Scientia et virtus. Un commentaire anonyme de la Consolation de Boece. Introduit et publié par Sándor Durzsa (A MTAK közleményei 5. Budapest, 1978)

12 propos, nous désirons faire deux remarques. Premièrement: un des grands thèmes dominants du Xn siècle, qui préoccupait avant toute chose les penseurs, était la doctrine de la Trinité et le dogme christologique qui est en liaison avec elle. Ce fut Anselme deCantorbéry qui mit ce problème au premier plan des spéculations théologiques dans son ouvrage intitulé Monologium et dans son écrit polémique publié contre Roscelin. Les Sententiae et les Sommes théologiques du XII siècle et du début du Xin siècle consacrent une attention particulière au dogme de la Trinité. Et le fait que la doctrine de la Trinité a occupé une place très importante dans la vie spirituelle du XII siècle, est attesté le mieux par la circonstance que même 1' Eglise a pris position contre les thèses erronées ou mal éclaircies sur ce problème de savants éminents. (23) Notre deuxième remarque se rapporte à l'interprétation du mot ou de la désignation d'"arien". Les recherches modernes sur l'histoire des hérésies ont notamment établi qu'aux XI et XII siècles, la dénomination d'"arien" a été employée pour désigner l'hérésie catharef24) Les traces de cette expression sont encore rares au XI siècle, mais de plus en plus nombreuses à partir du milieu du XII -, et dans la deuxième moitié du XII -, on la trouve même dans des documents qui étaient destinés à une large diffusion, comme par exemple dans les lettres de Henry, abbé de Clairvaux. La dénomination d'"arien" se rencontre aussi dans une variante d'un ars dictandi qui remonte au milieu du XII siècle. (25) Ce que nous venons d'exposer, montre la raison, tant pour le fond que pour la forme, pour laquelle notre auteur inconnu a attribué visiblement une gran­de importance au thème de l'arianisme dans son commentaire. La partie biographique du commentaire, tout comme les autres 'vitae,' consacre une grande attention à l'explication du nom, — ou plus exactement: des noms — de Boèce. Il est singulier qu'il ne donne pas l'interprétation d'origine grecque des noms, ce que d'autres biographies ne manquent pas de faire. Notre auteur et les copistes de plus tard ne connaissaient pas la langue grecque, ils ont transcrit fautivement les citations grecques de la Consolation et les interpré­tations aussi qu'ils en donnent, proviennent manifestement d'une source secondaire. Le prologue qui se rattache immédiatement à la biographie, est également fort instructif. Il énumère, après le titre exact de l'oeuvre à commenter, les points de vue fondamentaux que 1' auteur désire adopter dans son analyse. Ce sont les suivants: materia, intentio, finis, tractandi modus. Aujourd'hui, nous connaissons déjà bien la formation des catégories de théorie littéraire qui furent appliquées au moyen âge dans les ' accessus' rédigés pour accompagner le commentaire de divers auteurs. Dans le Dialogus de Conrad Hirschau par exemple, le traitement des divers auteurs se base sur les circumstantie suivants: operis materia, scribentis intentio, finalis causa, cui parti philosophie [opus] subponatur. Dans le commentaire anonyme du XII siècle sur la Consolation présenté par Wilmart, ces points de vue concordent parfaitement avec les catégories de notre commentaire, tout au plus leur ordre est-il interchangé: materia, modus, intentio finis. Mais nous les retrouvons aussi dans le prologue du commentaire de Guillaume de Conches. Les recherches de Hunt et de Glauche ont attesté que

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