Istvánovits Eszter: International Connections... (Jósa András Múzeum Kiadványai 47. Aszód-Nyíregyháza, 2001)

Michel Kazanski: Les épées "orientales" a garde cloisonnée du VC-VP siecle

Le décor quadrilobe, avec un carré au centre, attesté sur l'épée de "Taman" (fig. 1: 5) (type 2) est également, à notre avis, méditerranéen. Dans l'orfèvrerie, nous ne le connaissons qu'à partir de la deuxième moitié-fin du V e siècle et jusqu'à la deuxième moitié du VI e siècle. Ces décors sont connus sur les grandes plaques-boucles wisigothi­ques à plaque cloisonnée, par ex. à Duraton, tombes 209, 417, 462, 463, 514, 540 (MOLINERO PEREZ 1948; MOLINERO PEREZ 1971), à Azuqueca, tombe 58 (RIPOLL LOPEZ 1987, fig. 7), à Castiltierra (HISTÓRIA 1940, fig. 431), à Madrona (MOLINERO PEREZ 1971, pl. 71: 1, 134: 1), à Marseillan (ROUQUETTE 1969, fig. 2), à Tressan (CAILLET 1985, n° 120), à Gondorf I (SCHULZE-DÖRLAMM 1990, Taf. 47: 20), à Rouen (en dernier lieu HAITH 1982, 36). Le décor quadrilobe apparait dans le mobilier mérovingien, parfois sur des plaques-boucles réniformes, par exemple à Arcy-Sainte-Restitue, tombe 1687 (WERNER 1966, fig. 3: 6) mais surtout sur les fibules-broches remontant, en Gaule du Nord, à la fin du V e - première moitié-deuxième tiers du VI e siècle (périodes ABD/ BCD-DE-DEF de la chronologie de P. Périn et R. Legoux - PERIN 1980, fig. 48: 15-16, 227, fîg. 87, 107, 309-312). Ainsi, le décor quadrilobe se diffuse essentiellement dans les zones mérovingienne et wisigothique. Les contacts directs entre le monde mérovingien et la région pontique ne sont pas attestés par aucune source. En revanche les auteurs anciens témoignent de la présence dans le Bosphore cimmérien en 528 ap. J.C. de troupes "hispaniques" au service de Rome, sous le commandement du tribun Dalmatios (KULAKOVSKIJ 1891, 26-27). Ajoutons que certains autres éléments du décor cloisonné présents sur nos épées, ont également des parallèles méditerranéens occidentaux. Par exemple la partie centrale du décor de la garde de l'épée de Gagra (fig. 1: 2) (type 1) est comparable à celui de quelques fibules espagnoles (Duraton, tombe 463, Esprido, tombe 44). De même la composition du décor de la spatha de Lermontovskaja Skala (fig. 1: 3) (type 1) est similaire à certains bijoux de Duraton (découvertes de 1942, hors du contexte funéraire) (MOLINERO PEREZ 1948, pl. 28). De plus, le décor en feuilles sur la garde de cette épée est, selon Bierbrauer, caractéristique d'objets méditerranéens, aussi bien byzantins que gothiques (BIERBRAUER 1974,196, Abb. 1). Cependant, il faut rappeler que l'orfèvrerie de l'Occident méditerranéen est mieux étudiée, grâce à la présence de nombreux objets dans les tombes ostrogothiques et wisigothiques, tandis que nos connaissances sur la Méditerranée orientale sont beaucoup plus limitées, ce qui explique peut-être la prédominance des parallèles occidentaux pour le décor des épées à garde cloisonnée. Il convient de mentionner la présence sur les épées de Dmitrievka et de Lermontovskaja Skala de grenats portant en décor en relief (fig. 1: 3, 6), comparables à ceux de la plaque-boucle de la deuxième moitié du V e siècle provenant de Tressan en Languedoc. Cette dernière serait sorti, selon B. Arrhenius, d'un atelier constantino­politain (ARRHENIUS 1985, 52, fig. 40). Le même décor est attesté notamment sur l'épée de Pouan, et sur certains objets d'Apahida (ARRHENIUS 1985, 111, fig. 125, 128, 145). D'autres éléments du décor ont des parallèles plus larges. Le décor arqué, connu sur les gardes des épées de Dmitrievka et de Djurso, tombe 479 (fig. 1: 6-7) (type 3) est aussi présent sur des objets d'origine wisigothique, telle la fibule en forme d'aigle à Cutry (France) (LEGOUX-LIEGER 1989, 120, n° 859: 1), que sur des objets danubiens (Apahida II) (HOREDT-PROTASE 1972, Abb. 48: 6-9).

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