Tanulmányok Budapest Múltjából 12. (1957)

Lakatos Ernő: Budapestkörnyék 1848-ban = La région de Budapest en 1848 313-348

L'accroissement de la population n'était pas uniforme dans toutes les clas­ses et couches sociales. Le nombre des serfs ou des ménages de serfs s'est augmenté, entre 1816 et 1846, de 567 à 617, le nombre des zsellér s (brassiers appartenant à la couche inférieure des serfs et appelées en latin inquilini, en hongrois zsellérek) s'est augmenté pendant la même période de 2116 à 3241, l'augmentation était donc de plus de 50%. Le nombre des honoratioroh («honoratiores») a doublé, tandis que celui des bourgeois et des artisans a triplé (l'augmentation était la plus grande à Tétény, Soroksár et Újpest). Le zsellérség, qui comprenait de jure les artisans aussi, était composé d'éléments hétérogènes dont la valeur économique était différente. Dans des conditions les plus misérables vécurent les zsellérs sans terre, continuellement aux prises avec la famine et la pauvreté. Quelque peu mieux situés étaient les inquilins jardiniers et vignerons. La condition des zsellérs ar­tisans et marchands était pareille à celle des serfs, et la fortune mobilière de beau­coup d'artisans pouvait être comparée à celle des serfs à tenures. Le relevé des dommages causés par le feu de Soroksár en 1848 montre d'une manière éclatante la différenciation sociale des zsellérs. C'est en 1848 que les fortunes des serfs à tenures commencèrent à se morceler, fait dont les testaments de ce temps-là fournissent des documents illustres. La période de la liquidation des rapports féodaux a donné un élan aux luttes pour Fadministration communale autonome. Cela s'est montré d'une ma­nière très claire aux élections communales dans les villages Rákoskeresztúr et Budafok. Les seigneurs terriens et plus tard les administrateurs du canton avaient le droit de désigner les maires des villages, et le peuple de ceux-ci ne pouvait choisir que parmi les candidats désignés. A Rákoskeresztúr le peuple n'était pas enclin à choisir parmi les candidats du seigneur, il se révolta, et on avait des difficultés à le calmer et à mettre les récalcitrants en prison. A Budafok, c'est en novembre 1848 que les zsellérs réussirent à mettre leur candidat en position. Le maire était le représentant de la commune dans les procès concernant les redevances seigneu­riales, donc la personne du maire n'était pas indifférente ni au seigneur ni au peuple. Les réformes de l'an 1848 avaient pour conséquence la liquidation de la plus grande partie des contraintes féodales. Les questions qu'on n'avait pas réso­lues, telles par ex. le remembrement, la séparation des domaines seigneuriaux des propriétés paysannes, l'abolition de la dîme des vignobles, la situation non réglée des zsellérs payant une somme fixe, — causaient des troubles et des révol­tes, en premier lieu à Budafok. Budafok appartenait, comme bien seigneurial, à la famille royale, et était une des communes peu nombreuses où n'habitaient pas des serfs, seulement des zsellérs. Le domaine seigneurial avait successivement «tabli, dans les années précédentes, des zsellérs, leur accordant des terrains à bâtir, sans leur donner les prestations dues aux zsellérs, c'est à dire : des vignobles €t le droit de pacage. Les habitants de Budafok demandaient déjà au printemps 1848 l'abolition de la dîme des vignobles. Les femmes des zsellérs de Budafok chassaient des pâturages communaux les moutons du seigneur. A Rákoscsaba ce sont les zsellérs seigneuriaux qui sentaient leur situation incertaine. Ils commencèrent par adresser des pétitions au comitat, mais quand ils ne recevaient pas de réponses satisfaisantes et promptes, ils refusèrent la corvée, et se révoltèrent au mois d'octobre. Les serfs à tenures se rangèrent du côté des zsellérs. Le refus de remplir les revendications sociales entravait aussi l'organisa­tion efficace de la guerre de l'indépendance. Les communes slovaques de la Région de Budapest n'envoyèrent pas leurs gardes nationaux au champs de bataille du Sud. Mais les gardes nationaux de Soroksár entrèrent en lice après quelques tracas­series, presque au complet. Les recrues de l'armée nationale étaient pour la plu­part des volontaires. Les 31 honveds de Soroksár étaient tous des volontaires, mais seulement quatre d'eux étaient du lieu. La moitié des honveds de Soroksár étai­ent des artisans, et surtout des compagnons faisant leur tour ; l'autre moitié se composait des domestiques de ferme des villages hongrois environnants. Dans es autres communes nous trouvons presque la même situation. Les serfs à tenures 347

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