Mitteilungen des Österreichischen Staatsarchivs 25. (1972) - Festschrift für Hanns Leo Mikoletzky
TAPIÉ, Victor-L.: Le Ciel accaparé. Note sur la dévotion mariale dans les perspectives politiques du XVIIe siecle
Le Ciel accaparé 583 placer une „image de la Vierge qui tiendra entre ses bras celle de son précieux fils descendu de la Croix“. Le roi invite l’archevéque de Paris et les évéques de France á ordonner une procession solenneile le soir du 15 aoűt dans toutes les églises de leur diocése. On peut rappeier ici que le voeu fut exécuté seulement par Louis XIV: c’est la Pietá de Coustou qui orne le grand autel du choeur de Notre- Dame et qu’interrompue pendant la révolution la procession dite impro- prement la procession du Voeu de Louis XIII fut reprise et maintenue jusqu’á ces derniéres années3). En mai 1647, l’Empereur Ferdinand III accomplit un acte officiel de mérne caractére, il place „das gantze Land under den Schutz, Schirm undt patrocinium glorwürdigsten Mutter Gottes“ qui devint „Herrin und Patronin Österreichs“ 4). Si ces deux actes portent la marque particuliére de leur temps et d’une conception particuliére de la politique, ils se rattachent aussi á une longue tradition du passé médiéval. Le souci de procession affirmé par Louis XIII, rejoint l’habitude des pélerinages spécialement de ceux qui se déroulaient á des sanctuaires de la Vierge, dans tous les pays catholiques. En Espagne célúi de Montferrat jouissait d’une grande renommée, mais en vérité il y en avait partout. Or, les souverains de la Contre-Réforme — Louis XIII, Ferdinand II — étaient volontiers des pélerins. C’est á Lorette que Ferdinand de Styrie avait décidé de con sacrer son régne á l’extirpation de l’hérésie et au rétablissement du catholicisme dans ses royaumes et aprés la victoire de la Montagne-Blanche il avait renouvelé cette promesse á Mariazell. Non seulement la Vierge était adoptée pour patronne d’un royaume, mais étant invoquée á la veille d’une bataille, on reportait sur eile le mérite du succés. Ainsi se repandit le culte d’une Vierge des Victoires étroitement interessée aux vicissitudes d’un combat. La victoire de Lépante, triomphe de la chrétienté latiné sur le Tűre, avait pris le caractére d’une victoire mariale. Mais de l’Infidéle, on était passé á l’héréti- que. Les victoires sur les protestants, dans les années 20 du XVIP siécle, sont célébrées par des actions de graces en l’honneur de la Vierge. Aprés le succés á la Montagne-Blanche sur les rebelles de Bohémé, qui paraissent essentiellement des protestants, des églises de Carmes sont dédiées á la Vierge des Victoires, l’une á Rome, dönt Soria achéve la facade en 1626, l’autre á Prague, un ancien temple luthérien désormais confié aux religieux Carmes 5). Louis XIII aprés avoir remporté sur les 3) Dans beaucoup de cas, ce sont des conditions sociologiques (et non pas des considérations religieuses) qui en rendent l’abandon presque inévitable. 4) Anna C o r e t h Pietas Austriaca. Ursprung und Entwicklung barocker Frömmigkeit in Österreich (Österreich Archiv, Wien 1959) 52. 5) C’était un Carme, le Pere Dominique de Jésus Maria qui avant la bataille avait préché le sermon aux chefs de l’armée catholique.