Weiner Mihályné szerk.: Az Iparművészeti Múzeum Évkönyvei 11. (Budapest, 1968)

IPARMŰVÉSZETI MÚZEUM — MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS - Vadászi Erzsébet: Philippe de Lasalle Esterházy-mintája

PHILIPPE DE LASALLE ET LE DESSIN DIT « ESTERHÁZY » En Hongrie le monument architectural le plus remarquable de la fin du XVIII e siècle est sans doute le château d'Eszterháza. Jusqu'à nos jours les chercheurs ne prêtaient pas assez d'attention à la décoration intérieure du château, quoique les murs de l'une des salles représentatives en fussent ornés de tapisseries dessinées par Philippe de Lasalle. Á Versailles les murs de la chambre de la reine Marie Antoinette sont recouverts la même tapisserie au dessin à bouquet de fleurs qu'on appelle en France aujourd'hui même dessin ou décor Esterházy. Les informations contemporaines soulignent que le tafetas en soie le plus somptueux tapissant les murs du châteaux de Miklós Esterházy (dit le «Splen­dide») a été le Gros de Tours tissu à Lyon. Selon une description datée à Pozsony (Presbourg), 1784 („Beschreibung des hochfürstlichen Schlosses Esterház im Königreiche Ungern") deux salles de l'appartement princier du premier étage ont été tapissées de Gros de Tours. Il nous manquent des indications précises s'il s'agissait du même Gros de Tours fleuri de Versailles, ou d'un autre dessin semblable. D'ailleurs, nous apprenons d'une lettre que M. Bernard Tassinari, directeur de la Maison Tassinari et Chatel, Lyon (successeurs de la maison lyonnaise contemporaine Pernon) nous a adressée qu'en 1793, à l'occasion des ventes effectuées après le démontage du Gros de Tours de la Chambre de la Reine à Versailles, c'était un prince Esterházy (le fils de Miklós, Pál-Antal) qui se présentait comme acheteur de cette tapisserie. Selon toute vraisemblance l'achat n'était pas un hazard. Il est bien probable que le prince Pál-Antal ambitionnant que son appartement princier soit orné de Gros de Tours, c'était justement à cet achat qu'il a trouvé la tapisserie à bouquets de fleurs pour compléter cet ornement noble de son château. Des allusions à ce fait se trouvent dans: L'inventaire de 1832 sur Eszterháza; Remarques sur Eszterháza dans un livre paru en 1853; L'inventaire de 1936, prouvant qu'à cette époque ce dessin se reproduisait sur les rideaux du château; Essais en manuscrit de János Hárich, archiviste du prince Pál Esterházy (1944); Renseignement de M. Tassinari (1968), voir note 15. L'ornement de mur le plus somptueux à Eszterháza était en son temps le Gros de Tours. Les descriptions contemporaines qui mentionnent Eszterháza en rapport avec Versailles, ne font que souligner le parallel parfois très remar­quable entre ces deux châteaux. Quant à la remarque de Zorn de Bulach: «Il faut venir toutes les raretés de Paris» en parlant de Miklós Esterházy, ce fait est bien connu. Le goût seigneurial des Esterházy pour la splendeur raffinée ne peut être mieux caractérisé que par leur empressement de transplanter dans leur château en Hongrie la tapisserie de soie le même tissu artistique que le dessinateur le plus célèbre de la fin du XVIII e siècle Philippe de Lasalle a créé pour la reine.

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