dr. D. Fehér Zsuzsa - Pásztói Margil szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 1. szám (Budapest, 1959)

22. Gyula Derkovits (1894-1934) : Autoportrait à la mitre. 1923. Derkovits Gyula (1894-1934): Püspöksüveges önarckép. 1923. et cruelle. Quelques années encore et il appellera les choses par leur nom, sans emphase. En 1927, année de transition, il est déjà de nou­veau à Budapest. Il habite dans la banlieue du Nord, à Újpest, quartier des usines, dans le voisinage de T « Angyalföld » («Terre des Anges») et de Tri­polisz, quartiers prolétariens caractéristiques. Il se rend fréquemment dans cette contrée désolée et sauvage pour y peindre les hommes portant grave­ment leur lourd destin. Quelquefois il s'en va se pro­mener de l'autre côté du Danube, à Zugliget pour se rafraîchir dans la pureté des forêts. Dans l'automne de la même année, il expose en rétrospective 41 oeuvres au Musée Ernst. Dans le catalogue de l'expo­sition, il résume son programme artistique dont l'essentiel est « qu'il faut unir l'art et ce que l'on a à dire .... il est de mon devoir, dit-il, d'exprimer entièrement les faits de notre vie, sans rien cacher. » Il sait déjà exactement ce qu'il veut. Mais il n'a pas encore une grande facilité d'expression, son style est raide. Dans le dessin il se trouve plus à son aise, ses gravures en portent le témoignage. 12 Sur ses pein­tures régnent les bleus crus, les jaunes et les pour­pres ; ces couleurs apparaissent sur des surfaces planes nettement découpées et fortement simplifiées. Mais ces formes ne sont plus si tourmentées et donnent toujours le caractère total de ce qui est représenté. Dans notre collection, la, série do ces tableaux débute par « les Joueurs d'Orgue de Barbarie » 13 (G. M. B. 1950). Derkovits en a, rapporté le sujet de Vienne. C'est peut-être le tableau dont l'esprit est le plus apparenté à l'expressionnisme ot qui, par ce fait même, se différencie assez nettement do ses autres oeuvres. L'ensemble des couleurs et des for­mes l'associe aux toiles peintes à Újpest. Les « Débar­deurs » u (N. G. II. 1954) est un tableau qui appar­tient à Újpest par le sujet aussi : des ouvriers aux mouvements lourds brouettent le chargement d'un bateau remorqué. La toile, tenue dans le bleu foncé, est d'une figuration sommaire. Il est important, surtout, par son sujet : le problème social y apparaît pour la première fois sous une forme concrète. Au fond du tableau, des débardeurs aux muscles tendus poussent activement leurs lourdes brouettes tandis qu'au premier plan on voit apparaître les silhouettes de deux ouvriers marchant d'un pas fatigué et la tête basse : pour eux, il n'y a pas eu de travail. Les deux toiles représentatives de l'année sont également en notre possession. L'une, la « Rue » 15 (N. G. II. 1956), composition encombrée et au grand format, s'efforce d'introduire dans l'espace la sen­sation du remous, l'autre, «Moi ot ma Femme» 16 (G. M. B. 1941), une toile de grand format également, est déjà plus équilibrée en couleur et on forme et annonce, par sa composition, les structures hardi­ment découpées des oeuvres mûres. A travers les lignes principales en arc et en diagonale dos contours de silhouettes, l'artiste donne une tension aux formes de plan relativement tranquilles et rend la troisième dimension sensible. Par ces moyens et par le contraste» et l'harmonie des couleurs froides et chaudes, vives et muettes qu'il juxtapose avec une grande sensi­23. Gyula Derkovits (1894-1934): Fuite. 1924. Derkovits Gyula (1894-1934): Menekülés. 1924.

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