Mitteilungen des Österreichischen Staatsarchivs 38. (1985)

KARRO, Françoise: De la Querelle des Bouffons a la réforme de Gluck. Les lettres du comte Giacomo Durazzo a Charles-Simon Favart conservées a la Bibliotheeque de l'Opéra

176 Franchise Kairo II semble bien que cette circonstance entraine, ä moins qu’elle ne la révéle, une sérieuse réserve a l’égard du diplomate génois, commune ä Marie-Thérése et au milieu diplomatique frangais, qui a peut-étre son ultime conséquence dans la disgräce de 1764, dönt le scandale de la liaison de Durazzo avec une danseuse, s’ajoutant aux difficultés financiéres de l’entreprise théátrale, semble plus un prétexte qu’un motif determinant48 49). En tout cas, c’est ä Kaunitz que Durazzo dóit la carriére qu’il va faire au service de la Cour de Vienne, dés son retour dans la capitale impériale, comme le souligne le marquis d’Aubeterre, nouvel ambassadeur frangais: «Je dois aussi vous observer que M. Durazzo est extrémement lié avec M. le Comte de Kaunitz. II lui doit toutes les gräces qu’il a obtenues de l’Impératrice, qui consistent en quatre mille livres de pension, un logement de cour, et une place de conseiller d’Etat. En un mot c’est M. le Comte de Kaunitz qui l’a marié et qui l’a fixé dans ce pays-ci. Iis passent leur vie ensemble et ne se quittent presque jamais»50). Désormais, le service de Vienne et le souci des affaires génoises se partagent l’activité de Durazzo dans un rapport qu’il serait utile d’éclaircir. Nous en avons un páriáit exemple dans les tractations avec Favart, au moment oü s’établit la Correspondance, quand le comte recourt á Augustin Sorba, ministre plénipotentiaire de Génes en France de 1749 ä 1771, aprés y avoir été secrétaire de légation51). tants, parce qu’ils ne comportaient pás une rétribution décente dans certaines fonctions»: Génes et la France 111. Faut-il voir dans ce phénoméne économique une des motivations du choix de sa carriére autrichienne par Durazzo? On ne saurait trop souligner le poids des frais considérables entraínés par les fonctions d’ambassadeur, ni en négliger l’impact dans les relations de pays á pays. 48) AMAE Autriche Supplément 20, föl. 116v: le Comte du Chätelet-Lomond ä Con­rad-Alexandre Gérard, Paris, 18 mai 1764: «Votre dépéche no. 16 ne roule que sur les tracasseries qui ont produit l’envoi de Mr. Durazzo á Venise. Si cela nous prive par la suite, comme j’en ai peur, d’un spectacle frangais, j’en serai fáché, mais je sens cependant que je supporterai des privations de ce genre. Je crois la belle Durazzo bien affligée d’aller enterrer ses charmes dans un pays oú eile trouvera peu de ressources pour les faire valoir; c’est eile qu’on a punie en ötant ä Durazzo sa place, et c’est eile qui le mérite le moins. Je la plains done de tout mon coeur, mais je supporterai encore facilement la privation de ne plus la retrouver ä Vienne.» 50) AMAE Autriche 253, föl. 364r: Aubeterre á Rouillé, Vienne, 4 septembre 1754. Aubeterre mentionne l’arrivée ä Vienne d’un jésuite génois, írére de Durazzo, dönt il cherche ä pénétrer le róle éventuel dans les affaires de Campo Freddo et de San Remo. La lettre porté sur les liens étroits entre les Durazzo et Kaunitz. 51) Le röle d’Augustin Sorba dans l’engagement de la correspondance de Favart passe totalement inapergu dans l’édition de 1808, pour la simple raison ques les éditeurs n’ont pas tenu compte d’un dossier de lettres concernant les rapports de Favart avec l’ambas- sade autrichienne (BO FF 1 A 3). En outre, quand son nom apparait dans les Mémoires, il est déformé (il n’est pás le seul) et dépourvu de références. MC 1 48: Favart ä Durazzo, 24 juin 1760: «Je ne pense pas qu’elle [Mademoiselle Rosalie] sóit en état de remplir les vues de Votre Excellence. M. l’ambassadeur et M. Desorbes sont du mérne sentiment»; MC 1 268: Favart á Durazzo, 7 mai 1762: «Les Comédiens Italiens répétent la Plaideuse ou le Procés . . . J’en ai fait la lecture chez Madame la duchesse de Mazarin en présence de M. de Sorbes». Sur ce diplomate génois, voir Boudard Génes et la France 111 et suiv.:

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