dr. D. Fehér Zsuzsa - Pásztói Margil szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 1. szám (Budapest, 1959)

modulé mais neutre, qu'une seule figure d'homme et un seul segment d'armoire, il établit, avec des diago­nales partant du coin droit inférieur, comme d'un pôle et disposées en éventail ouvert, une structure de composition du plus haut intérêt. A ce motif prin­cipal de la composition, Derkovits oppose la diago­nale formée par l'épaule et le bras inférieur tenant l'équerre, et se terminant dans le rebord de l'armoire. 11 y a des critiques qui pensent que Derkovits, ancien compagnon menuisier devenu artiste-peintre, est un artiste instinctif et ils prennent le mot dans un sens quelque peu péjoratif. Ses oeuvres nous ont con­vaincu du contraire, nous croyons qu'il était un artiste du type intellectuel et parfaitement conscient de son art jusque dans la méthode et la conception de la création artistique. La grande toile des « Transporteurs de sable sur le Danube» (1934) (Fig. 59.) qui fait l'effet d'une fresque ot par l'étude de laquelle nous allons terminer l'ana­lyse des oeuvres de Derkovits, montre encore chez lui le peintre ayant une connaissance intime de la composition et de l'articulation des plans par le con­tour et la couleur, et désireux de l'appliquer avec pondération. Comme d'habitude, il a mûri cette oeuvre dans des esquisses et la solution défini­tive a été précédée d'une composition à l'huile de petite dimension. 95 La méthode de travail appro­fondie du peintre qui fait bien attention à ce qu'il dit, témoigne également du fait qu'il ne considère pas la peinture comme un instrument pour commu­niquer des impressions momentanées ou transcrire des visions abstraites préétablies, mais comme un moyen spécifique de la connaissance intime et de l'expression intense de la réalité. Il est devenu réa­liste jusque dans sa méthode de création artistique. La composition des « Transporteurs de sable sur le Danube » est bâtie sur des diagonales d'une incli­naison légère et variée et sur les verticales des deux ouvriers hâlés par le soleil : elle est reliée par les lignes ondoyantes des monceaux de sable amassés sur le chaland immergé dans l'eau, jusqu'à ses bords. Quoi que le tableau se décompose en contrastes et en variantes des bruns chauds allant de l'ocre jusqu'au rougeâtre et des gris qui vont du bleu argenté jusqu'au noir, le tout forme en ensemble uni. La couleur de l'ouvrier du milieu, criant, est la plus chaude ; elle est de sienne brûlée et accentue encore le caractère central de la figure par rapport à la forme et au contenu. L'ocre ternie de l'ouvrier tirant sur la rame joue la contrepartie. Les monceaux de sable ondoyant du chaland aux vibrations brunâtres et jaunâtres constituent une transition entre les couleurs, qui unit et sépare, de même que l'eau couleur d'ocre verdâtre au premier plan et au fond du tableau. Tout cet ensemble de taches chaudes est étroitement uni par les masses de couleurs de tonalité fonda­mentale grise des chalands. Pour provoquer de main de maître l'effet de surface plane du tableau, il évoque encore les couleurs du ciel bleu clair transparent — coupé de lambeaux de nuages légers, couleur de sable —, dans le gris du chaland au premier plan et rapproche ainsi en valeur, presque imperceptible­58. Gyula Derkovits (1894-1934): L'ébéniste. 1932. DerkovitsGyula(1894-1934): Bútorkészítő. 1932.

Next

/
Thumbnails
Contents