Dobrovits Aladár szerk.: Az Iparművészeti Múzeum Évkönyvei 3-4. (Budapest, 1959)

Hedvig Szabolcsi: Deux commodes de laque françaises d'époque Louis XV. au Musée des Arts Décoratifs

notre commode à deux tiroirs très typiquement de style Louis XV, le type à trois tiroirs, donc de style Régence, aussi les montures de bronze ne rapellent-elles notre commode que par les courbures et ployages et par la manière d'appliquer les poignées de tiroirs. 8 Notre commode n'a, dans la littérature, pas d'analogies. Cepandant, plu­sieurs circonstances nous aident à établir la date de son exécution. Le type de notre commode à deux tiroirs et à la surface galbée est typique de la période rocaille de l'ébénisterie parisienne. Le placage de bois de rose des parties de base, bordé d'un filet et intégré dans un placage de bois de violette d'un dessin capricieux, marque lui aussi l'aboutissement de la période rocaille. Les deux traverses disparaissent après 1740, ce qui assure aux com­modes de cette époque un caractère plus rond et une homogénéité. Tout ceci indique que notre meuble a dû être exécuté après 1740. Les panneaux de laque déterminent dans une certaine mesure eux aussi l'époque. Us sont typiques de la fameuse période de chinoiserie de l'art du meuble français au XVIII e siècle; 0 leur décor délié permet d'y représenter une scène unifiant les deux tiroirs, procédé décoratif cher à l'art de la cour de Louis XV. Les bronzes dorés d'un dessin plein de verve et finement ciselés sont eux aussi des ouvrages de grande qualité, typiques du style rocaille épanoui (fig. 5—6). Toutes ces circonstances, ainsi que le fait que les travaux de laque de Delorme datent du début de sa carrière, nous invitent à situer notre commode avec grande proba­bilité vers les années 1750. Le haut niveau artistique du meuble, son architec­ture élégante, la beauté resplendissante de ses bronzes et des surfaces de laque, l'exécution parfaite de toute la pièce, permettent de conclure qu'elle a été faite pour l'usage royal, ce qui est d'autant plus vraisemblable que Delorme, malgré qu'il n'ait été privilégié du roi, a travaillé, bien qu'indirectement, aussi pour la cour royale. La commode, toutefois, ne porte pas de marque d'inventaire y relative. Les circonstances parmi lesquelles les commodes de laque ont été fabriquées sont difficiles à établir. Les panneaux de laque ne furent, dans la plupart des cas — excepté quelques ébénistes célèbres, privi­légiés du roi — pas exécutés par le maître dont le meuble porte l'estampille, et pas dans l'atelier de celui-ci, mais par des vernisseurs spéciaux. Certains ébénistes qui s'occupaient de meubles ou d'objets de laque ont eu leurs propres vernisseurs, ce qui est caractéristique surtout des années autour de 1740. 10 Or, Delorme n'était pas de ceux. On peut supposer qu'il a reçu les panneaux de laque déjà tout faits des marchand-merciers, alors déjà actifs, ou bien que le vernisseur a appliqué les laques sur les meubles sortis de sa main. Les bronzes ne permettent eux non plus d'indentifier le maître dont le meuble porte l'estampille. C'est un fait connu que, exceptés quelques ébénis­tes priviligiés du roi, les bronzes ne furent pas exécutés dans l'atelier de l'ébeniste, mais dans des ateliers de fondeurs-ciseleurs et doreurs-ciseleurs de bronze. 8 Je tiens à exprimer ici ma reconnaissance à M. Pierre Verlet, Conservateur en chef du Louvre, pour ses précieux conseils ; c'est lui qui a bien voulu attirer mon attention sur l'ouvrage de Quérin, Jacques: La chinoiserie en Europe au XVIII e siècle, pl. XIX. 9 Ces meubles sont dans l'ébénisterie rococo française dans la plupart des cas des produits locaux imitant les laques du Japon. 10 Verlet, Pierre: Les meubles français du XVIII e siècle. Vol. IL Paris, 1956. p. 24.

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