paj's na­tal, une nouvelle manière commença de se développer dans son art. Béla Szíj

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