A Veszprém Megyei Múzeumok Közleményei 10. (Veszprém, 1971)
Bartócz József: A veszprémi csutorások
la corporation des gourdiers de Veszprém seule qui s'occupait industriellement de sa production. Les tourneurs de Miskolc et de Nagykanizsa fabriquaient aussi des gourdes de temps en temps. Il est même probable qu'à Nagykanizsa fonctionnait une corporation de gourdiers au commencement du XVIIIe siècle, mais ses documents écrits sont introuvables, ainsi nous ne connaissons pas l'activité de ces maîtres. Le métier s'est formé au XVIIe siècle sur la péninsule Balkanique (en Bulgarie) d'où il arrive — en passant par la Croitie — en Hongrie, plus exactement en Transdanubie. Malgré que le récipient caractéristique du peuple vinicole des Hongrois soit la gourde — considérée souvent comme le symbole de la gaîté — on ne peut affirmer que le métier de gourdier soit d'origine hongroise. Dans la plupart des corporations hongroises, la grande majorité des maîtres étaient membres des nationalités immigrées, avant tout Allemands. Cependant, près de 90 % des gourdiers de Veszprém étaient de nationalité hongroise. La proximité de la région vinicole du Balaton, la forêt de Bakony abondant en bois propre à en fabriquer des gourdes créaient des conditions favorables pour la formation et l'activité de la corporation des gourdiers de Veszprém. Le débouché pour les produits aussi bien que la matière brute nécessaire à la fabrication y étaient donnés. L'étude s'occupe de la description du métier, de l'histoire de la corporation des gourdiers de Veszprém, des conditions de vie de ses employés (compagnons, apprentis), et des monopoles du corps. Pour préparer des gourdes, on utilisait de préférence le bois de l'érable (Acer). Au commencement le maître l'avait gratuitement, plus tard il achetait le bois en étant et l'abattait lui-même. Puis, dans l'atelier, on découpait dans la grume des pièces de grandeurs convenables en les équarissant à la hachette, et après ces pièces se façonnaient sur le tour spécial pour gourdes. Le tour pour gourdes est spécial parce qu'il ne tourne pas dans un sens, mais après avoir décrit un cercle, il fait autant en sens inverse. Pendant le tournage on creusait l'intérieur du récipient avec un outil spécial, puis on fermait l'ouverture latérale avec une planchette ronde — dite «fond» — ajustée avec grande précision. Après on coulait de la résine fondue dans la gourde pour que la liqueur ne s'imbibe pas dans le bois de la gourde. La charte des libertés de la corporation des gourdies de Veszprém fut approuvée en 1734 par Ádám Acsády, évêque de Veszprém, à la résidence intérimaire de l'évêché, à Sümeg. Bien que la bibliographie hongroise nomme parmi les métiers jurés celui des gourdiers (ligno lagenarius) il n'y a aucune trace de ce qu'une corporation autonome de gourdiers ait existé en Hongrie hors Veszprém. Il est certain que cette industrie était déjà importante avant la date de la charte des libertés, puisqu'il nous est parvenu un contrat d'apprentissage, daté de 1722. Malgré les dispositions ordonnant l'abolition des corporations, celle des gourdiers de Veszprém ne devient association d'industriels qu'en 1879. Ce qui caractérise bien la résistance des maîtres, c'est qu'ils ont déclaré en 1860 à leur réunion corporative de Noël qu'ils voulaient arranger leurs affaires corporatives (et non «d'association») selon les us et coutumes de la guerre pour l'indépendance de 1848. Naturellement, tout cela n'a pas empêché l'abolition de la corporation d'abord, et la disparition du métier plus tard. Les gourdiers de Veszprém travaillaient conformément au régime généralement connu des corporations hongroises. Ce qui était tout à fait spécial, c'était le tour des compagnons ambulants. Bien que la lettre privilège prescrive un tour de trois ans pour les compagnons, la corporation a décidé déjà au début du XIXe siècle que les compagnons, au lieu de faire le tour, devaient «passer chez les maîtres». Le compagnon a commencé le tour chez le chef de la corporation, pour passer chez le maître le plus vieux, et ainsi de suite, jusqu'au plus jeune maître. Le compagnon a travaillé chez chaque maître 3 (plus tard 2) mois. Dès l'époque des fournitures de