dr. D. Fehér Zsuzsa - Pásztói Margil szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 1. szám (Budapest, 1959)

Arts en 195(3, avec un grand nombre de dessins et de croquis. Ils nous ont permis de résoudre plusieurs questions restées en suspens longtemps. Les divers manuscrits do l'artiste et surtout ses notes d'un ton lyrique méritent un intérêt particulier. D'abord parce que pour caractériser l'individualité de Derko­vits et prouver la fermeté de sa conception philoso­phique et de son attitude révolutionnaire, le mieux (''est de recourir au témoignage de ses propres paroles. D'autre part, ces notes fournissent des preuves per­sonnelles sur les idées qui constituaient le fond même de son art. Il importe de les mettre en relief d'autant plus qu'au cours des dernières dizaines d'années de nombreuses opinions erronées et des déformations tendancieuses se sont fait jour par rapport à lui et à son art. Et puis, pour connaître et comprendre le caractère véritable de l'artiste, il est indispensable de pénétrer et de comprendre l'homme. Les confessions écrites de Derkovits apportent un témoignage indiscutable aussi bien sur sa person­nalité que sur les idées qu'il se faisait du monde et expliquent (en complétant, par la parole, la pensée et les sentiments intimes du peintre lyrique rendus au moyen de l'image) pourquoi sont ses oeuvres telles qu'elles sont. Derkovits était, en effet, d'une consti­tution lyrique jusque à la moelle des os. Il a exprimé toutes les gammes de sa vie dans ses oeuvres ot sous les formes les plus diverses : tableaux qui suggèrent un état d'âme, pointures de caractères concises, compositions dramatiques rappelant les ballades, gravures-épopées à la marche rapide. Il a fait passer tout par le filtre de son âme capable d'ordonner les choses les plus inattendues pour qu'elles acquièrent de l'harmonie. Il vivait toujours passionnément, profondément tout ce qu'il devait exprimer et jusqu­aux moindres détails, pour les rendre par ses oeuvres dans toute leur pureté dépouillée, dans leur essence la plus intime. Sa vie et sa destinée ont été celles dos prolétaires. Il savait qu'il s'acqittait d'une importante mission. Écrasé sous le fardeau lourd de ses tour­ments et de ses humiliations, il sentait celles do sa classe sociale aussi et les reflétait dans ses oeuvres. La foi ardente, obstinée ot dure qu'il avait on son propre relèvement, était animée sans cesse par la confiance inébranlable qu'il mettait dans le relève­ment et la victoire finale du quatrième ordre, con­fiance fondée sur la certitude absolue do la mission historique do sa classe. En la personne de Gyula Derkovits, un artiste d'un type nouveau surgit dans l'arène des beaux-art s hongrois : à l'artiste bourgeois emboîtait le pas l'artiste prolétarien ayant une ferme conception philosophique et une conscience de classe militante. Comme il avait un talent énorme, il a atteint très rapidement les plus hautes cimes de l'art. Sa brève carrière, d'une durée do quinze ans à peine, fut une évolution permanente, une pré­paration continuelle on vue do la création do chefs­d'oeuvre. Il a assimilé les apports multiples de l'art contemporain ot de l'art du passé et, dans le brasier de son âme, il les a, rendus homogènes et profondément siens. Il a eréé un art humaniste nouveau, d'un ordre supérieur et s'est efforcé d'expri­mer le reflet artistique de la réalité intégrale, à une époque où l'inhumanité et la désintégration avaient bouleversé l'art do l'Europe. D'un pas ferme et d'une volonté inébranlable, il a élargi la voie à peine ébau­chée de l'art de l'avenir socialiste. Il a fait époque. Comment a-t-il accompli la mission qui lui incom­bait ? Nous allons essayer de répondre à cette question dans la mesure du possible. I. Voyons d'abord brièvement comment notre col­lection représonte-t-ellc l'art de Gyula Derkovits par période aussi bien que dans son ensemble. On peut compter la première période de son activité de peintre à partir de 1920 jusqu'à 1923, l'époque de son installation dans la capitale autri­chienne. A ce moment, il a déjà derrière lui les mois d'études scolaires qui furent d'une si courte durée. Pendant l'hiver de 1918, le soir, il fréquente réguliè­rement l'Académie de Kernst ok et de Rippl-Rónai et y dessine surtout des croquis d'après modèle. Il passe l'été suivant, grâce à la nouvelle République hongroise des Conseils, au bord du Danube, au petit village de Nyergesújfalu où une colonie d'artistes travaillait sous la direction du même Kernst ok qui l'avait initié à l'art, l'année précédente. Il est atteint de la tu bereulose pulmonaire contractée à la guerre de 1914 —18, doit garder souvent le lit ot, pourtant, il fait beaucoup de dessins. Après la, chute de la République des Conseils, au mois d'août 1919, son instruction se trouve brusquement terminée. Ce fut tout. Pour quelqu'un do talent moyen, cela équivalait à rien, pour lui il suffisait pour le mettre en route dans sa, carrière artistique difficile ot tour­mentée. Les tableaux de cette époque, par leur style ot par l'attitude psychologique qui s'en dégage, se rattachent étroitement au style ot à l'attitude des artistes hongrois et étrangers dont il a pu connaître les oeuvres dans ee milieu. Kernst ok fut un des membres eminent s des « Fauves » hongrois, des « Huit », il était même leur chef nominal. Il est vrai qu'à ce moment Kernst ok était revenu de nouveau à la représentation fidèle de la nature, mais sur son

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