Nyulásziné Straub Éva: A Kossuth-emigráció olaszországi kapcsolatai 1849–1866 (Magyar Országos Levéltár kiadványai, II. Forráskiadványok 34. Budapest, 1999)

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trompéte de Josué contre Jérico, que c'est mon bras seul qui peut fairé flotter l'étendard de la liberté assez haut pour que la nation entiére le regarde et le suit. J'accepte donc votre croyance. Je la partage. J'avoue que je crois avoir encore non un rőle á jouer mais une táche á remplir pour le salut de ma patrie. - C'est pour cela que je me prépare avec une assiduité laborieuse. Au passé, l'art militaire me manqua, je ne pouvais prendre sur ma conscience la respon­sabilité du commandement des armées, et la nation fut trahie. A présent je me suis fait sóidat; et j'en suis sűr si la pique du sóidat et le baton du général en chef á la main, j'irai demander raison aux tyrans de ma nation - ce combat sera décisif non pour ma patrie seulement, mais pour bien des autres encore. Je ne dis pas cela par un enthousiasme théorique pour ce qu'on appelle Solidarité Fraternelle des Peuples. C'est une idée bien belle - je l'adore; mais c'est une idée trop générale, une étoile brillant mais trop lointain, une idée dont l'accomplissement sera plutőt le résultat de la liberté conquise que le moyen de la conquérir. - Le coeur humain des peuples est trop étroit pour se laisser entrainer jusqu'au martyre pour l'humanité, par l'amour de l'humani­té. L'exemple de Jésus-Christ est un fait bien grand, bien glorieux. Mais il était 6 Dieu. Les peuples ne sont que des hommes á qui le mot „Patrie" avec tous ses intéréts, tous ses sentiments qui s'y rattachent, vaut „en fait d'action" iníinement [sic] plus que tous les déclamations des idées générales humanitai­res. - Le temps des idées est passé. Les peuples sont műrs. II leur faut de l'action. - Croyez-moi, Votre emprunt des 10 millions, et la révélation factice de Votre influence sur votre patrie par la réussite de cet emprunt vaut infinement mieux que tous ces déclamations issues du Comité central de Londres, - que me font forcément l'impression de l'homme qui voudrait prendre des oiseaux tambour battant. Est-ce que vous vous enthousiasmerez jusqu'au sacrifice du martyre pour les Iroquois? Moi non; je le confesse; - est-ce qu'une révolution d'Irlande vous aidera-t-elle dans l'afrranchissement de votre belle patrie? je ne crois pas. - Au contraire, il se peut bien que vous auriez quelques bataillons des Irlandais partisans du Pape á combattre á Romé, comme vous avez déjá eu á combattre des Francais Républicains. Moi j'ai vécu 48 ans - une vie orageuse, pleine des dangers, des souffrances et d'activité, je prends des choses du cőté pratique, comme vous aussi. J'avoue donc, qu'en homme pratique j'ai l'idée que chaque nation aspirant á la liberté dóit confier l'organisation et la direction de son insurrection prochaine á des chefs á elle et ces chefs, c'est-á-dire les chefs de télies nations (mais de télies seulement) qui ont ou un ennemi commun, ou un intérét commun, ou qui, par le fait méme de leur insurrection donnent au moins un aide négatif aux autres; - je dis donc que les chefs révolutionnaires de télies nations doivent se liguer, doivent concerter la simultanéité de leur action, doivent pour ainsi dire dresser le plan de la campagne, mais tout ca se dóit fairé secrétement, confidentielle­ment - et non en faisant du bruit, non en mettant sur le qui vive non seulement nos ennemis, mais encore á reveillant des appréhensions méme chez ceux á qui nous n'avons rien á fairé.

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