Weiner Mihályné szerk.: Az Iparművészeti Múzeum Évkönyvei 6. (Budapest, 1963)
IPARMŰVÉSZETI MÚZEUM - MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS - Zlinszkyné Sternegg Mária: Adalék a „piano carré" kialakulásának első állomásához
CONTRIBUTION À LA PREMIÈRE ÉTAPE DE L'ÉVOLUTION DU PIANO CARRÉ Le Musée des Arts Décoratifs de Budapest conserve dix pianos datant des années entre 1780 et 1850. L'objet de la présente étude est le piano le premier en date. La signature est absente et sur le coffre et sur la mécanique. L'auteur a tenté d'établir son origine en examinant au point de vue de l'histoire de l'art (corpus) et de l'organologie (mécanique). Après avoir décrit l'extérieur de l'instrument (fig. 1, 2, 3) et analysé ses marques du style très caractéristiques, l'auteur termine la première partie de la présente étude en constatant que le piano a été fabriqué à Liège, ou dans la sphère culturelle de cette ville, entre 1780 et 1815. En faisant cette constatation l'auteur a considéré le fait que dans les provinces wallonnes le style Louis XVI s'est épanoui environ vingt ans après sa naissance, et que dans ce pays les menuisiers avaient cultivé ce style encore au début du XIX e siècle. Selon la forme, les dimensions et l'intérieur, l'instrument (fig. 4) a le caractère d'un clavicorde. En analysant l'installation acoustique et le mécanisme de l'instrument il ressort que ce qui le sépare nettement de ses ancêtres — de l'épinette et du clavicorde — est la « Prell-mécanique primitive », une forme précoce du mécanisme à marteaux (fig. 6). Les pianos carrés ayant un caractère de transition, trahissent nettement qu'il dérivent du clavicorde. Ils apparaissent au XVIII e siècle pour la plupart parmi les instruments allemands. Les instruments analogues sont publiés par Curt Sachs et Rosamond Harding (fig. 8, notes 7, 8, 9). On suppose qu'en Belgique ayant fait partie de l'empire des Habsbourg, le clavicorde était un instrument connu et apprécié. Ce fait se trouve étayé par le piano carré d'étude conservé dans la collection d'instruments de musique de Bruxelles (note 10), qui possède également une « Prell-mécanique primitive ». L'auteur étaye les constatations de ci-dessus en étudiant la facture des instruments de musique de Liège, et la vie musicale de la province. On peut démontrer qu'en Belgique, en 1769, c'est justement à Liège qu'on a joué pour la première fois du piano (note 22). La fabrication de cet instrument à mécanisme nouveau commence en Belgique dans le dernier quart de XVIII e siècle par la confection du piano carré, qui est aussi dans ce pays le successeur et le dérivé du clavicorde. Selon une donnée digne d'attention — pour laquelle l'auteur tient à exprimer ses remerciements à MM. Jacques Berger Carrière et René de Maeyer — dans la famille Berger originaire de Namur, ville située près de Liège, vit aujourd'hui encore la tradition selon laquelle le premier piano de la contrée a été fabriqué dans l'ancien atelier de la famille Berger. Parmi les membres de la famille des menuisiers illustres, eux-mêmes musiciens cultivés, c'est sous la direction de Philippe J. G. Berger (1760—1835), et surtout de son fils Nicolas F. J. Berger (1782—1858), que l'atelier s'est développé en une manufacture de meubles qui fut l'une des plus grandes usines de la région. Selon la tradition on y a fabriqué pendant quelques années des corps de piano. Il est possible que le beau piano carré du Musée des Arts Décoratifs de Budapest soit sorti de ce même atelier.