Tanulmányok Budapest Múltjából 13. (1959)
Mályuszné Császár Edit: A Budai Népszínház és közönsége = Le Théatre populaire de Buda et son public 261-314
pétardes d'obusiers. Il n'était point tâche facile de varier le répertoire, étant donné le conservatisme du public provincial. Envers les troupes allemandes de la province le public hongrois se plaça sur le terrain de la résistance passive. Les représentations des troupes allemandes ont été fréquentées par la bourgeoisie allemande, l'activité et les performances enregistrées par la presse de langue allemande, l'opinion publique était cependant sous l'influence des écrivains hongrois, pour eux toutefois — du fait de leur position de principe — le théâtre allemand était affaire de rien. Parmi les troupes hongroises de la province la troupe de Molnár de Szeged était l'une des meilleures. Bien que Molnár n'eût pas de ressources pécuniaires en abondance, il a énoncé qu' il se préparait à aller dans la capitale, a fait une sélection de sa troupe et traitait les acteurs humainement. De cette façon il réussit à garder sa troupe intacte et entière pendant quelques années ce qui lui permit de débuter à Buda avec un répertoire bien appris et avec une troupe ayant l'habitude de jouer ensemble. La troupe débutée à Buda était formée d'une équipe un peu genre de province, mais appliquée, ayant acquis de la routine du théâtre, sans présomption cependant, dont les membres saisirent la grande chance offerte dans leur vie de parvenir à Pest sous la direction d'un metteur en scène excellent qui était aussi un directeur doué d'un sens d'équité. A cette époque la capitale avait trois théâtres en pierre, dont deux, celui de la Űj-tér et le Várszínház ont joué en allemand. Le théâtre allemand avait ses racines d'un passé brillant. Le premier foyer de ce théâtre était la Rondelle, de là en 1812 il établit sa résidence dans son nouveau édifice magnifique. Le «grand théâtre allemand» propriété et un des plus beaux fleurons de la municipalité de Pest sur la place Vörösmarty (Place de Színház à l'époque) fut en 1847 réduit en^ cendre. En remplacement de ce théâtre, un nouveau théâtre a été édifié sur la Új-tér en 1852. Le troisième théâtre permanent était le Nemzeti Színház (Théâtre National) ouvert pour le public en 1837. Les relations des théâtres hongrois et allemand n'étaient pas exemptes de certaines animosités, mais en examinant la question de près avec nos yeux d'aujourd'hui, il faut constater que leur rivalité contribua nécessairement à l'élévation de leur niveau respectif. Depuis les années 40 la prépondérance revint au Théâtre National grâce à la subvention reçue d'une part et à son importance nationale d'autre part, ce qui permit à la direction du théâtre d'opérer une sélection du personnel dans la jeunesse, appelée aux planchers, du pays entier, tandis que la population allemande de la capitale n'était qu'une enclave linguistique sans importance. Du fait de la terreur qui succéda à la défaite de la guerre de l'indépendance nationale en 1849, la bourgeoisie de Pest-Buda, même de langue allemande avait certaine animosité contre la dynastie autrichienne et indirectement contre l'esprit germanique. Suivant le rapport de l'administration : « depuis les dernières années une certaine animosité peut être observée contre la fréquentation du théâtre allemande malgré que la majeure partie de la population ne parle que cette langue» (de 1861). Le directeur du théâtre allemand, nommé Alsdorf a été amené par le mauvais état des affaires à accueillir la troupe hongroise de la province dans son théâtre (l'arène de Buda) après l'obligation assumée par cette dernière de lui assurer la moitié du revenu perçu. La troupe de Molnár jouait toujours devant salles combles, ne touchait toutefois gros bénéfice, puisque la moitié de la recette revint à Alsdorf. Tout comme 70 années auparavant, à l'époque de Ladislas Kelemen, les Hongrois avaient l'impression d'avoir été victimes d'une exploitation inique et qu'ils devaient faire une tentative de se procurer des locaux propres. En 1861 cette tentative ne semblait pas être vouée à l'échec. La ville de Buda s'est empressée de prêter son assistance ; sur la proposition de Molnár, la municipalité a racheté le magasin près de la tête de pont de Lánchíd et durant l'été, les travaux de l'aménagement ont été commencés. Au cours de la session du conseil municipal du 11 juin, un conseiller de Buda déclara, que c'était une 309