Budapest Régiségei 20. (1963)
TANULMÁNYOK - Kádár Zoltán: A pannóniai Roma-kultusz történetéhez : az aquincumi ún. Venus Victrix ikonográfiai és történeti problémái 71-83
Z. KABAR CONTRIBUTION A L'HISTOIRE DU CULTE DE LA DÉESSE ROMA EN PANNONIÉ (Les 'problèmes historiques et iconographiques de «Venus Victrix» du musée á Aquincum) Le torse gardé au Musée d'Aquincum est l'un des plus artistiques produits de la plastique ronde provinciale de Pannonié. Il montre une forme féminine habillée, et assise sur un trône. D'après Antoine Hekler — qui le premier l'a publiée — la statue représente «Venus Victrix» (opinion adoptée par MM. B. Kuzsinszky, A. Alföldy et J. Szilágyi), tandis que selon I. Paulo vies c'est Junon assise (avis approuvé par M. L. Nagy.) Selon A. Hekler, l'Aphrodite en armes d'Épidaure est le prototype de cette statue. Un type semblable — mais qui se tient debout — fait son apparition sur des monnaies romaines portant l'inscription «Venus Victrix» —- p. ex. sur les deniers de Caracalla — mais sur ces pièces la déesse ne porte pas de «parasonium». Nous ne retrouvons Venus Victrix que debout; ce sont seulement Venus Felix et Venus Genitrix qui apparaissent assises sur un trône; mais celles-ci ne portent jamais de parasonium et ne présentent aucun caractère amasoniquo. Entre autres, Hekler mentionne le fait qu'à Rome les deux déesses étaient représentées assises dans le temple commun de Venus et de Roma. Néanmoins, dans ce temple ce n'est pas Venus Victrix, mais Venus Felix qui apparaissait. La question peut se poser si nous ne sommes pas en présence de la co-déesse Roma. Déjà sur la «Gemma Augustea», Roma apparaît avec le «parasonium», assise à côté de l'empereur. Cette déesse est représentée sur le relief — provenant du premier tiers du premier siècle — de l'autel de Carthage, dans un costume analogue à celui de la statue d'Aquincum, mais sans «parasonium». Sur les monnaies de l'empereur Néron nous retrouvons surtout deux types de la déesse Roma, l'un qui ressemble à Athéné Polias et porte un chiton long, un pallium et un parasonium, et l'autre, dit type amazone, dont le corps est couvert d'un chiton descendant seulement aux genoux et qui laisse découvert le sein droit; la déesse tient à la main gauche la poignée du parasonium. La déesse Rome est représentée par ces deux types jusqu'au tournant des deuxième et troisième siècles; dès ce temps-là le premier type devient général. L'épanouissement du culte de la déesse Roma se prouve par l'une des monnaies d'Antonin le Pieux qui acheva le temple, fondé par son prédécesseur, l'empereur Adrien. Sur la monnaie portant l'inscription «Romae Aeternae» nous voyons l'image du temple et au milieu, la figure assise de la déesse. Sur la pièce qui représente l'apothéose d'Antonin le Pieux, frappée par Marc-Aurèle et Lucius Verus pour honorer sa mémoire, Roma apparaît vêtue comme les Amazones, avec un ceinturon et en long «chiton» et en pallium. Ce corps montre une analogie frappante avec la statue d'Aquincum, statue qui doit être considérée en toute probabilité comme un souvenir de la déesse Roma. Il y a encore en Pannonié deux représentations connues de la déesse. L'une nous est restée sur le moule de galette de Kisárpás (Mursella); ici, la déesse apparaît vêtue à l'Amazone, mais au lieu d'une épée, elle tient une lance à la main. La représentation un peu primitive, vu le style et la composition encombrée, ne peut pas être antérieure à la deuxième moitié du deuxième siècle. L'autre présentation est conservée sur la lamelle de l'étui qu'on appelle «scrinium» de Pécs. Le champ inférieur est décoré de cinq «Tyché», insérés dans des cadres quadratiques. Au milieu, assise sur le trône, la déesse Rome, tenant une lance, vêtue d'un long «chiton» qui laisse son sein droit découvert; porte un pallium; auprès d'elle, à gauche et à droite, il y a des figures qui représentent les métropoles de l'empire qui lui offrent les signes de leur hommage. Cet objet fut fait vers le milieu du quatrième siècle. Du point de vue iconographique, la statue de la déesse Roma, qu'on a retrouvée à Aquincum, se place entre les deux représentations mentionnées ci-dessus. D'autre part, du point de vue artistique, la statue est apparentée à la statue de Juno d'Intercisa, et encore plus à la Minerve assise de Brigetio. Le style de la statue d'Aquincum est caractérisé par la fine solution artistique du pallium qui moule le corps, de même par la taille longue, élancée, détails qui diffèrent de la conception artistique de la première période de l'empire. Selon toute probabilité, la statue dont nous parlons fut sculptée après la consécration du temple de Roma et de Venus [c'est-à-dire après 137] et, si l'on juge après le style, dans le deuxième tiers du deuxième siècle. Du point de vue de l'histoire des religions et de la politique, la statue s'assortit très bien avec les autres documents du culte de la déesse Roma retrouvés à Aquincum. Ces documents sont les suivants: le monument d'un «sacerdos Urbis Romae» (CIL III. 3368), provenant de la partie civile de la ville; puis, de la partie militaire de celle-ci, l'autel consacré «Urbi Romae» (CIL LLI. 10470) par le gouverneur romain L. Cassius Marcellinus, tous les deux appar82