Mitteilungen des Österreichischen Staatsarchivs 12. (1959)

HRAZKY, Josef: Die Persönlichkeit der Infantin Isabella von Parma

Die Persönlichkeit der Infantin Isabella von Parma 203 II. 8. A peine pouvois-je articuler, que je me melois dans toutes les compagnies, on me reçut avec bonté, mon enjouement plaisoit à la plupart du monde, je me crus déjà au dessus de tous, je disputois à mon père et n’ecoutois plus qu’à regret ce qu’il disoit pour mon avantage, je sentois malgré cela, qu’il me faisoit briller, on admiroit mes idées et la plus part venoint de lui. l’esclavage n’etoit pourtant pas mon fait, je fis tous mes efforts pour m’en tirer. Occupé de ce soin autant que mon age et mon humeur pouvoint me le permettre, je faisois sans cesse ce qui me venoit en tete, je fis par là mon malheur: la prudence, qu’on m’avoit donnée pour gouvernante, m’a(b)bandonna, voyant bien, qu’elle n’avoit plus rien à attendre et que tous ses soins seroint en vain employés pour me rendre rai­sonnable. elle se trompoit pourtant et la suite de mon récit fera voir, que la raison et la prudence elle-meme ont souvent besoin de moi. Tant en est, qu’un jour étant ches des gens respectables tant par leur II. 9. mérité que par leur nom je me précipitai de sorte pour entrer, qu’au lieu d’avancer, je me trouvai etendu tout de mon long à terre, l’effroy fut grand, mais moi, qui m’etois à peine aperçue d’etre a[l]locutée, bien loin de m’effrayer, je me mis à leur chanter une chanson, qui venoit très à propos, mais qui cepen­dant ne se trouva pas de leur gout, tant ils etoint peu capables de jugement d’enjouement et connoitre le prix des choses, voici la chanson en question: Aimable Permette, Tu viens à mon secours; Sans doute qu’à ton tour Tu crains une pirouette. Console toi : tes fesses méritent encore mieux, que tu fasse à nos yieux Un pareil tour d’adresse. Voila quel fut tout mon crime! peut-on regarder comme tel une presence d’esprit, si rare à cet age et qui devroit mériter des recompenses? où trouve-t-on hors de moi de pareilles saillies? on se croiroit heureux, apres un pareil malheur, II. 10. de rassurer les gens par une contenance ferme, de ne pas achever de les effrayer par des cris, des lamentations .........quelle fermeté, quelle vertu, quel talent d e faire de sa honte meme un sujet de joie et de plaisir, de sçavoir faire tomber les vues de spectateurs indiscrets sur d’autres, il est vrai, que la charité n’est pas grande, puisque c’est à son bienfaiteur, mais enfin, vaille que vaille, charité bien ordonnée commence par soi-meme. Ce n’est pas la seule fois, que j’ai éprouvé un sort pareil, à peu près dans le même tems, assistant un jour à une toilette, où sans doute j’aurois du etre avec tout le respect, je ne pus m’empecher de sauter sans cesse sur une chaise, je faisois tous les tems du manege et rangeai le ruban(t) de mon collier en forme d’une queue de cheval, pour comble de malheur, quelqu’un m’ayant demandé ce que je faisois, je répondis, II. 11. que je m’etonnois, qu’on me fit une telle question, puisqu’il etoit impossible de ne pas vouloir galopper, quand on avoit devant les yeux le plus beau derrière de cheval couleur Isabelle, celle qui etoit dans ce moment occupée à ranger des cheveux tant blonds que roux, qui pendoint encore nonchalemment sur ses

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