dr. D. Fehér Zsuzsa - Pásztói Margil szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 1. szám (Budapest, 1959)

En réalisant dans ses oeuvres le deuxième but de son programme par la création d'un art réaliste passion­né, empreint d'un humanisme militant et en rapport avec les tendances sociales, il a prouvé dans la pra­tique que la première partie de sa thèse, empruntée à l'esthétique bourgeoise, n'était qu'une construction factice dont les principes ont été dégagés des pro­duits d'un art déjà séparé de la vie et qui a été éla­borée, afin de détacher l'art de la vie et de la réalité et de le mettre au service des intérêts et de la défense de l'ordre capitaliste. Que la surface plane soit la seule forme picturale monumentale, on peut le mettre en doute, mais, ici, nous ne pouvons pas faire une digression sur ce sujet. Le fait est que Derkovits a su rendre la. surface plane, en tant qu'élément prin­cipal constituant le style, parfaitement apte à la création d'une peinture réaliste d'effet monumental. Mais selon le témoignage de ses oeuvres, il ne l'a. pu réaliser qu'en adaptant organiquement la troisième dimension et les éléments illusionnistes à cette unité do style parfaite. Ainsi, il a su représenter les choses d'une manière concrète et sensuelle à l'intérieur des éléments, de surface plane massifs et important s, la. réduisant en parties. Chez Derkovits, on le voit, les scrupules de style, empruntés aux tendances d'avant-garde bourgeoise, ont été rendus inopérants par la vie à laquelle il avait attaché son art et dont il tenait à exprimer les phénomènes « intégralement et de la façon la plus intense possible ». Il ne courait jamais le risque de devenir un prédicateur dilettante parce qu'il était artiste jusqu'au bout des ongles et travaillait avec des «formes picturales pures» et, dans l'art graphique, avec des formes graphiques d'une force d'expression étonnante. A titre d'échantillon, examinons brièvement trois dessins à l'encre de Chine, en attendant de soumettre les séries de gravures sur bois et de dessins dont ils font partie, à une étude particulière comme elles le méritent. Les trois dessins dont il s'agit ont été acquis récemment par le « Musée » : le premier « l'Arracheur de grilles » (Fig. 54), en tant que don de la veuve, les deux autres : le « Condamné » (Fig. 56.) et « l'Exécuteur des hautes oeuvres » par achat, (fig. 55.) Le 1 er septembre 1930 est le jour de la grande marche de la faim des ouvriers de Budapest. On avait lancé les mots de ralliement : « Du travail ! » « Du pain ! » Derkovits se prépare aussi à la manifesta­tion 90 . De la série de gravures « Dózsa » 9l (Fig. 53.), exécutées pendant les années 1928 —1929 et com­posées de 11 cartons de grande dimension, il va coller un exemplaire sur des transparents. Dans ces gra­vures, on s'en souvient, il a célébré la révolte de la paysannerie hongroise en 1514 sous la conduite de leur chef, Georges Dózsa. C'est une épopée glorieuse et à la fois tragique de l'histoire du peuple hongrois. Pour la manifestation, il remplace le dernier ta­bleau de la série — sur lequel une figure symbolique fait éclater les grilles de la prison, afin de frayer un chemin à la phalange de combat des ouvriers et des paysans —, par un dessin à l'encre de Chine repré­sentant un ouvrier brisant les grilles de sa prison. Sur la gravure, pour exprimer la force, il avait eu recours à une figure symbolique surhumaine et à la masse excitée, ici il la concentre en une seule personne : un ouvrier d'une force redoutable, La. figure remplit la page entière. Elle est conçue dans un esprit fidèle à la réalité mais ce fait ne diminue en rien son caractère énergique, bien au contraire. Tandis que la. figure de la gravure sur bois, représen­tée dans une position relativement statique, exprime et suggère plutôt la force intellectuelle, les lignes vigoureuses et passionnées de l'ouvrier du lavis rappellent l'énergie de l'homme actif et celle de la classe ouvrière. Le dessin a été placé au milieu du transparent, avec l'inscription: «1514», en haut, et « 193 ... » « mil neuf cent trente ...» en bas de l'image. La libération est proche, annonçait Derkovits par la date incomplète. Mais son espoir ne devait se réaliser que plus tard. Il n'a pas vécu assez pour voir la libération. Mais, il lui restait encore assez de temps pour flétrir les injustices du régime féodo-bourgeois. La série de dessins au lavis, exécutés en 1930, en 57. Gyula Derkovits (1894-1934): Werbőczy. 1928-29. Derkovits Gyula (1S94-1934): Werbőczy. 1928-29.

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