Scientia et virtus. Un commentaire anonyme de la Consolation de Boece. Introduit et publié par Sándor Durzsa (A MTAK közleményei 5. Budapest, 1978)

10 Guillaume de Conches, auteur d'une grande culture philosophique et scientifique, qui a traité à fond de nombreux problèmes dans des chapitres à part de son commentaire sur la Consolation. Une caractéristique de la méthode de notre commentaire est que l'auteur interprête la Consolation assez librement, mais de façon conséquente et toujours conscient de son propre objectif. La Consolation,grand dialogue de Boèce et de Philosophie est un bon prétexte et un excellent recueil d'exemples pour notre auteur anonyme pour développer dans le détail les enseignements de l'éthique chrétienne. En faisant cette constatation, nous avons indiqué en même temps son trait caractéristique le plus important: la tendance à moraliser, un caractère éthique qui se présentent plus nettement chez lui que dans n' importe quelle autre oeuvre analogue connue jusqu'à ce jour. Dans le dialogue de Boèce et de Philosophie, notre commentateur voit le dialogue de l'homme moralement parfait et de l'homme imparfait, de l'homme fort et de l'homme faible, et son but est d'apprendre au lecteur à reconnaître avec certitude les traits de la perfec­tion spirituelle au sens chrétien. Dans ce sens, le fait de la mort elle-même n'obscurcit pas la signification de ce dialogue, au contraire, elle donne une occasion à placer au-dessus de tout la force de la perfection chrétienne. 2. Examinons maintenant la biographie de Boèce et le prologue qui introduisent notre commentaire. D'une façon générale, nous pouvons constater que la "vita" de notre texte n'est pas identique aux biographies connues jusqu'ici. Dans son édition de Boèce, Peiper a publié le texte de six biographies connues par lui.(17) Le commentaire du Pseudo-Jean de Silk commence également par une "vita" et un prologue, tout comme celui de Guillaume de Conches et un autre commentaire du XII siècle qui fut étudié par Wilmart.(18) En outre, on peut lire des vies de Boèce dans le Dialogus super auctores de Conrad de Hirschau et dans le chapitre consacré à Boèce du recueil de 'accessus' qui fut publié récemment par Huygens.(19) Ce qui nous frappe dans cette partie de notre commentaire, c'est que près de la moitié de la biographie est occupée par l'histoire de Théodoric et des Goths. Notre auteur ne s'est pas contenté de ce que les biographies antérieures savaient sur Théodoric et sur Boèce, mais il l'a complété de nouvelles données, — prises sans doute a ses lectures, — sur la vie, l'origine et l'activité en Italie de Théodoric. Il donne une explication du nom du peuple goth que nous ne connaissons pas d'autres sources. Il ne manque pas de souligner le fait non plus, — mis en relief aussi par les chroniques — que Théodoric a beaucoup construit en Italie. Son information selon laquelle Théodoric aurait fait élever un palais A Rome, devant la Porta Appia et sur la rive du Tibre, n'est attestée jusqu'ici par aucune donnée de la littérature. Il semble disculper Théodoric en affirmant que ce furent les descendants ariens de Constantin le Grand qui le persuadèrent de persécuter les catholiques. Ceci nous conduit à un élément très important de la biographie, au problème notamment de savoir pourquoi Théodoric a fait incarcérer Boèce selon notre auteur. Aucune vita et aucun prologue ne dit rien de ce que Boèce eut été un martyr de la lutte contre les ariens. Toutes ces sources indiquent, comme raison de sa chute, son attitude contre la tyrannie, donc des motifs politiques concrets.

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