guerre, on a modifié ce système de telle sorte que le compagnon restait chez chaque maître jusqu'à ce qu'il ait exécuté le nombre prescrit (200, puis 100 pièces) de gourdes. Chaque maître était autorisé de vendre ses gourdes aux foires générales et aux marchés hebdomadaires, mais la corporation prescrivait que chaque maître ne pouvait étaler ses marchandises que sur une «table». Il était en outre interdit de Vendre aux marchés des gourdes «parées», «carrelées», sculptées. Outre les gourdes vendues aux foires et marchés, la corporation a livré au cours des années 1798-1867 plus de 400 000 gourdes militaires pour l'armée. Le preneur le plus important était le Comité de Guerre de Óbuda, mais ils ont livré des gourdes militaires aussi à Marburg et — à l'époque des campagnes napoléoniennes — aux nobles hongrois insurgés. C'est la corporation qui exécutait les fournitures de guerre; c'est elle qui concluait des contrats, et se chageait de la livraison et de la gestion financière. L'expédition mensuelle se faisait en chariots, un maître désigné accompagnant la fourniture. C'est la corporation qui fixait le nombre des gourdes que chaque maître — ou veuve — devaient produire. C'est également la corporation qui achetait et distribuait aux maîtres la résine nécessaire à la fabrication des gourdes militaires. C'est seulement après la mise en application du code de commerce (1875) que des commerçants — et plus tard des «fournisseurs brevetés de la cour» — s'inséraient dans la réalisation des produits manufacturés. Les apprentis étaient embauchés pour 3-4 ans. Depuis 1837 la corporation limitait l'embauchage des apprentis aussi. Tout comme «le tour des compagnons», l'engagement des apprentis suivait «son tour»: c'est le chef de la corporation qui décidait chez quel maître (dont le tour venait) le nouvel apprenti pouvait apprendre le métier. Les compagnons étaient logés et nourris chez leur maître, et il touchaient un salaire aux pièces. Il ne nous est pas parvenu des documents où les compagnons se plaignent de leur nourriture ou de leur logement, mais les pièces sont bien nombreuses qui montrent les différends que provoquait ce régime de salaires. A l'époque des moissons et des vendanges, la corporation des gourdiers de Veszprém payait salaire double puisqu'autrement les compagnons seraient allés moissonner ou vendanger pour gagner davantage. Et pourtant, si le compagnon quittait sans autorisation son travail, il devait payer de nouveau les droits d'engagement et de franchise s'il voulait reprendre du travail dans le métier. Les documents du compagnonnage ne nous sont pas parvenus. Malgré cela, des monuments historiques et les documents de la corporation rendent incontestable l'existence du compagnonnage. La corporation, comme collectivité, empruntait souvent aux particuliers des sommes à intérêt, et le remboursement n'allait pas tourjours sans accrocs. Les ouvriers agraires, les paysans des villages abrités dans la forêt de Bakony fabriquaient eux aussi — surtout aux mois d'automne et d'hiver de différents objets usuels en bois (assiettes, mortiers, fourches, râteaux, etc.). La corporation était en luttes continuelles avec ces «fabricants d'assiettes», non pas tant pour la concurrence commerciale qu'à cause des arbres, matières brutes des gourdes. La corporation considérait ces artisans à domicile comme marrons, mais malgré que le sous-préfet aidât les gourdiers, ceux-ci ne réussissaient point de faire adhérer les villageois à leur corporation. La corporation des gourdiers de Veszprém — tout comme les autres corporations — consacrait une attention permanente aux moeurs de ses membres. «Les honorables maîtres» étaient, eux aussi, hommes faillibles. Ainsi le chef de corporation ne comptait-il pas les peccadilles des maîtres une par une, mais infligeait une amande globale pour les «péchés et torts commis au cours de l'an». En général, en punition de ses fautes, le maître devait apporter du manger (lardons frits, fromage) et du vin que la corporation consommait en commun. Au sein de la corporation se formaient de véritables majorats. On peut observer la succession de cinq ou six générations des mêmes familles dans les documents. Les fils continuent 265