Dobrovits Aladár szerk.: Az Iparművészeti Múzeum Évkönyvei 5. (Budapest, 1962)

IPARMŰVÉSZETI MÚZEUM - MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS - Ivánfy Balogh, Sára: Les principes de Joseph Rippl-Rónai sur l'art décoratif — d'apres quelques-unes de ses lettres inédites

De quoi s'agit-il en somme? Selon l'avis de Radisics, le tapis brodé que Rippl-Rónai proposait au musée d'acheter, appelé « Idéalisme et Réalisme » préalablement exposé au Salon de Paris où une récompense lui fut décerné, partait d'un bon principe décoratif, il en trouvait la simple technique d'exé­cution propre à revivifier l'industrie domestique tombée en décadence, de plus à cause de son prix peu onéreux, il pourrait être acquis par le public moins fortuné, qui entrerait ainsi en possession d'un tapis mural artistique à peu de frais. Le point de vue qu'il aurait aussi heureusement influencé le goût du public en mesure d'acquérir à un prix accessible une décoration pour embellir son intérieur, n'est non plus négligeable. Cependant, Radisics ne passe pas sous silence son avis que chez Rippl-Rónai la broderie n'est qu'un moyen d'expression, sans valeur, dont la qualité n'est pas importante et dont le seul rôle est de donner une couleur à quelque surface. De ce point de vue, cette innovation ne sert donc pas à élever la valeur de la broderie. Cette correspondance est échangée en 1896—97, alors que le nom de Rippl­Rónai n'était pas encore aussi célèbre qu'aujourd'hui. Radisics le considère individuellement comme un artiste de talent et trouve la broderie digne d'intérêt, pourtant son opinion témoigne de quelque réserve quant au succès présumé. « Mais étant donnée la tendance de leur style, les compositions de Rippl-Rónai sont-elles propres à faire adopter et aimer par le public ce nou­veau genre de décoration murale ? est-ce sous cette forme qu'elle a le plus de chances de réussir? C'est une question que je dois soummetre à discussion.» (245/1896. I. M. ü. i.) Sans ménager les éloges, il avoue cependant sans ambages qu'il ne trouve pas les formes exemplaires, et surtout celles des figures, à ses yeux la grâce des contours, le charme et l'invention font défaut. Toute la composition est empreinte d'une certaine naïvité, dont il est difficile de savoir si elle est voulue, donc fausse, ou si elle vient de ce que l'artiste n'en est qu'à ses débuts. Bien que dans beaucoup de cas, cette caractéristique convienne aux figures de Rippl­Rónai, il faut constater aujourd'hui que la stylisation des figures d' « Idéalisme et Réalisme » témoignait d'une conception révélant un esprit précurseur (fig. 1 et fig. 2.). Dans la lettre que nous avons reproduite, c'est intentionnellement que Rippl-Rónai nomme sa tapisserie objet d'art, démontrant ainsi qu'il la con­sidère comme un résultat de ses recherches dans le domaine de l'art décoratif hongrois. Cette partie de sa lettre qu'il a soulignée accentue les aspirations de son activité d'artiste dans ce sens, c'est-à-dire qu'il voudrait créer du nou­veau dans le caractère de l'art décoratif hongrois. Le bref fragment de phrase qu'il a souligné révèle toute la persévérence tenace d'un artiste vivant à Paris, entouré de compagnons français, artistes comme lui, mais cependant resté Hongrois et tout seul dans le tourbillon d'Art Nouveau du tournant du siècle, les efforts et le désir opiniâtres d'assurer une place à l'art décoratif hongrois, dans la critique comme dans l'opinion publique. En acceptant l'offre de 1000 fis du prix d'achat, il exprime le désir « que sa tapisserie ne soit pas inscrite dans le catalogue du Musée comme une imitation de gobelin, mais bien comme un tapis brodé original exécuté à la fin du XIX e siècle » déterminant ainsi claire­ment le caractère de l'oeuvre, comme s'il avait pressenti d'avence que plus tard, il allait concevoir la précieuse tapisserie murale « Femme à la robe rouge » destinée d'abord à la salle à manger Andrássy, faisant partie aujourd'hui de la collection du Musée des Arts Décoratifs et dont l'esquisse est conservée

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